President du Conseil du Sénégal de 1958 à 1962, Mamadou Dia fait parti des rares politiciens sénégalais qui s'érigent en référence. Aujourd'hui nous revenons sur sa rencontre avec Cheikh Ahmadou Bamba. Le texte suivant est issu de l'autobiographie de Mamadou Dia.
《 Parmi les souvenirs de Diourbel, je garde précieusement le jour de ma rencontre avec le saint homme de Touba. Je n'ai pas connu El hadji Malick Sy, mort alors que j'étais encore très jeune. Par contre, j'ai fait la connaissance physique de Cheikh Ahmadou Bamba pendant mon séjour à l'école regionale de Diourbel. Le Jeudi et le Dimanche nous nous rendions, par curiosité, à Kërgu mag ( quartier mouride de la ville ) . Par divertissement, plus que par dévotion, nous participions aux travaux de construction de la mosquée. C'était, surtout, pour nous, l'occasion de saisir une chance de rencontrer le prestigieux Cheikh. Cette chance, je l'ai eue, une fois. Le Cheikh el Kabir apparut, ce jour inoubliable, par une fenêtre basse, accroupi, le visage voilé, en boubou blanc enveloppant un corps frêle d'ascète. La foule des talibés se prosternait tandis que certains se roulaient par terre, secoués par des convulsions hystériques. Ce fut une brève apparition au cours de laquelle le Cheikh fut peu loquace : 《 Voici quelques pains de sucre pour faire du thé》, laissa t-il échapper à travers son litham. Il ajouta : 《Tendez vos mains pour recevoir mes prières》. Très entreprenant je me faufilai entre les fidèles en transe et m'approchai pour recueillir ma part de bénédiction. Cette audace me valut quelques raclées de la part des adultes qui ne purent dissimuler leur jalousie à mon égard. Quand, le soir, je racontai la scène à mon beau-frère Serigne Lèye, il me dit, avec une profonde conviction : 《 un grand destin t'est promis》.
Quoi qu'il en soit, cette rencontre physique avec Ahmadou Bamba Mbacké m'a fortement impressionné : c'est de ce jour que date ma fervente admiration pour lui. 》
Mamadou Dia, Mémoires d'un militant du tiers-monde, Paris, Publisud, 1985, p. 14
《 Parmi les souvenirs de Diourbel, je garde précieusement le jour de ma rencontre avec le saint homme de Touba. Je n'ai pas connu El hadji Malick Sy, mort alors que j'étais encore très jeune. Par contre, j'ai fait la connaissance physique de Cheikh Ahmadou Bamba pendant mon séjour à l'école regionale de Diourbel. Le Jeudi et le Dimanche nous nous rendions, par curiosité, à Kërgu mag ( quartier mouride de la ville ) . Par divertissement, plus que par dévotion, nous participions aux travaux de construction de la mosquée. C'était, surtout, pour nous, l'occasion de saisir une chance de rencontrer le prestigieux Cheikh. Cette chance, je l'ai eue, une fois. Le Cheikh el Kabir apparut, ce jour inoubliable, par une fenêtre basse, accroupi, le visage voilé, en boubou blanc enveloppant un corps frêle d'ascète. La foule des talibés se prosternait tandis que certains se roulaient par terre, secoués par des convulsions hystériques. Ce fut une brève apparition au cours de laquelle le Cheikh fut peu loquace : 《 Voici quelques pains de sucre pour faire du thé》, laissa t-il échapper à travers son litham. Il ajouta : 《Tendez vos mains pour recevoir mes prières》. Très entreprenant je me faufilai entre les fidèles en transe et m'approchai pour recueillir ma part de bénédiction. Cette audace me valut quelques raclées de la part des adultes qui ne purent dissimuler leur jalousie à mon égard. Quand, le soir, je racontai la scène à mon beau-frère Serigne Lèye, il me dit, avec une profonde conviction : 《 un grand destin t'est promis》.
Quoi qu'il en soit, cette rencontre physique avec Ahmadou Bamba Mbacké m'a fortement impressionné : c'est de ce jour que date ma fervente admiration pour lui. 》
Mamadou Dia, Mémoires d'un militant du tiers-monde, Paris, Publisud, 1985, p. 14
Commentaires
Enregistrer un commentaire