Sommaire
v Les débuts
1. Enfance et parcours scolaire
2. Ascension dans l’armée
v Histoire du Rwanda
1. Rwanda – Burundi, l’histoire d’une
fraternité singulière
2. Contexte de l’arrivée d’Habyarimana
au pouvoir
v Gouvernance Habyarimana
1. Politique
2. Economie
Le Front Patriotique Rwandais ( F.P.R.)
1. Origines
2.
La situation en Ouganda
v
Habyarimana face au FPR
1. Les accords d’Arusha
2. Les moteurs du génocide
v L’assassinat de Juvénal Habyarimana
1. Le film de l’assassinat
2.
Qui a tué Juvénal Habyarimana ?
v Le génocide rwandais
1. Déroulement
2. La communauté internationale
3. Le rôle de la France
Bibliographie
v Les débuts
1.
Enfance et parcours scolaire
Fils de Jean Baptiste Ntibazilikana
et Suzanne Nyirazuba, Juvénal Habyarimana naquit en fin de matinée le 8 mars
1937 à Gasiza au Bushiru dans le Nord-Ouest du Rwanda, en province actuelle de
Gisenyi. L’enfant qui venait de naître dans la ferveur chrétienne fut considéré
comme un don de Dieu, comme son nom l’indique « Seul Dieu donne la vie »,
abrégé d’un proverbe rwandais Habyara Imana, abantu bakarera « Dieu pourvoit à
l’essentiel, aux hommes revient l’accessoire ». De 1945 à 1951, le jeune
Juvénal fréquente l’école primaire à l’école paroissiale de Rambura, puis à la
mission catholique de Nyundo.
Dès qu’il ne se sentit plus la
vocation de devenir prêtre, il demanda de son propre gré au Père Supérieur de
pouvoir quitter le Séminaire. Ce dernier connaissait les Pères
Barnabites de Bukavu (Congo Léopoldville à l’époque), il donna à Habyarimana
une lettre de recommandation. C’est ainsi qu’il put intégrer sans difficulté
l’Ecole des Barnabites « Collège interracial de Bukavu ». Il y fit de nouvelles
rencontres parmi lesquelles, le statisticien Siméon Nteziryayo originaire de la
préfecture Cyangugu, qui sera plus tard son Ministre à partir de 1975. Diplômé
en sciences gréco-latines, il se fit inscrire à la faculté de médecine de
l’Université Lovanium à Kinshasa. Les évènements survenus au Congo[1]
obligent Juvénal Habyarimana à interrompre ses études. Il rentre au Rwanda et
s’inscrit à l’école naissante des officiers. Débutait alors sa carrière
militaire.
(Juvénal Habyarimana
©inconnu)
2.
Ascension dans l’armée
Le 10 novembre 1960, Habyarimana se
fit enrôler à l’Ecole naissante des officiers. Il va passer le brevet de
parachutiste et finira major de sa promotion avec le matricule 001. Habyarimana
sera sous lieutenant devenant ainsi dès Décembre 1961, le premier officier
rwandais. 1er juillet 1962, Le Rwanda accède à l’indépendance. Juvénal
Habyarimana est promu Lieutenant la même année. C’est à lui que revient
l’honneur de porter le drapeau du Rwanda, le jour de l’indépendance. C’est
pendant les festivités que Juvénal Habyarimana prend connaissance de sa future
épouse Agathe Kanziga (qui se trouve là parmi les femmes de service) par
l’entremise de son frère Protais Zigiranyirazo.
Au fil des années, il gravit les échelons dans l’armée. Habyarimana est
capitaine en 1962. Un an plus tard, il est commandant et chef d’Etat major de
l’armée rwandaise, major en 1964, colonel en 1970 et Général major en 1973. C’est
sous son commandement que l’armée va vaincre les tutsi chassés du Rwanda lors
de la révolution de 1959 ( lire en bas) et qui voulaient y revenir par la
force. Grace à cette victoire que Juvénal Habyarimana entre au gouvernement en
1965 comme Ministre de la Garde nationale et de la Police, succédant à Calliope
Mulindahabi. Il devient ainsi un des premiers collaborateurs du président
Grégoire Kayibanda[2]. Ce
poste cumulé à son grade dans l’armée lui permet d’être un des pontes du régime
et un homme puissant dans l’appareil d’Etat.
v Histoire du Rwanda
Situé dans la région des Grands Lacs,
le Rwanda a été le théâtre des grandes migrations bantoues et se compose donc
d’une population brassée avec les Twa (Pygmées). Ce métissage a été si complet
que l’on peut parler, dès le 18ème siècle, et sans doute avant, d’une
civilisation commune, tous les habitants parlant la même langue : le
kinyarwanda.
La colonisation belge a ancré l’idée
que la distinction entre les Tutsi et les Hutu était un clivage entre deux
ethnies différentes : elle représentait les hutu comme des Bantous qu’elle
jugeait inférieurs et les Tutsi comme des populations descendant des Hamites,
donc supérieurs à eux.
En 1899, affaibli par des querelles
de successions, le Mwami (souverain) reconnut le protectorat allemand.
L’Allemagne affirma sa suprématie en intervenant dans les affaires intérieures
du royaume. La mise en valeur du territoire revient à la DEUTSCHE OSTAFRICA
GESELLSCHAFT[3]. Avec la
défaite de l’Allemagne lors de la première guerre mondiale, des mutations vont
s’opérer en Afrique. En effet, L’Allemagne perd ses colonies africaines qui
sont placées sont tutelle de la Société Des Nations (S.D.N.). C’est ainsi qu’en
1922, la SDN fit du Rwanda un territoire sous mandat confié à la Belgique.
Cette dernière renforce le pouvoir des monarchies Tutsi. «Les «Hutu » furent systématiquement écartés des postes à
responsabilité, qui furent essentiellement confiés aux grands lignages issus
des clans royaux (Nyiginya et Bega). En octobre 1959, tous les chefs en place
(sur un total de 45) et 549 sous-chefs (sur 559) étaient étiquetés «Tutsi» au
Rwanda. »[4]
La colonisation Belge présentait les
hutu et les tutsi comme des ethnies qui s’opposaient, ce qui semait déjà les
germes d’une division. « Peu à peu,
la formulation historique de l’ethnicité, initialement élaborée par les
Européens sur le mode des ‘’races’’, fut reprise par des Rwandais,
intériorisée, relatée, enseignée «jusqu’à constituer un corps de croyances
partagées par une minorité instruite, croyances qui non seulement assignaient
un destin historique aux formes immédiatement coloniales de l’inégalité
sociale, mais fondaient en nature l’accès privilégié à des styles de vie
européanisés »[5]
Après la seconde guerre mondiale,
face aux tutsi qui militaient pour l’indépendance, les Belges changèrent de
cap. Ils encouragèrent des révoltes et poussèrent les Hutu à prendre les rênes
du pays. Ce qui va finir par arriver, les Tutsi seront chassés lors de la
révolution de 1959. Ainsi, les Tutsi quittèrent le pouvoir après plusieurs
siècles au profit des hutu, dans un moment crucial : la préparation de
l’indépendance du Rwanda.
1.
Rwanda – Burundi, l’histoire d’une
fraternité singulière
(Ancien
drapeau du Rwanda)
Ces deux pays partagent une histoire bien singulière. Ils
sont habités par les mêmes communautés culturelles aux mêmes proportions :
Les hutu majoritaires, les Tutsi et les Twa. Avant la colonisation, les deux
pays étaient gouvernés par des monarchies Tutsi. Ils furent aussi des colonies
allemandes avant d’être sous protectorat de la Belgique après la seconde guerre
mondiale. Au Burundi, la Belgique développe le même système qu’au Rwanda.
Durant la colonisation, elle privilégie les tutsi au détriment des Hutu ce qui
jette les bases d’une tension sociale. Il faut noter aussi qu’avec la
colonisation belge, ces deux pays sont unifiés sous le nom du Ruanda-Urundi,
l’éclatement verra le jour avec l’indépendance des deux pays en 1962.
(Drapeau du Burundi)
Cependant un changement va naitre au moment de
l’indépendance. Au Rwanda, avec la poussée des
« nationalistes » Tutsi qui réclamaient l’indépendance, la
Belgique va pousser les hutu à se révolter et à prendre le pouvoir. Ce qui va
s’effectuer avec la révolution de 1959.
Au Burundi, les choses ne seront pas bouleversées,
les Tutsi seront à la tête du pays au moment de l’acquisition de la
souveraineté. Une monarchie constitutionnelle va s’instaurer.
(Michel Micombéro ©
inconnu)
En 1966, Michel Micombéro, premier ministre
renversa la royauté et fit du Burundi une république avec un régime
autoritaire. Ce qui fait qu’à partir de 1966, on a l’installation de deux
républiques, celle du Rwanda dirigée par un Hutu (Grégoire Kayibanda) et celle
du Burundi dirigé par un Tutsi (Michel Micombéro). Et comme nous l’avons
précédemment noté, les hutu sont majoritaire dans les deux pays. Avec cette
configuration, on note une relation de vases communicants. Ce qui se passe dans
un pays entraine automatiquement des conséquences dans l’autre.
(Grégoire Kayibanda en
Janvier 1968 à Paris ©getty images)
2.
Contexte de l’arrivée d’Habyarimana
au pouvoir
Comme nous l’avons souligné dans les
lignes précédentes, les liens entre le Rwanda et le Burundi furent très
déterminants. Au Burundi on a un président de la République Tutsi qui instaure
un régime dur. C’est le même cas au Rwanda mais là dans le sens contraire car
le président est hutu. Un événement va bientôt mettre le feu à une relation
déjà tendue entre les deux pays. Au Burundi, «D’avril à juin 1972 de 100 000 à 200 000 Hutu tombèrent sous les coups
de l’armée et des Jeunesses révolutionnaires rwagasore, l’une et l’autre
dominées par des éléments Tutsi. »[6]
Il faut noter aussi que bien avant cette date, la tension était latente :
« depuis le 19 octobre 1965, date
qui marque l’échec du coup de force organisé par un groupe de gendarmes et de
militaires hutu contre la monarchie, les relations entre élites hutu et tutsi
n’avaient cessé de se détériorer »[7]. Avec
ce « génocide de 1972 »[8]
au Burundi contre les hutu majoritaires, des conséquences vont voir le jour au
Rwanda, dirigé par un Hutu. Grégoire Kayibanda instaura un régime dur où les
tutsi perdent de plus en plus de liberté. A travers les ondes de la radio,
Kayibanda et Micombéro se rendent des mots aigres-doux. S’agissant de la politique
interne au Rwanda, la gouvernance de
Grégoire Kayibanda exacerba les tensions entre Tutsi et Hutu. En plus de cela,
le président est taxé de régionaliste en nommant les gens de sa zone d’origine
au détriment des habitants du Nord. Les leaders du Nord (Balthazar Bicamumpaka,
Otto Rusingizandekwe, Lazare Mpakaniye) exclus du gouvernement deviennent des
opposants. En Février 1972, une décision de Grégoire Kayibanda va attiser les
braises d’une tension déjà naissante. En effet, Les Capitaines Jean Baptiste
Seyanga et André Bizimana entrent au gouvernement, sans consultation préalable
de la hiérarchie militaire en l’occurrence Juvénal Habyarimana, Ministre de la
Garde nationale et de la Police. C’est un signe de défiance envers l’armée
rwandaise recrutée majoritairement dans le Nord. Grégoire Kayibanda pense ainsi
rééquilibrer l’autorité au sein de l’armée où les Sudistes ne sont pas
suffisamment représentés. En Mai 1973, Kayibanda révise la constitution. Cette
modification lui offre bien des avantages et lui permet à terme de régner en
maitre, dans un moment où il commençait à devenir impopulaire. Le 26 Juin 1973,
Redoutant l’éventualité d’un coup d’Etat, le pouvoir politique entreprit de
modifier la composition de l’armée par la fusion de la police et de la garde
nationale, dans un délai contraignant de 4 jours, sans consultation préalable
du Ministre de la Garde Nationale même si celui-ci devait participer à la
commission de triage. Le résultat escompté était une plus grande représentation
de sudistes à l’armée. L’opération n’ayant pas été minutieusement préparée, le
résultat fut insignifiant.C’est dans ce contexte que le 4 Juin, un coup d’Etat
porte au pouvoir Juvénal Habyarimana.
v Gouvernance Habyarimana
1.
Politique
Aux amarres désormais, Habyarimana
entame son processus de réconciliation nationale. Le 1er Aout 1973,
le premier gouvernement est connu. Il est composé d’une majorité de civils et
quatre militaires dont le Président de la République (Habyarimana).
(Juvénal Habyarimana en Juillet 1975, en
arrière plan à droite Idi Amin Dada ©getty images)
En 1975, Habyarimana met à jour sa
formation politique. C’est la naissance du Mouvement Révolutionnaire National
pour le Développement (MRND)[9].
Au lendemain du 5 juillet 1973, toute activité politique avait été interdite,
les organes du parti MDR-Parmehutu[10]
qui était devenu parti unique, avaient été suspendus, l’Assemblée nationale
avait été dissoute. Avec la fondation du MRND, le Rwanda renouait avec
l’activité politique dans un nouveau climat de paix et d’unité nationale.
Juvénal Habyarimana cherchait ainsi à rassembler les Rwandais dans un mouvement
politique unique avec pour priorité le développement. Cependant, bien qu’il
cherchait à réaliser l’unité nationale, la césure entre hutu et tutsi se
manifestait toujours. Les quotas de Tutsi à engager dans l’administration
existaient toujours ainsi que la mention de l’ethnie sur la carte d’identité
nationale. En Décembre 1978, Habyarimana conforte son pouvoir en étant élu au
suffrage universel à 99 pour cent. A noter qu’il était le seul candidat. Deux
ans plus tard, Habyarimana essuie une tentative de coup d’Etat fomenté par le
Major Théoneste Lizinde le tout puissant chef des renseignements, de connivence
avec l’ancien Gouverneur de la Banque Nationale, Jean Berchmans Birara et le
Colonel Alexis Kanyarengwe[11].
Le motif du coup d’état était la complaisance et le favoritisme du Président
Habyarimana à l’égard de l’ethnie tutsi et l’abandon de la ligne
révolutionnaire antimonarchiste et antitutsi. A noter que le colonel Alexis
Kanyarengwe sera une des têtes de proue du Front Patriotique Rwandais quelques
années plus tard.
Sur le plan international,
Habyarimana est un acteur dynamique. En Aout 1974, Le Président Habyarimana est
élu Président en exercice de l’OCAM (Organisation Commune Africaine et
Mauricienne) à Bangui. De plus en plus, il prend de l’envergure. Du 21 au 22 mai 1979, le Rwanda accueille
le 6ème sommet franco-africain à Kigali où 13 chefs d’état sont
présents. Comme dans presque tous les pays francophones d’Afrique, le sommet de
la Baule de Juin 1990 ouvre la porte de plusieurs mutations. Une ouverture
démocratique s’enclenche. Certains leaders qui ont duré au pouvoir partent
tandis que dans d’autres pays on assiste au phénomène des conférences
nationales. Au Rwanda, cela se manifeste par la fin du parti unique fort et
l’émergence de l’opposition.
(Juvénal Habyarimana
©getty images)
2.
Economie
En Février 1974, Habyarimana entame
le lancement des travaux communautaires « umuganda ». Il entendait ainsi réhabiliter le travail
manuel, mobiliser la population pour les travaux communautaires dans le concept
de « développement endogène, auto-entretenu et autocentré » dont le premier
principe fut de compter d’abord sur les propres efforts de la population
rwandaise. Au cours des années 80, des changements structurels s’amorcent dans
le secteur agricole. Si, jusqu’en 1983, la production agricole s’était accrue
au rythme de la population, c’est-à-dire, 3,6% par an grâce principalement à
l’accroissement des terres mises en culture, et, dans une faible proportion,
grâce à l’accroissement des rendements agricoles, les années 84-85 marquent le
début de la baisse des rendements[12]
. Le modèle agricole atteint ses limites. En 1989, une famine s'abat dans le
sud du pays mettant en évidence une nouvelle fois les limites du système
d'exploitation des terres. Le pays, à peine autosuffisant au niveau
alimentaire, subit de nouvelles pertes de production agricole lorsque la guerre
déplace 300.000 personnes à partir du mois d'octobre 1990, puis 1 million à
partir du mois de février 1993. L’agriculture, principal secteur de l’économie
rwandaise est en crise et les cours mondiaux des principaux produits
d’exportation du pays, comme l'étain, le thé et le café s’effondrent
successivement en 1985, 1986 et 1987. La balance commerciale, déficitaire
depuis le début des années 80, se détériore encore davantage à partir de 1985
lorsque chute le cours mondial de l’étain et son déficit s'accoît lorsque les
prix du thé et du café baissent de 35% et 40% entre 1985 et la fin des années
80[13]
. Le montant des exportations diminue régulièrement à partir de 1986 pour
atteindre en 1991 la moitié de son niveau de 1986; cette baisse se poursuit
jusqu'en 1994. Les importations s'élèvent en flèche en 1987 et 1988 pour
baisser ensuite, puis reprendre leur envolée à partir de 1991. Entre 1991 et
1994, le montant des importations croît de 61%. La balance des comptes courants
devient également déficitaire à partir du début des années 80 et son déficit
s'accentue entre 1987 et 1990. En 1991, la balance des paiements n'est positive
que grâce à la hausse des transferts.
v Le Front Patriotique Rwandais ( F.P.R.)
1.
Origines
Comme relaté dans les lignes
précédentes, les Tutsi ont fait l’objet d’attaques et ont été maintes fois
obligés de s’exiler. Cela avait débuté déjà en 1959 avec la révolution qui
portait les Hutu au pouvoir. En 1972, avec les répercussions des événements au
Burundi, les tutsi rwandais étaient aussi obligés de fuir. Ainsi donc avec le
régime de Kayibanda et de Habyarimana après, des vagues de migrations ont eu
lieu et les tutsi sont allés vers les pays voisins tels que l’Ouganda. Ils vont
s’organiser. Ils fondent le Rwandese Alliance for National Unity (l'Alliance
rwandaise pour l'unité nationale). Ce mouvement sera l’ancêtre du F.P.R.
Pour
comprendre la naissance du FPR, il faut aussi prendre en compte les événements
qui se passent en Ouganda. En effet, ils seront déterminants dans la naissance
du FPR.
2.
La situation en Ouganda
En effet, après avoir chassé un certain Idi Amin Dada du pouvoir,
Milton Obote[14]
se réinstalle à la tête de l’Ouganda en 1980. Etant un ami du président
Grégoire Kayibanda, il ne supportait pas la mort de ce dernier en résidence
surveillé.
(Milton Obote
©getty images)
Aussi, Obote avait une haine viscérale
contre les tutsi. En 1982, Il expulse des milliers de réfugiés rwandais. Le président Habyarimana
ferme la frontière rwandaise en invoquant «l’exiguïté» du territoire national.
Pris en étau, un grand nombre de Tutsi va s’engager dans le maquis de Yoweri
Museveni[15]
qui combattait le régime de Milton Obote. Dans ce grand nombre de Tutsi qui va
se battre au coté de Museveni, on a un certain Paul Kagamé[16].
La rébellion de Museveni entre à Kampala en 1986 après que le président Milton
Obote ait été renversé quelques temps plutôt par Tito Okello.
(Yoweri Museveni ©getty images)
Ainsi
donc, Yoweri Museveni gagna la guerre et devient le président de l’Ouganda,
dans son armée quelque 3000 Tutsi[17]
qui avaient fait la guerre à ses cotés. Ces tutsi auront pour vœu de revenir
dans leur pays : le Rwanda.
Museveni va inclure les têtes de proue des
réfugiés tutsi rwandais dans son gouvernement. C’est ainsi que le futur chef
militaire du FPR, Fred Rwigyema[18],
devient vice-ministre de la Défense et chef d’état-major et Paul Kagame, chef
des services de renseignements militaires. Avec désormais Yoweri Museveni comme
appuie, on assiste à la création du FPR en 1987, un an seulement après la venue
de Museveni au pouvoir.
(Des supporters du FPR © getty images)
v
Habyarimana face au FPR
Les 29 et
30 septembre 1990, le Sommet mondial pour les enfants a rassemblé au
siège de l'Organisation des Nations Unies un grand nombre de dirigeants.
Juvénal Habyarimana est de la partie. Les rebelles du FPR vont profiter de
cette absence du chef de l’Etat pour lancer leur première incursion sur le
territoire rwandais. A noter que ces soldats venaient de l’Ouganda, certains
d’entre eux même portaient l’uniforme de l’armée ougandaise. C’est dans les
combats que Le major Rwigyema, chef du FPR est tué par une mine (selon le FPR)
dans la région de Gabiro, à l’Est (dans le parc de l’Akagera), à quelque 80
kilomètres au nord de Kigali. Alexis Kanyarengwe qui était en exil depuis son coup d’Etat raté au
Rwanda en 1980 avait entre-temps rejoint le FPR. Avec la mort de Rwigyema, il
sera promu président du FPR mais les pouvoirs réels sont détenus par Paul
Kagamé.
Juvénal Habyarimana, pris de court, va organiser la
résistance. Il fait appel à Paris et Bruxelles, Kinshasa apporte son aide
aussi. La France reprend la thèse de l’agression extérieure et dépêche deux
compagnies et un «élément militaire technique» dotés de mortiers dans le cadre
de l’opération Noroît chargé d’évacuer ou d’assurer la protection des quelque
500 ressortissants français du Rwanda. En réalité, c’est pour protéger le
gouvernement d’Habyarimana. Au fil des années, le FPR va gagner du terrain.
Habyarimana en proie à des problèmes internes a du mal à organiser son armée.
En effet, la Belgique et le Congo ont retiré leurs forces, restaient que celles
françaises mais en effectif réduit. C’est ainsi qu’Habyarimana fut obligé
d’entamer des négociations avec le FPR.
1. Les accords d’Arusha
Ce 4 août 1993, dans la ville
tanzanienne d’Arusha, le Rwanda semble enfin sortir du tunnel. La paix doit être
signée entre le gouvernement Rwandais et le FPR. Entamées en juin 1992, les
négociations de paix et de partage du pouvoir qui allaient se traduire par les
accords d’Arusha étaient censés mettre un terme définitif à la crise que
traversait le pays. Seulement la nature de ces accords avait déjà en elle les
germes d’une division. En effet ces accords fragilisent le pouvoir de Juvénal
Habyarimana qui fait face à une force montante : le FPR. Habyarimana est
désormais obligé de composer avec l’opposition et le FPR ; « Les deux parties acceptent Monsieur
TWAGIRAMUNGU Faustin[19]
comme Premier Ministre du Gouvernement de Transition à Base Elargie en
référence aux articles 6 et 51 du Protocole d’Accord entre le gouvernement de
la République Rwandaise et le Front Patriotique Rwandais sur le partage du
pouvoir dans le cadre d’un Gouvernement de Transition à Base Elargie. »[20]
Les accords prévoient aussi
l’insertion de l’armée du FPR dans celle du Rwanda. Un attelage ne pouvait être
pire. D’une part, on a des tutsi anglophones, formés dans la rébellion ;
de l’autre on a des militaires hutu formés dans une armée nationale francophone
et dans une idéologie où ce sont eux « les maitres ». Comment faire
cohabiter ceux là ?
Aussi avec la signature des accords
d’Arusha, Juvénal Habyarimana va se faire des ennemis : les Hutu
extrémistes qui digèrent mal le fait qu’il ait signé ces accords. Patrick
Mazimhaka, qui était alors le commissaire du FPR chargé des Relations
extérieures raconte
« Tout comme Kanyarushoki, Bagosora[21]
n’acceptait pas l’idée d’un retour des exilés tutsi dans leur pays. Pour eux,
le gouvernement devait rejeter purement et simplement les revendications du FPR
et recommencer la guerre. En marge des sessions de négociation, quand nous
avions des discussions informelles avec eux, ils ne faisaient pas mystère de
leur position. »[22]
Quoi qu’il en soit, les accords ont été signés. Et peu de
temps après ils vont faire l’objet d’entorses. Ce qui va accentuer le climat déjà
hostile. Aussi des événements extérieurs venant du Burundi encore une fois vont
porter l’estocade à toute idée de paix.
2. Les moteurs du génocide
L’ampleur du génocide rwandais est le
résultat de l’aboutissement de plusieurs canaux. Pour comprendre les moteurs du
génocide rwandais, il faut revenir sur le début des années 1990 après la première
grande offensive du FPR. En 1992, on assiste à la création des Interahamwe « (le terme Interahamwe désigne
« ceux qui travaillent ensemble »). A l’origine, le terme définissait le
mouvement des jeunes du MRND mais avec les attaques du FPR, il se mue en
milice. En 1992, dans le contexte de négociation des accords d’Arusha, des
miliciens Interahamwe font plusieurs dizaines de blessés parmi des manifestants
de l’opposition descendus dans les rues pour soutenir l’accord d’Arusha.
L’année 1993 marquera un tournant
dans l’histoire du Rwanda. Deux événements vont favoriser le chaos.
Le premier événement est l’attaque de
grande envergure du FPR en Février 1993. Cette attaque inflige une déroute aux
forces gouvernementales, près d’un million de hutus prennent la fuite.
Le deuxième événement se passe au
Burundi. Comme nous l’avons expliqué dans les lignes plus hautes, le Burundi et
le Rwanda entretiennent des relations fortes. Les hutu sont majoritaires dans
les deux pays. La différence est que depuis 1959, les hutu dirigent au Rwanda
alors que ce n’est pas le cas au Burundi où la minorité Tutsi est au pouvoir.
Le 10 juillet 1993, Melchior Ndadaye[23]
est élu au Burundi comme président de la république au suffrage universel. Il
devient le premier président Hutu du pays. Après seulement 3 mois à la tête du
pays, Melchior Ndadaye est sauvagement assassiné par des militaires Tutsi. La
violence s’installe et attise la colère des hutu du Rwanda.
C’est dans ce contexte qu’on assiste
à la naissance d’un mouvement extrémiste : le « Hutu power ». Ce
mouvement va connaitre un effet immédiat. Les extrémistes de ce mouvement
viennent au devant de la scène. Le mouvement va devenir de plus en plus radical
et se renforce au moment où le pouvoir d’Habyarimana est fragilisé par les
accords d’Arusha. Ces derniers sont un échec et les hutu extrémistes pensent
que Habyarimana les a trahi en signant cet accord. Cette tension déjà montante
va être accentuée par la radio. Créée en 1993, la Radio-télévision des Mille
Collines, appelée aussi Radio Mille Collines (RTLM), est la seule radio privée
du Rwanda à cette époque. Elle a d'ailleurs été créée pour concurrencer la
Radio Rwanda, la radio nationale dont les programmes ne convenaient pas aux proches
du président Habyarimana et à son parti politique[24].
(Propagande de la RTLM © Youtube)
La RTLM permettra aux extrémistes hutu de propager leurs appels à la haine raciale. Très vite, elle s’érige comme l’instrument des Hutu extrémistes contre le président Habyarimana. Les figures de Ferdinand Nahimana[25] et de Théoneste Bagosora émergent et s’érigent comme les leaders des extrémistes Hutu. Les armes blanches investissent massivement le Rwanda dans l’année 1993 souvent par le concours d’hommes d’affaires Hutu.
Le 3 Avril 1994, une information étrange est lancée dans les
ondes de la radio des milles collines en ces termes : « Le 4 et le 5 (Avril 1994), il va se passer un petit
quelque chose, à Kigali en ces jours de Pâques. Une petite chose est prévue à
Kigali. Cette chose va continuer les jours suivants »[26] .
Ainsi le Rwanda s’apprêtait à vivre les pages les plus sombres de son histoire.
v L’assassinat de Juvénal Habyarimana
1.
Le film de l’assassinat
Soir du 5 Avril, Cyprien Ntaryamira
président du Burundi appelle le président Juvénal Habyarima pour lui demander
de l’amener dans son avion à la rencontre en Tanzanie le lendemain car le sien
a été retenu en Ouganda par la délégation burundaise à Kampala. Habyarimana
accepte volontiers. Le matin du 6 Avril, Juvénal Habyarimana envoie l’avion à
Bujumbura pour prendre Ntaryamira. Cela fait, l’avion revient à Kampala pour le
récupérer. C’est ainsi que l’appareil amena les deux présidents en Tanzanie. Le
voyage se déroule sans incidents. La réunion initiée par le président tanzanien
avec ses pairs de la sous région se termine plus tard que prévue. Lorsqu’elle
fut achevée, la nuit est déjà tombée. L’avion décolle, destination Kigali. Vers
20h15, le Falcon 50 est en approche de l’aéroport de Kigali. A noter que
domicile du président Habyarimana est tout près de l’aéroport.
20h27, l’avion présidentiel a amorcé
son atterrissage, la signalisation de la piste est bien allumée puis on entend
une forte détonation, un tir de missile, puis un second. Agate Habyarimana,
épouse de Juvénal raconte :
« Pour commencer, nous avons entendu des bruits, des missiles mais je ne
pouvais pas savoir que c’était son avion. Je me disais ce n’était pas son avion
mais les enfants qui étaient dehors à la piscine ils ont dit Papa arrive, papa
arrive mais moi j’étais à l’intérieur de la maison, je ne pouvais m’imaginer que
c’était son avion et nous avons entendu ce bruit. Et quand Jean Luc est venu me
dire maman nous croyons que c’est l’avion de notre papa moi je lui ai dis que
peut être ce n’était pas son avion… »[27]
L’avion qui ramenait les deux
présidents a été abattu. Des débris de l’avion abattu vont tomber même dans le
jardin du domicile de Habyarimana. Son propre fils Jean Luc, va identifier son
corps. Il dira «…Finalement on a fini par
trouver les corps par morceaux et donc petit à petit on ramassait les corps et
en un moment donné, on est tombé sur le corps de mon père qui était d’ailleurs
le seul reconnaissable par le visage et je suis allé dire à ma mère qu’on a
retrouvé le corps »[28]
Ainsi donc, ce 6 Avril 1994, Juvénal
Habyarimana est assassiné avec son chef d’Etat major. Après cet assassinat, un
projet est entamé. C’est le début de ce qui sera appelé le génocide rwandais.
(Soldat du FPR
regardant un débris de l’avion ©getty images)
2. Qui a tué Juvénal Habyarimana ?
A cette
question, différentes réponses font surface accusant d’une part le FPR et
d’autre part les extrémistes hutu. La question reste assez sensible et
difficile à élucider. Certains militaires français comme Paul Barril affirment
que se sont les militaires du FPR qui ont commis l’attentat. En France,
l’enquête est tout sauf chose aisée. N’oublions pas la position ambigüe de la
France dans le conflit, elle qui était du coté du gouvernement rwandais. Donc
en toute logique chaque partie va tirer la couverture vers elle.
D’une part,
la thèse rwandaise impute la
responsabilité de l’attentat contre le Falcon 50 présidentiel aux extrémistes hutus des Forces armées rwandaises (FAR, loyalistes). Celles-ci auraient voulu éliminer le président
Habyarimana pour faciliter un coup d’État et promouvoir une ligne dure à
l’égard des Tutsis. Kigali a d’ailleurs présenté un rapport d’enquête affirmant
que les tirs provenaient du camp militaire de Kanombe, une importante base des
FAR, jouxtant l’aéroport et la résidence présidentielle au sud-est.
D’autre part, on a la position de la France. Au
final, trois juges se seront succédé sur ce dossier. Le premier, Jean-Louis
Bruguière, avait délivré en 2006 des mandats d’arrêt contre neuf proches de l’actuel régime. Ce qui avait entraîné une rupture temporaire des
relations diplomatiques entre les deux pays. Fait marquant : son
successeur Marc Trévidic a effectué lui une enquête balistique sur place en
2011. Enfin, Jean-Marc Herbault et Nathalie Poux ont eux tenté de confronter un
nouveau témoin à l’actuel ministre rwandais de la Défense James Kabarebe, sans
succès. Le juge Herbault finit par clôturer le dossier en 2017, peu avant le
rapprochement diplomatique entre la Kigali et Paris. Ce rapprochement se
symbolise avec l’élection de Louise Mushikiwabo à la tête de l’organisation internationale
de la Francophonie.
Avec l’aide de Mobutu, la dépouille de Juvénal
Habyarimana sera récupérée et enterré à Gbadolite au Congo au moment où le
Rwanda vivait des heures graves.
v Le génocide Rwandais
1.
Le déroulement
Seulement quelques heures après l’assassinat
de Habyarimana, les extrémistes hutu entreprennent massacre des Tutsi et des
personnalités politiques de l’opposition. Ils s’attaquent aussi aux hutu
modérés qui peuvent être une entrave au projet génocidaire. Voici le récit de
Joseph Ngarambe
« La mise oeuvre du génocide rwandais commence à Kigali près de 30
minutes après la chute de l’avion présidentiel, c’est-à-dire le 6 avril 1994,
aux environs de 21 heures. C’est en ce moment que la Garde présidentielle
investit les carrefours des quartiers de Kimihurura et Kacyiru, arrêtant tous
les véhicules qui passent. Ce sont des soldats menaçants, vociférants, qui font
sortir tous les passagers des véhicules, avec une extrême brutalité. Ils
demandent des cartes d’identité qu’ils vérifient à la lumière des lampes
torches. Ils rouent de coups de bottes et de crosses ceux dont ils n’apprécient
pas les mentions de la carte d’identité (origine ethnique ou géographique). Ils
entraînent quelques-uns dans les buissons environnants et, quelques mètres plus
loin, des cris d’agonie parviennent déjà aux oreilles de la foule de plus en
plus grossissante assise sur l’herbe. […] Vers 5 heures du matin, la population
de Kigali, celle qui a dormi en ignorant le terrible événement, est brutalement
réveillée, plongée dans l’apocalypse. Dans les principaux quartiers de Kigali,
c’est le bruit de rafales d’armes de tous calibres, de grenades, à une cadence
et avec une intensité effrayantes. C’est le coup de départ d’une gigantesque
battue. »[29]
La premier ministre Agathe Uwilingiyimana
est assassinée dès le 7 Avril alors qu’elle tentait dans se réfugier dans les
locaux du Programme des nations unies pour le développement (PNUD). Dix casques
bleus belges chargés de la protéger sont tués.
(Agathe
Uwilingiyimana©getty images)
La formation d’un nouveau
gouvernement extrémiste, le 8 avril 1994, facilita le plan des idéologues du
génocide[30]. Théodore Sindikubgabo devient président de la République, Jean
Kambanda[31] est le
Premier ministre mais en réalité, le vrai leader est Théoneste Bagosora.
Dès leur entrée en fonction, les nouvelles
autorités s’employèrent à permettre au génocide de s’étendre et de se réaliser
avec efficacité. C’est dans ce contexte que les régions méridionales et
centrales du pays furent entraînées dans la violence génocidaire à partir du 9
avril 1994. A partir du 12 avril 1994, ces autorités ameutèrent la population
contre les Tutsi qu’elles accusaient de vouloir exterminer les Hutu. La
première phase, du 6 au 11 avril 1994, consistait à éliminer les Tutsi sur la
base de listes préétablies. Au cours de cette phase dite des « cibles
prioritaires », les organisateurs du génocide avaient déjà distribué aux bandes
de tueurs des listes comportant des noms des personnes particulièrement visées. il s’agissait également d’éliminer toutes les personnalités
hutu susceptibles de prendre légitimement le pouvoir et de s’opposer à
l’exécution du génocide. L’assassinat du Premier ministre, Agathe
Uwiringiyimana, des deux candidats probables à la présidence de l’Assemblée
nationale de transition, Félicien Ngango du PSD et Landoald Ndasingwa du PL, du
ministre PSD Frédéric Nzamurambaho et de Joseph Kavaruganda, président de la
Cour constitutionnelle, s’inscrivait dans cette logique. La deuxième phase consistait à éliminer les Tutsi non pas en
tant qu’individus particuliers, mais en tant que membres d’un groupe désigné
comme tel. Cette phase se situe entre le 12 avril et 1er mai 1994. La troisième phase de l’exécution du génocide des Tutsi
commença vers le 2 mai 1994. Elle suit l’anéantissement des victimes dans des
lieux de rassemblement et la mise à mort de celles qui sortirent de leurs
cachettes. Elle se caractérise par des actes de ratissage sur les collines,
dans les maisons désertées, dans les décombres des habitations. Au cours de
cette phase, les paysans armés par le régime dans le cadre de « l’autodéfense
civile » se chargeaient de vider des localités entières de leurs habitants
tutsi[32]
2.
La communauté internationale
Face à un des plus grands massacres
du siècle, l’activité de la communauté internationale a été tout sauf
irréprochable. La MINUAR
(Mission d’assistance des Nations Unies au Rwanda), unité de maintien de la
paix a été établie le 5 octobre 1993 par la résolution 872 du Conseil de
Sécurité. Peu de temps après sa création, en décembre 1993, les forces armées
et les officiels des Nations unies disposaient d’assez d’informations relatives
à un plan d’extermination des Tutsi. L’ONU fut constamment informée de la
prolifération d’armes légères dans la population en dehors des nécessités
objectivement reconnues. Dans ce contexte, le 11 janvier 1994, un télégramme du général canadien Roméo Dallaire[33]
en charge de la Minuar communique aux Nations unies ses informations sur un plan
d’extermination des Tutsi (prévoyant la mise à mort possible de «mille
personnes en vingt minutes»), de l’entraînement et de l’armement des
miliciens interahamwe et de diverses manifestations organisées par des
militaires et des gendarmes contre des opposants hutu et des casques bleus
belges en vue de provoquer le FPR et de lancer une guerre civile. Il propose un
raid sur les caches d’armes. Se rappellant de la catastrophe au Somalie, L’Onu
reste réticente à cette idée. En réponse, le chef de la Direction des
opérations de maintien de la paix des nations unies (DOMP), Kofi Annan, lui
rappelle les limites de son mandat et lui demande d’informer le président
Habyarimana.
Alison Des Forges dénonce la
passivité des Nations unies et des puissances qui avaient une influence directe
sur le Rwanda face aux préparatifs des massacres : « Les préparatifs des violences s’effectuèrent sous les yeux d’une
force de maintien de la paix des Nations unies […]. En tant que gouvernements
étrangers les plus impliqués au Rwanda, la France, les États-Unis et la
Belgique suivaient la situation qui se détériorait […]. Malgré les signes
visibles d’une violence imminente, la France comme les États-Unis ne
s’engagèrent dans aucune nouvelle initiative et continuèrent à opérer à l’intérieur
des cadres limités caractérisant leur politique au Rwanda depuis un certain
temps […] ; la France était certainement au courant des préparatifs des tueries
des Tutsi et des opposants au Hutu Power[34]. »
Quelques jours après le début du
génocide, les diverses positions tenues par la Mission d’assistance au Rwanda
(MINUAR) seront abandonnées à leur sort, malgré la parole de l’ONU. Ce sera
notamment le cas des quelque 2 000 Tutsi qui s’étaient réfugiés dans l’École
technique officielle (ETO) de Kigali. Moins d’une dizaine d’entre eux
survivront, par miracle, au massacre qui suivra immédiatement le départ
subreptice et soudain de la petite centaine de soldats belges censés les
protéger.
La volonté, plutôt molle avant le 6 avril, de protéger les
civils explosa dès le 7, suite au massacre du Premier ministre désigné, Agathe
Uwilingiyimana[35], et des
Casques bleus qui tentaient de la protéger. Le massacre à froid des dix
militaires belges eut exactement l’effet qu’avaient prévu avec cynisme les
planificateurs du génocide. Comme ils l’avaient anticipé, ce massacre provoqua
le rapatriement dans la panique des contingents onusiens. Non contente de
rappeler son contingent, la Belgique prit la tête d’un mouvement qui parvint
presque à mettre un terme toute l’action de l’ONU au Rwanda. Tandis que le
génocide entraînait chaque jour la mort de dizaines de milliers de personnes,
le Conseil de Sécurité, chaque jour et ignorant les pressants appels à sa fin
de l’OUA et des gouvernements africains, a plutôt opté pour réduire de moitié
les forces des Nations Unies alors même qu’elles auraient dû être massivement
renforcées […] En bout de ligne, pas un seul soldat de plus ni une seule pièce
supplémentaire d’équipement militaire n’est parvenu au Rwanda avant la fin du
génocide.[36]
3.
Le rôle de la France
L’intervention de la France dans ce
pays, qui n’a pas été une de ses colonies, ne relève pas de mobiles
humanitaires mais d’une politique globale en Afrique. Le Rwanda fait partie du
pré carré de la francophonie. L’Élysée estime que celle-ci est menacée par les
« Anglo-Saxons » qu’incarne le président ougandais, Museveni. Ce qui fait que
la France va entretenir de très bonnes relations avec le Rwanda. A partir de
1981, avec l’élection de François Mitterrand, les relations franco-rwandaises
sont encore plus étroites, renforcées par l’amitié entre les fils des deux
présidents : Jean-Christophe Mitterrand et Jean-Pierre Habyarimana.
(François
Mitterand et Juvénal Habyarimana ©getty images)
L’Élysée et les responsables de l’armée française perçoivent
l’attaque du 1er octobre 1990 comme un cas d’école du complot anglo-saxon
visant à déstabiliser le domaine francophone. La France intervient au Rwanda
pour aider un pays allié victime d’une invasion étrangère. La mission militaire
française, envoyée sous le nom de code « Noroît », est officiellement là pour
protéger les ressortissants étrangers. En fait, elle a pour mandat d’aider les
forces armées rwandaises à gagner la guerre. Après l’attaque du FPR de 1990,
les forces belges et congolaises qui soutenaient l’armée du Rwanda se retirent.
Les forces françaises restent pour former « l’armée rwandaise ». Restées
au Rwanda, les forces françaises collaborent avec celles rwandaises pour lutter
contre le FPR dans le Nord du pays. Officiellement, la France n’est pas en
guerre au Rwanda, l’entreprise doit être secrète. Dans un fac adressé à
l’ambassadeur de France au Rwanda, le Quai d’Orsay donne des consignes
concernant le Dami (détachement d’assistance militaire et d’instruction) « Nous avons pas l’intention d’annoncer
officiellement la mise en place du Dami. Vous direz au président Habyarimana
que nous souhaiterions qu’il agisse de la méme manière »[37]. La
France apporte son assistance ainsi au Rwanda. Elle forme l’armée rwandaise à majorité
hutu dans un contexte où la haine du Tutsi était de vigueur. A la même époque,
on assiste à la création de milices hutu en réponse aux attaques du FPR. La
frontière entre milices hutu et l’armée rwandaise étant ténue, il arrivait que
les forces françaises forment les miliciens à la place des militaires. Selon
Gérard Prunier[38],
l’armée rwandaise comptait 5200 individus au moment du début de la guerre (
contre le FPR) , à la fin, elle en comptait environ 50.000. Elle a ainsi donc
décuplée en seulement 3 ans. Ainsi, les miliciens ont fini par intégrer l’armée.
Selon toujours Prunier, ces miliciens ont été formés par l’armée française. Dès
1992, on voyait les militaires français travailler avec la milice des Interahamwe
au Rwanda.
(Soldats français avec
des miliciens hutu© New times, Rwanda’s leading daily)
Au fil des années, la collaboration entre le
Rwanda et la France va devenir de plus en plus étroite. Le lieutenant colonel
Chollet, envoyé par la France va le conseiller militaire personnel de Habyarimana.
A ce titre il va être un proche collaborateur du Colonel Laurent Serrubuga, chef d’Etat major adjoint
de l’armée du Rwanda. C’est ce dernier qui va profondément changer l’armée
rwandaise en créant un pole de commandement officieux avec le colonel Théoneste
Bagosora.
Lorsque le leader du FPR, Paul Kagamé
va au Quai d’Orsay en Janvier 1992, il y rencontre le directeur des affaires africaines
et malgache Paul Dijoud. Ce dernier lui dira « Si de toute façon vous arrivez à Kigali et preniez le pouvoir,
vous ne trouveriez plus aucun des votres en vie ».
Le 9 Avril 1994, le gouvernement
intérimaire est formé au Rwanda, la France est le seul pays occidental à
reconnaitre officiellement la légitimité de ce gouvernement extrémiste. Du 9 au
13 avril, la France va envoyer un détachement militaire au Rwanda :
l’opération amaryllis. Officiellement, il s’agit d’évacuer les ressortissants
étrangers. En réalité, ces forces ont pour mission de protéger, d’exfiltrer
certains leaders extrémistes comme Ferdinand Nahimana. L’opération Amaryllis
avait pour mission aussi de procurer des armes au gouvernement intérimaire.
Ainsi l’assassinat de Habyarimana et le début du génocide ne va pas faire
changer de Cap à la France. A Paris, les leaders du gouvernement intérimaires sont
reçus. Le 27 Avril 1994, le ministre des affaires étrangères du gouvernement intérimaire
Jérôme Bicamumpaka et, Jean Bosco Barayagwiza idéologue du Hutu Power sont
reçus à l’Elysée, Matignon et au Quai d’orssay.
Avec l’avancée du FPR qui marche vers
Kigali, le discours de la France va changer. On parle
« d’intervention ». « L’opération Turquoise » voit le
jour. La nature de cette opération reste ambigüe. Mettant en premier le
caractère d’une mission humanitaire, cette opération semblait avoir comme but
de « freiner ou de stopper l’avancée militaire du
Front patriotique rwandais (FPR), tout en ménageant les forces gouvernementales
génocidaires. »[39]
L’opération
Turquoise est lancée le 22 Juin 1994 plus de 2 mois après le début du génocide,
au moment où le FPR avançait vers Kigali. Cette « opération
humanitaire » ne pouvait elle pas s’effectuer plus tôt ?
( Paul
Kagamé, le 20 Juillet 1994 à Kigali ©getty images)
Le 4
juillet 1994, le FPR prend Kigali. La France le somme de ne pas franchir les
limites du dispositif Turquoise.
17 juillet 1994, le FPR prend Ruhengeri et Gisenyi, au nord du pays, à la
frontière zaïroise et proclame un «cessez-le-feu unilatéral»,
c’est-à-dire la fin de la guerre. Plus d’un million de Hutu accompagnent les
militaire et les miliciens qui se réfugient au Zaïre, avec armes et bagages.
Deux jours plus tard, c’est la formation d’un gouvernement «d’union nationale»
avec Pasteur Bizimungu[40] comme
président de la République, Paul Kagame comme vice-président et ministre de la
Défense et Faustin Twagiramungu comme Premier ministre. Le 17 Avril 2000, Paul
Kagamé devient président du Rwanda. Une nouvelle ère débute pour le Rwanda…
Entre Avril et Juillet 1994, le
génocide a emporté plus d’un million de tutsi. L’atrocité et la violence a
caractérisé ce génocide. Les images choquent la communauté internationale et
laissent sans voix…
(Quelques images du génocides © getty
images)
(Archive sur le génocide rwandais © Ina)
Bibliographie
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Ba
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Autres sources
Filmographie
Raphaël
Glucksmann, David Hazan, Pierre Mezerette, Tuez-les tous ! - Rwanda :
Histoire d’un génocide ″sans importance″, Paris, Dum Dum Films, 2004, 97
minutes
Foka
Alain, archives d’Afrique – Juvénal Habyarimana, RFI, 2015
Archives
Ina ( Institut national de l’audiovisuel )
[1]
Mutinerie de la force publique, sécession des régions du Katanga et du Kassai.
[2] Grégoire
Kayibanda (1er mai 1924-15 décembre 1976) fut le premier président du Rwanda
indépendant et le premier président élu (26 octobre 1961 - 5 juillet 1973). Il
sera mort en résidence surveillée.
[3] La
Compagnie allemande de l'Afrique orientale ( Compagnie allemande de l'Afrique
orientale ) a été fondée le 28 mars 1884 par le comte Behr-Bandelin et Carl Peters
en tant que société de colonisation allemande (GfdK) à Berlin.
[4] Léon
Saur « HUTU » ET « TUTSI » : DES MOTS
POUR QUOI DIRE ? Editions Karthala | « Histoire, monde et cultures
religieuses » 2014/2 n° 30 | pages 119 à 138 in cairn.info
[5] C. Vidal,
Sociologie des passions, Paris, Karthala, 1991, p. 21. In L. Saur « HUTU » ET « TUTSI » : DES MOTS POUR QUOI
DIRE ? Op.cit.,p 135
[6] René
Lemarchand, « Le génocide de 1972 au Burundi », Cahiers d’études africaines [En
ligne], 167 | 2002, mis en ligne le 22 juin 2005, consulté le 7 Avril 2019
[7]
R.Lemarchand, op cit
[8] Terme
utilisé par Lemarchand pour qualifier les événements de 1972 au Rwanda.
[9]
Formation politique de Juvénal Habyarimana qui restera le parti unique jusqu’en
1991. Il sera dissout en 1994.
[10] Le Parmehutu
(Parti du mouvement de l’émancipation hutu) est un parti politique rwandais
issu d'un mouvement social créé au Rwanda en 1957. Ce mouvement est fondé par
Grégoire Kayibanda. Il sera dissout avec l’arrivée d’Habyarimana au pouvoir.
[11] Le
colonel Alexis Kanyarengwe (1938 –2006)
était un officier rwandais qui avait fui le Rwanda en 1980 après avoir été
accusé de complot contre Juvénal Habyarimana . Kanyarengwe était l'un des
officiers à la tête du coup d'État du 5 juillet 1973 qui avait renversé le président
Kayibanda. Il a été nommé ministre de l'Intérieur dans le nouveau gouvernement
et aurait accédé au poste de numéro deux. En décembre 1980, il a été soupçonné
d'avoir fomenté un coup d'État contre Habyarimana et s'est enfui en Tanzanie.
En septembre 1990, après trois ans de persuasion, Kanyarengwe rejoint le Front
patriotique rwandais (FPR) où il deviendra plus tard le numéro 1.
[12] MATON,
J., Développement économique et social au
Rwanda entre 1980 et 1993. Le dixième décile en face de l’apocalypse in ECONOMIE RWANDAISE: D'UNE ÉCONOMIE DE
SUBSISTANCE À UNE ÉCONOMIE DE GUERRE, VERS UN RENOUVEAU ? par Catherine
André
[13] 3MARYSSE, S., DE HERDT,
T., NDAYAMBAJE, E., “Rwanda. Appauvrissement et ajustement structurel”, Cahiers
Africains, n°12, Institut Africain-CEDAF, Bruxelles, L’Harmattan, Paris,
1994, p.27 in ECONOMIE RWANDAISE: D'UNE ÉCONOMIE DE
SUBSISTANCE À UNE ÉCONOMIE DE GUERRE, VERS UN RENOUVEAU ? par Catherine
André
[14]Milton
Obote (28 décembre 1925 - 10 octobre 2005) est un homme politique ougandais. Président
de la République à deux reprises, il est considéré comme le « père de
l'indépendance » de son pays.
[15] Yoweri
Museveni, né le 15 août 1944 à Ntungamo, est un homme d'État ougandais,
président de la République depuis 1986
[16] Paul
Kagame né le 23 octobre 1957 à Tambwe
(Province du Sud, Rwanda), est un homme d'État rwandais, président de la
République depuis le 17 avril 2000, après avoir été vice-président et ministre
de la Défense de 1994 à 2000. Il fut le principal leader du FPR depuis 1990. Il
est également président de l'Union africaine de 2018 à 2019.
[17] In
chronologie de l’histoire du Rwanda RFI
[18] Fred
Gisa Rwigema (de son vrai nom Emmanuel Gisa, né le 10 avril 1957 à Gitarama et
décédé le 2 octobre 1990) est l’un des membres fondateurs du Front patriotique
rwandais.
[19] Faustin
Twagiramungu est un homme politique rwandais hutu, né le 14 août 1945 dans la
province de Cyangugu. Il est Premier ministre du Rwanda de 1994 à 1995. En
1993, le Conseil des ministres le proposa comme premier ministre d'un
"gouvernement de transition à base élargie" prévu par les Accords
d'Arusha mais il dut attendre la chute du Hutu Power et la fin du génocide pour
occuper ce poste dans le premier gouvernement post-génocide de juillet 1994 à
sa démission en août 1995.
[20] Article
6 de l’Accord de paix d'Arusha entre le
Gouvernement de la République Rwandaise et le Front Patriotique Rwandais
[21] Théoneste
Bagosora, né le 16 août 1941 dans la commune de Giciye de la préfecture de
Gisenyi au Rwanda, est un officier des Forces armées rwandaises condamné par le
Tribunal pénal international pour le Rwanda à 35 ans de prison pour génocide,
crimes contre l'humanité et crimes de guerre, compte tenu de son rôle déterminant
dans le génocide rwandais de 1994.
[22] In Mehdi Ba, 20e anniversaire des accords
d’Arusha : quand la paix mène au génocide, article Jeune Afrique, mis en ligne
le 05 août 2013 à 11h16
[23] Melchior
Ndadaye, né le 28 mars 1953 à Murama, dans la commune de Nyabihanga, de la
province de Muramvya au Burundi et mort assassiné au cours d'un coup d'État le
21 octobre 1993 à Bujumbura, est un homme d'État burundais appartenant au
groupe ethnique des Hutus. Premier président démocratiquement élu au Burundi,
investi le 10 juillet 1993, il fut assassiné après 102 jours de pouvoir.
[24] BENSIMON,
Cyril, « Génocide rwandais : une journaliste de Radio mille collines témoigne
», Le Monde, 26 février 2014, [En ligne], In Sandra Ngoga, le génocide rwandais : la radio Mille Collines
a mis le feu aux poudres, Perspective monde, école de politique
appliquée-Faculté des lettres et sciences Humaines, Université Sherbrooke,
Canafa ( en ligne)
[25] Ferdinand
Nahimana, né le 15 juin 1950 à Gatonde dans la préfecture de Ruhengeri au
Rwanda, est un universitaire et homme politique rwandais. Il est l'un des
principaux condamnés du « Procès des médias » qui s'est tenu entre 2000 et 2003
devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda Tribunal pénal
international pour le Rwanda (TPIR) à Arusha et est condamné à 30 ans de prison
en 2007.
[26] Extrait
documentaire, Tuez les tous ! ! -
Rwanda : Histoire d’un génocide ″sans importance″, Paris, Dum Dum Films,
2004, 97 minutes
[27] In
Archives d’afrique – Juvénal Habyarimana, RFI
[28] In
archives d’Afrique – Juvénal Habyarimana, Rfi
[29] Joseph
NGARAMBE, « La mise en oeuvre du génocide rwandais », in Raymond VERDIER ET
AL., Rwanda. Un génocide du XXe siècle, Paris, L’Harmattan, 1995, pp.
9-10.
[30] Gérard
PRUNIER, Rwanda (1959-1994). Histoire d’un génocide, Paris, Dagorno,
1997,p. 259.
[31] Jean
Kambanda, né au Rwanda le 19 octobre 1955, est le Premier ministre du
gouvernement intérimaire pendant le génocide au Rwanda. Accusé de génocide,
comme la plupart des membres de son gouvernement, il plaide coupable devant le
Tribunal pénal international pour le Rwanda.
Arrêté le 18 juillet 1997 à Nairobi, Jean Kambanda est
condamné le 4 septembre 1998 à une peine de réclusion à perpétuité pour sa
participation au génocide.
[32] VIDAL,
« Le génocide des Rwandais tutsi », art. cit., p. 31.
[33] Roméo
A. Dallaire, né le 25 juin 1946 à Denekamp, aux Pays-Bas, est un
lieutenant-général et un homme politique canadien. Il est surtout connu pour
avoir agi dans un cadre humanitaire au Rwanda, alors qu'il était commandant de
la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR), la force de
maintien de la paix des Nations unies au Rwanda, pendant le génocide au Rwanda
en 1994. Ses tentatives d'attirer l'attention de la communauté internationale
sur les crimes qui se perpétraient au Rwanda sont restées lettre morte, ce
qu'il a regretté et dénoncé à son retour d'Afrique. Le lieutenant-général Roméo
Dallaire a rédigé, avec la participation du major Brent Beardsley et le
lieutenant-colonel Mailhot-Hallé, un livre qui relate les évènements qu'il y a
vécus.
[34] Aucun
témoin ne doit survivre, textes rassemblés par Alison Des Forges, Paris,
Karthala., pp. 204-205 ; Linda Melvern, « La France, l’ONU et le Rwanda
», La Nuit Rwandaise (revue annuelle), n° 2, 7 avril 2008, pp.
403-407.
[35] Agathe
Uwilingiyimana, née le 23 mai 1953 à Nyaruhengeri, fut Première ministre du
Rwanda du 18 juillet 1993 jusqu'à sa mort le 7 avril 1994 à Kigali. Son
assassinat , le lendemain de l'attentat contre le président Juvénal
Habyarimana –fait partie des événements initiaux du génocide au Rwanda. Elle
est la première femme Première ministre du Rwanda.
[36] « Rwanda,
le génocide qu’on aurait pu stopper », source Organisation for African
Unity (OUA), 7 juillet 2000, www.reliefweb.int/rw/rwb.nsf/db900SID/OCHA-64CU58?OpenDocument.
[37]
Documentaire Tuez les tous, op cit
[38] Gérard
Prunier, né le 14 octobre 1942 à Neuilly-sur-Seine (Seine)1, est un historien
français (et canadien par naturalisation) spécialisé dans la corne de l'Afrique
et l'Afrique de l'Est.
[40] Pasteur
Bizimungu, né en 1950 à Gisenyi est un homme politique rwandais, président de
la République rwandaise du 19 juillet 1994 au 23 mars 2000.
Formidable..... Bonne continuation!
RépondreSupprimerTrès bon travail mon frère
RépondreSupprimerTrès intéressant l'historien
RépondreSupprimerTrès intéressant l'historien
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