L'histoire de Juvénal Habyarimana et le génocide rwandais


Sommaire

v Les débuts
1.     Enfance et parcours scolaire
2.     Ascension dans l’armée
v Histoire du Rwanda
1.     Rwanda – Burundi, l’histoire d’une fraternité singulière
2.     Contexte de l’arrivée d’Habyarimana au pouvoir
v Gouvernance Habyarimana
1.     Politique
2.     Economie
Le Front Patriotique Rwandais ( F.P.R.)
1.     Origines
2.     La situation en Ouganda
v Habyarimana face au FPR
1.     Les accords d’Arusha
2.     Les moteurs du génocide
v L’assassinat de Juvénal Habyarimana
1.     Le film de l’assassinat
2.     Qui a tué Juvénal Habyarimana ?
v Le génocide rwandais
1.     Déroulement
2.     La communauté internationale
3.     Le rôle de la France
Bibliographie


v Les débuts
1.     Enfance et parcours scolaire
Fils de Jean Baptiste Ntibazilikana et Suzanne Nyirazuba, Juvénal Habyarimana naquit en fin de matinée le 8 mars 1937 à Gasiza au Bushiru dans le Nord-Ouest du Rwanda, en province actuelle de Gisenyi. L’enfant qui venait de naître dans la ferveur chrétienne fut considéré comme un don de Dieu, comme son nom l’indique « Seul Dieu donne la vie », abrégé d’un proverbe rwandais Habyara Imana, abantu bakarera « Dieu pourvoit à l’essentiel, aux hommes revient l’accessoire ». De 1945 à 1951, le jeune Juvénal fréquente l’école primaire à l’école paroissiale de Rambura, puis à la mission catholique de Nyundo.
Dès qu’il ne se sentit plus la vocation de devenir prêtre, il demanda de son propre gré au Père Supérieur de pouvoir quitter le Séminaire. Ce dernier connaissait les Pères Barnabites de Bukavu (Congo Léopoldville à l’époque), il donna à Habyarimana une lettre de recommandation. C’est ainsi qu’il put intégrer sans difficulté l’Ecole des Barnabites « Collège interracial de Bukavu ». Il y fit de nouvelles rencontres parmi lesquelles, le statisticien Siméon Nteziryayo originaire de la préfecture Cyangugu, qui sera plus tard son Ministre à partir de 1975. Diplômé en sciences gréco-latines, il se fit inscrire à la faculté de médecine de l’Université Lovanium à Kinshasa. Les évènements survenus au Congo[1] obligent Juvénal Habyarimana à interrompre ses études. Il rentre au Rwanda et s’inscrit à l’école naissante des officiers. Débutait alors sa carrière militaire.

(Juvénal Habyarimana ©inconnu)

2.     Ascension dans l’armée
Le 10 novembre 1960, Habyarimana se fit enrôler à l’Ecole naissante des officiers. Il va passer le brevet de parachutiste et finira major de sa promotion avec le matricule 001. Habyarimana sera sous lieutenant devenant ainsi dès Décembre 1961, le premier officier rwandais. 1er juillet 1962, Le Rwanda accède à l’indépendance. Juvénal Habyarimana est promu Lieutenant la même année. C’est à lui que revient l’honneur de porter le drapeau du Rwanda, le jour de l’indépendance. C’est pendant les festivités que Juvénal Habyarimana prend connaissance de sa future épouse Agathe Kanziga (qui se trouve là parmi les femmes de service) par l’entremise de son frère Protais Zigiranyirazo.  Au fil des années, il gravit les échelons dans l’armée. Habyarimana est capitaine en 1962. Un an plus tard, il est commandant et chef d’Etat major de l’armée rwandaise, major en 1964, colonel en 1970 et Général major en 1973. C’est sous son commandement que l’armée va vaincre les tutsi chassés du Rwanda lors de la révolution de 1959 ( lire en bas) et qui voulaient y revenir par la force. Grace à cette victoire que Juvénal Habyarimana entre au gouvernement en 1965 comme Ministre de la Garde nationale et de la Police, succédant à Calliope Mulindahabi. Il devient ainsi un des premiers collaborateurs du président Grégoire Kayibanda[2]. Ce poste cumulé à son grade dans l’armée lui permet d’être un des pontes du régime et un homme puissant dans l’appareil d’Etat.

v Histoire du Rwanda
Situé dans la région des Grands Lacs, le Rwanda a été le théâtre des grandes migrations bantoues et se compose donc d’une population brassée avec les Twa (Pygmées). Ce métissage a été si complet que l’on peut parler, dès le 18ème siècle, et sans doute avant, d’une civilisation commune, tous les habitants parlant la même langue : le kinyarwanda.
La colonisation belge a ancré l’idée que la distinction entre les Tutsi et les Hutu était un clivage entre deux ethnies différentes : elle représentait les hutu comme des Bantous qu’elle jugeait inférieurs et les Tutsi comme des populations descendant des Hamites, donc supérieurs à eux.
En 1899, affaibli par des querelles de successions, le Mwami (souverain) reconnut le protectorat allemand. L’Allemagne affirma sa suprématie en intervenant dans les affaires intérieures du royaume. La mise en valeur du territoire revient à la DEUTSCHE OSTAFRICA GESELLSCHAFT[3]. Avec la défaite de l’Allemagne lors de la première guerre mondiale, des mutations vont s’opérer en Afrique. En effet, L’Allemagne perd ses colonies africaines qui sont placées sont tutelle de la Société Des Nations (S.D.N.). C’est ainsi qu’en 1922, la SDN fit du Rwanda un territoire sous mandat confié à la Belgique. Cette dernière renforce le pouvoir des monarchies Tutsi. «Les «Hutu » furent systématiquement écartés des postes à responsabilité, qui furent essentiellement confiés aux grands lignages issus des clans royaux (Nyiginya et Bega). En octobre 1959, tous les chefs en place (sur un total de 45) et 549 sous-chefs (sur 559) étaient étiquetés «Tutsi» au Rwanda. »[4] 
La colonisation Belge présentait les hutu et les tutsi comme des ethnies qui s’opposaient, ce qui semait déjà les germes d’une division. « Peu à peu, la formulation historique de l’ethnicité, initialement élaborée par les Européens sur le mode des ‘’races’’, fut reprise par des Rwandais, intériorisée, relatée, enseignée «jusqu’à constituer un corps de croyances partagées par une minorité instruite, croyances qui non seulement assignaient un destin historique aux formes immédiatement coloniales de l’inégalité sociale, mais fondaient en nature l’accès privilégié à des styles de vie européanisés »[5]
Après la seconde guerre mondiale, face aux tutsi qui militaient pour l’indépendance, les Belges changèrent de cap. Ils encouragèrent des révoltes et poussèrent les Hutu à prendre les rênes du pays. Ce qui va finir par arriver, les Tutsi seront chassés lors de la révolution de 1959. Ainsi, les Tutsi quittèrent le pouvoir après plusieurs siècles au profit des hutu, dans un moment crucial : la préparation de l’indépendance du Rwanda.



1.     Rwanda – Burundi, l’histoire d’une fraternité singulière

(Ancien drapeau du Rwanda)
Ces deux pays partagent une histoire bien singulière. Ils sont habités par les mêmes communautés culturelles aux mêmes proportions : Les hutu majoritaires, les Tutsi et les Twa. Avant la colonisation, les deux pays étaient gouvernés par des monarchies Tutsi. Ils furent aussi des colonies allemandes avant d’être sous protectorat de la Belgique après la seconde guerre mondiale. Au Burundi, la Belgique développe le même système qu’au Rwanda. Durant la colonisation, elle privilégie les tutsi au détriment des Hutu ce qui jette les bases d’une tension sociale. Il faut noter aussi qu’avec la colonisation belge, ces deux pays sont unifiés sous le nom du Ruanda-Urundi, l’éclatement verra le jour avec l’indépendance des deux pays en 1962.
(Drapeau du Burundi)

 Cependant un changement va naitre au moment de l’indépendance. Au Rwanda, avec la poussée des « nationalistes » Tutsi qui réclamaient l’indépendance, la Belgique va pousser les hutu à se révolter et à prendre le pouvoir. Ce qui va s’effectuer avec la révolution de 1959.
Au Burundi, les choses ne seront pas bouleversées, les Tutsi seront à la tête du pays au moment de l’acquisition de la souveraineté. Une monarchie constitutionnelle va s’instaurer.

(Michel Micombéro © inconnu)
 En 1966, Michel Micombéro, premier ministre renversa la royauté et fit du Burundi une république avec un régime autoritaire. Ce qui fait qu’à partir de 1966, on a l’installation de deux républiques, celle du Rwanda dirigée par un Hutu (Grégoire Kayibanda) et celle du Burundi dirigé par un Tutsi (Michel Micombéro). Et comme nous l’avons précédemment noté, les hutu sont majoritaire dans les deux pays. Avec cette configuration, on note une relation de vases communicants. Ce qui se passe dans un pays entraine automatiquement des conséquences dans l’autre.
(Grégoire Kayibanda en Janvier 1968 à Paris ©getty images)

2.     Contexte de l’arrivée d’Habyarimana au pouvoir
Comme nous l’avons souligné dans les lignes précédentes, les liens entre le Rwanda et le Burundi furent très déterminants. Au Burundi on a un président de la République Tutsi qui instaure un régime dur. C’est le même cas au Rwanda mais là dans le sens contraire car le président est hutu. Un événement va bientôt mettre le feu à une relation déjà tendue entre les deux pays. Au Burundi, «D’avril à juin 1972 de 100 000 à 200 000 Hutu tombèrent sous les coups de l’armée et des Jeunesses révolutionnaires rwagasore, l’une et l’autre dominées par des éléments Tutsi. »[6]  Il faut noter aussi que bien avant cette date, la tension était latente : « depuis le 19 octobre 1965, date qui marque l’échec du coup de force organisé par un groupe de gendarmes et de militaires hutu contre la monarchie, les relations entre élites hutu et tutsi n’avaient cessé de se détériorer »[7]. Avec ce « génocide de 1972 »[8] au Burundi contre les hutu majoritaires, des conséquences vont voir le jour au Rwanda, dirigé par un Hutu. Grégoire Kayibanda instaura un régime dur où les tutsi perdent de plus en plus de liberté. A travers les ondes de la radio, Kayibanda et Micombéro se rendent des mots aigres-doux.  S’agissant de la politique interne au Rwanda, la gouvernance de Grégoire Kayibanda exacerba les tensions entre Tutsi et Hutu. En plus de cela, le président est taxé de régionaliste en nommant les gens de sa zone d’origine au détriment des habitants du Nord. Les leaders du Nord (Balthazar Bicamumpaka, Otto Rusingizandekwe, Lazare Mpakaniye) exclus du gouvernement deviennent des opposants. En Février 1972, une décision de Grégoire Kayibanda va attiser les braises d’une tension déjà naissante. En effet, Les Capitaines Jean Baptiste Seyanga et André Bizimana entrent au gouvernement, sans consultation préalable de la hiérarchie militaire en l’occurrence Juvénal Habyarimana, Ministre de la Garde nationale et de la Police. C’est un signe de défiance envers l’armée rwandaise recrutée majoritairement dans le Nord. Grégoire Kayibanda pense ainsi rééquilibrer l’autorité au sein de l’armée où les Sudistes ne sont pas suffisamment représentés. En Mai 1973, Kayibanda révise la constitution. Cette modification lui offre bien des avantages et lui permet à terme de régner en maitre, dans un moment où il commençait à devenir impopulaire. Le 26 Juin 1973, Redoutant l’éventualité d’un coup d’Etat, le pouvoir politique entreprit de modifier la composition de l’armée par la fusion de la police et de la garde nationale, dans un délai contraignant de 4 jours, sans consultation préalable du Ministre de la Garde Nationale même si celui-ci devait participer à la commission de triage. Le résultat escompté était une plus grande représentation de sudistes à l’armée. L’opération n’ayant pas été minutieusement préparée, le résultat fut insignifiant.C’est dans ce contexte que le 4 Juin, un coup d’Etat porte au pouvoir Juvénal Habyarimana.

v Gouvernance Habyarimana
1.     Politique
Aux amarres désormais, Habyarimana entame son processus de réconciliation nationale. Le 1er Aout 1973, le premier gouvernement est connu. Il est composé d’une majorité de civils et quatre militaires dont le Président de la République (Habyarimana).
(Juvénal Habyarimana en Juillet 1975, en arrière plan à droite Idi Amin Dada ©getty images)
En 1975, Habyarimana met à jour sa formation politique. C’est la naissance du Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement (MRND)[9]. Au lendemain du 5 juillet 1973, toute activité politique avait été interdite, les organes du parti MDR-Parmehutu[10] qui était devenu parti unique, avaient été suspendus, l’Assemblée nationale avait été dissoute. Avec la fondation du MRND, le Rwanda renouait avec l’activité politique dans un nouveau climat de paix et d’unité nationale. Juvénal Habyarimana cherchait ainsi à rassembler les Rwandais dans un mouvement politique unique avec pour priorité le développement. Cependant, bien qu’il cherchait à réaliser l’unité nationale, la césure entre hutu et tutsi se manifestait toujours. Les quotas de Tutsi à engager dans l’administration existaient toujours ainsi que la mention de l’ethnie sur la carte d’identité nationale. En Décembre 1978, Habyarimana conforte son pouvoir en étant élu au suffrage universel à 99 pour cent. A noter qu’il était le seul candidat. Deux ans plus tard, Habyarimana essuie une tentative de coup d’Etat fomenté par le Major Théoneste Lizinde le tout puissant chef des renseignements, de connivence avec l’ancien Gouverneur de la Banque Nationale, Jean Berchmans Birara et le Colonel Alexis Kanyarengwe[11]. Le motif du coup d’état était la complaisance et le favoritisme du Président Habyarimana à l’égard de l’ethnie tutsi et l’abandon de la ligne révolutionnaire antimonarchiste et antitutsi. A noter que le colonel Alexis Kanyarengwe sera une des têtes de proue du Front Patriotique Rwandais quelques années plus tard.
Sur le plan international, Habyarimana est un acteur dynamique. En Aout 1974, Le Président Habyarimana est élu Président en exercice de l’OCAM (Organisation Commune Africaine et Mauricienne) à Bangui. De plus en plus, il prend de l’envergure. Du 21 au 22 mai 1979, le Rwanda accueille le 6ème sommet franco-africain à Kigali où 13 chefs d’état sont présents. Comme dans presque tous les pays francophones d’Afrique, le sommet de la Baule de Juin 1990 ouvre la porte de plusieurs mutations. Une ouverture démocratique s’enclenche. Certains leaders qui ont duré au pouvoir partent tandis que dans d’autres pays on assiste au phénomène des conférences nationales. Au Rwanda, cela se manifeste par la fin du parti unique fort et l’émergence de l’opposition.
(Juvénal Habyarimana ©getty images)
2.     Economie
En Février 1974, Habyarimana entame le lancement des travaux communautaires « umuganda ». Il entendait ainsi réhabiliter le travail manuel, mobiliser la population pour les travaux communautaires dans le concept de « développement endogène, auto-entretenu et autocentré » dont le premier principe fut de compter d’abord sur les propres efforts de la population rwandaise. Au cours des années 80, des changements structurels s’amorcent dans le secteur agricole. Si, jusqu’en 1983, la production agricole s’était accrue au rythme de la population, c’est-à-dire, 3,6% par an grâce principalement à l’accroissement des terres mises en culture, et, dans une faible proportion, grâce à l’accroissement des rendements agricoles, les années 84-85 marquent le début de la baisse des rendements[12] . Le modèle agricole atteint ses limites. En 1989, une famine s'abat dans le sud du pays mettant en évidence une nouvelle fois les limites du système d'exploitation des terres. Le pays, à peine autosuffisant au niveau alimentaire, subit de nouvelles pertes de production agricole lorsque la guerre déplace 300.000 personnes à partir du mois d'octobre 1990, puis 1 million à partir du mois de février 1993. L’agriculture, principal secteur de l’économie rwandaise est en crise et les cours mondiaux des principaux produits d’exportation du pays, comme l'étain, le thé et le café s’effondrent successivement en 1985, 1986 et 1987. La balance commerciale, déficitaire depuis le début des années 80, se détériore encore davantage à partir de 1985 lorsque chute le cours mondial de l’étain et son déficit s'accoît lorsque les prix du thé et du café baissent de 35% et 40% entre 1985 et la fin des années 80[13] . Le montant des exportations diminue régulièrement à partir de 1986 pour atteindre en 1991 la moitié de son niveau de 1986; cette baisse se poursuit jusqu'en 1994. Les importations s'élèvent en flèche en 1987 et 1988 pour baisser ensuite, puis reprendre leur envolée à partir de 1991. Entre 1991 et 1994, le montant des importations croît de 61%. La balance des comptes courants devient également déficitaire à partir du début des années 80 et son déficit s'accentue entre 1987 et 1990. En 1991, la balance des paiements n'est positive que grâce à la hausse des transferts.

v Le Front Patriotique Rwandais ( F.P.R.)
1.     Origines
Comme relaté dans les lignes précédentes, les Tutsi ont fait l’objet d’attaques et ont été maintes fois obligés de s’exiler. Cela avait débuté déjà en 1959 avec la révolution qui portait les Hutu au pouvoir. En 1972, avec les répercussions des événements au Burundi, les tutsi rwandais étaient aussi obligés de fuir. Ainsi donc avec le régime de Kayibanda et de Habyarimana après, des vagues de migrations ont eu lieu et les tutsi sont allés vers les pays voisins tels que l’Ouganda. Ils vont s’organiser. Ils fondent le Rwandese Alliance for National Unity (l'Alliance rwandaise pour l'unité nationale). Ce mouvement sera l’ancêtre du F.P.R.
Pour comprendre la naissance du FPR, il faut aussi prendre en compte les événements qui se passent en Ouganda. En effet, ils seront déterminants dans la naissance du FPR.
2.     La situation en Ouganda
En effet, après avoir chassé un certain Idi Amin Dada du pouvoir, Milton Obote[14] se réinstalle à la tête de l’Ouganda en 1980. Etant un ami du président Grégoire Kayibanda, il ne supportait pas la mort de ce dernier en résidence surveillé.
(Milton Obote ©getty images)
 Aussi, Obote avait une haine viscérale contre les tutsi. En 1982, Il expulse des milliers de réfugiés rwandais. Le président Habyarimana ferme la frontière rwandaise en invoquant «l’exiguïté» du territoire national. Pris en étau, un grand nombre de Tutsi va s’engager dans le maquis de Yoweri Museveni[15] qui combattait le régime de Milton Obote. Dans ce grand nombre de Tutsi qui va se battre au coté de Museveni, on a un certain Paul Kagamé[16]. La rébellion de Museveni entre à Kampala en 1986 après que le président Milton Obote ait été renversé quelques temps plutôt par Tito Okello.


(Yoweri Museveni ©getty images)
Ainsi donc, Yoweri Museveni gagna la guerre et devient le président de l’Ouganda, dans son armée quelque 3000 Tutsi[17] qui avaient fait la guerre à ses cotés. Ces tutsi auront pour vœu de revenir dans leur pays : le Rwanda. Museveni va inclure les têtes de proue des réfugiés tutsi rwandais dans son gouvernement. C’est ainsi que le futur chef militaire du FPR, Fred Rwigyema[18], devient vice-ministre de la Défense et chef d’état-major et Paul Kagame, chef des services de renseignements militaires. Avec désormais Yoweri Museveni comme appuie, on assiste à la création du FPR en 1987, un an seulement après la venue de Museveni au pouvoir.
(Des supporters du FPR © getty images)

v Habyarimana face au FPR
Les 29 et 30 septembre 1990, le Sommet mondial pour les enfants a rassemblé au siège de l'Organisation des Nations Unies un grand nombre de dirigeants. Juvénal Habyarimana est de la partie. Les rebelles du FPR vont profiter de cette absence du chef de l’Etat pour lancer leur première incursion sur le territoire rwandais. A noter que ces soldats venaient de l’Ouganda, certains d’entre eux même portaient l’uniforme de l’armée ougandaise. C’est dans les combats que Le major Rwigyema, chef du FPR est tué par une mine (selon le FPR) dans la région de Gabiro, à l’Est (dans le parc de l’Akagera), à quelque 80 kilomètres au nord de Kigali. Alexis Kanyarengwe qui était en exil depuis son coup d’Etat raté au Rwanda en 1980 avait entre-temps rejoint le FPR. Avec la mort de Rwigyema, il sera promu président du FPR mais les pouvoirs réels sont détenus par Paul Kagamé.
Juvénal Habyarimana, pris de court, va organiser la résistance. Il fait appel à Paris et Bruxelles, Kinshasa apporte son aide aussi. La France reprend la thèse de l’agression extérieure et dépêche deux compagnies et un «élément militaire technique» dotés de mortiers dans le cadre de l’opération Noroît chargé d’évacuer ou d’assurer la protection des quelque 500 ressortissants français du Rwanda. En réalité, c’est pour protéger le gouvernement d’Habyarimana. Au fil des années, le FPR va gagner du terrain. Habyarimana en proie à des problèmes internes a du mal à organiser son armée. En effet, la Belgique et le Congo ont retiré leurs forces, restaient que celles françaises mais en effectif réduit. C’est ainsi qu’Habyarimana fut obligé d’entamer des négociations avec le FPR.
1.     Les accords d’Arusha
Ce 4 août 1993, dans la ville tanzanienne d’Arusha, le Rwanda semble enfin sortir du tunnel. La paix doit être signée entre le gouvernement Rwandais et le FPR. Entamées en juin 1992, les négociations de paix et de partage du pouvoir qui allaient se traduire par les accords d’Arusha étaient censés mettre un terme définitif à la crise que traversait le pays. Seulement la nature de ces accords avait déjà en elle les germes d’une division. En effet ces accords fragilisent le pouvoir de Juvénal Habyarimana qui fait face à une force montante : le FPR. Habyarimana est désormais obligé de composer avec l’opposition et le FPR ; « Les deux parties acceptent Monsieur TWAGIRAMUNGU Faustin[19] comme Premier Ministre du Gouvernement de Transition à Base Elargie en référence aux articles 6 et 51 du Protocole d’Accord entre le gouvernement de la République Rwandaise et le Front Patriotique Rwandais sur le partage du pouvoir dans le cadre d’un Gouvernement de Transition à Base Elargie. »[20]
Les accords prévoient aussi l’insertion de l’armée du FPR dans celle du Rwanda. Un attelage ne pouvait être pire. D’une part, on a des tutsi anglophones, formés dans la rébellion ; de l’autre on a des militaires hutu formés dans une armée nationale francophone et dans une idéologie où ce sont eux «  les maitres ». Comment faire cohabiter ceux là ?
Aussi avec la signature des accords d’Arusha, Juvénal Habyarimana va se faire des ennemis : les Hutu extrémistes qui digèrent mal le fait qu’il ait signé ces accords. Patrick Mazimhaka, qui était alors le commissaire du FPR chargé des Relations extérieures raconte
« Tout comme Kanyarushoki, Bagosora[21] n’acceptait pas l’idée d’un retour des exilés tutsi dans leur pays. Pour eux, le gouvernement devait rejeter purement et simplement les revendications du FPR et recommencer la guerre. En marge des sessions de négociation, quand nous avions des discussions informelles avec eux, ils ne faisaient pas mystère de leur position. »[22]
Quoi qu’il en soit, les accords ont été signés. Et peu de temps après ils vont faire l’objet d’entorses. Ce qui va accentuer le climat déjà hostile. Aussi des événements extérieurs venant du Burundi encore une fois vont porter l’estocade à toute idée de paix.
2.     Les moteurs du génocide
L’ampleur du génocide rwandais est le résultat de l’aboutissement de plusieurs canaux. Pour comprendre les moteurs du génocide rwandais, il faut revenir sur le début des années 1990 après la première grande offensive du FPR. En 1992, on assiste à la création des  Interahamwe « (le terme Interahamwe désigne « ceux qui travaillent ensemble »). A l’origine, le terme définissait le mouvement des jeunes du MRND mais avec les attaques du FPR, il se mue en milice. En 1992, dans le contexte de négociation des accords d’Arusha, des miliciens Interahamwe font plusieurs dizaines de blessés parmi des manifestants de l’opposition descendus dans les rues pour soutenir l’accord d’Arusha.
L’année 1993 marquera un tournant dans l’histoire du Rwanda. Deux événements vont favoriser le chaos.
Le premier événement est l’attaque de grande envergure du FPR en Février 1993. Cette attaque inflige une déroute aux forces gouvernementales, près d’un million de hutus prennent la fuite.
Le deuxième événement se passe au Burundi. Comme nous l’avons expliqué dans les lignes plus hautes, le Burundi et le Rwanda entretiennent des relations fortes. Les hutu sont majoritaires dans les deux pays. La différence est que depuis 1959, les hutu dirigent au Rwanda alors que ce n’est pas le cas au Burundi où la minorité Tutsi est au pouvoir. Le 10 juillet 1993, Melchior Ndadaye[23] est élu au Burundi comme président de la république au suffrage universel. Il devient le premier président Hutu du pays. Après seulement 3 mois à la tête du pays, Melchior Ndadaye est sauvagement assassiné par des militaires Tutsi. La violence s’installe et attise la colère des hutu du Rwanda.
C’est dans ce contexte qu’on assiste à la naissance d’un mouvement extrémiste : le « Hutu power ». Ce mouvement va connaitre un effet immédiat. Les extrémistes de ce mouvement viennent au devant de la scène. Le mouvement va devenir de plus en plus radical et se renforce au moment où le pouvoir d’Habyarimana est fragilisé par les accords d’Arusha. Ces derniers sont un échec et les hutu extrémistes pensent que Habyarimana les a trahi en signant cet accord. Cette tension déjà montante va être accentuée par la radio. Créée en 1993, la Radio-télévision des Mille Collines, appelée aussi Radio Mille Collines (RTLM), est la seule radio privée du Rwanda à cette époque. Elle a d'ailleurs été créée pour concurrencer la Radio Rwanda, la radio nationale dont les programmes ne convenaient pas aux proches du président Habyarimana et à son parti politique[24]
(Propagande de la RTLM © Youtube)

La RTLM permettra aux extrémistes hutu de propager leurs appels à la haine raciale. Très vite, elle s’érige comme l’instrument des Hutu extrémistes contre le président Habyarimana. Les figures de Ferdinand Nahimana[25] et de Théoneste Bagosora émergent et s’érigent comme les leaders des extrémistes Hutu. Les armes blanches investissent massivement le Rwanda dans l’année 1993 souvent par le concours d’hommes d’affaires Hutu.
Le 3 Avril 1994, une information étrange est lancée dans les ondes de la radio des milles collines en ces termes : « Le 4 et le 5 (Avril 1994), il va se passer un petit quelque chose, à Kigali en ces jours de Pâques. Une petite chose est prévue à Kigali. Cette chose va continuer les jours suivants »[26] . Ainsi le Rwanda s’apprêtait à vivre les pages les plus sombres de son histoire.
v L’assassinat de Juvénal Habyarimana
1.     Le film de l’assassinat
Soir du 5 Avril, Cyprien Ntaryamira président du Burundi appelle le président Juvénal Habyarima pour lui demander de l’amener dans son avion à la rencontre en Tanzanie le lendemain car le sien a été retenu en Ouganda par la délégation burundaise à Kampala. Habyarimana accepte volontiers. Le matin du 6 Avril, Juvénal Habyarimana envoie l’avion à Bujumbura pour prendre Ntaryamira. Cela fait, l’avion revient à Kampala pour le récupérer. C’est ainsi que l’appareil amena les deux présidents en Tanzanie. Le voyage se déroule sans incidents. La réunion initiée par le président tanzanien avec ses pairs de la sous région se termine plus tard que prévue. Lorsqu’elle fut achevée, la nuit est déjà tombée. L’avion décolle, destination Kigali. Vers 20h15, le Falcon 50 est en approche de l’aéroport de Kigali. A noter que domicile du président Habyarimana est tout près de l’aéroport.
20h27, l’avion présidentiel a amorcé son atterrissage, la signalisation de la piste est bien allumée puis on entend une forte détonation, un tir de missile, puis un second. Agate Habyarimana, épouse de Juvénal raconte : « Pour commencer, nous avons entendu des bruits, des missiles mais je ne pouvais pas savoir que c’était son avion. Je me disais ce n’était pas son avion mais les enfants qui étaient dehors à la piscine ils ont dit Papa arrive, papa arrive mais moi j’étais à l’intérieur de la maison, je ne pouvais m’imaginer que c’était son avion et nous avons entendu ce bruit. Et quand Jean Luc est venu me dire maman nous croyons que c’est l’avion de notre papa moi je lui ai dis que peut être ce n’était pas son avion… »[27]
L’avion qui ramenait les deux présidents a été abattu. Des débris de l’avion abattu vont tomber même dans le jardin du domicile de Habyarimana. Son propre fils Jean Luc, va identifier son corps. Il dira «…Finalement on a fini par trouver les corps par morceaux et donc petit à petit on ramassait les corps et en un moment donné, on est tombé sur le corps de mon père qui était d’ailleurs le seul reconnaissable par le visage et je suis allé dire à ma mère qu’on a retrouvé le corps »[28]
Ainsi donc, ce 6 Avril 1994, Juvénal Habyarimana est assassiné avec son chef d’Etat major. Après cet assassinat, un projet est entamé. C’est le début de ce qui sera appelé le génocide rwandais.
(Soldat du FPR regardant un débris de l’avion ©getty images)

2.     Qui a tué Juvénal Habyarimana ?
A cette question, différentes réponses font surface accusant d’une part le FPR et d’autre part les extrémistes hutu. La question reste assez sensible et difficile à élucider. Certains militaires français comme Paul Barril affirment que se sont les militaires du FPR qui ont commis l’attentat. En France, l’enquête est tout sauf chose aisée. N’oublions pas la position ambigüe de la France dans le conflit, elle qui était du coté du gouvernement rwandais. Donc en toute logique chaque partie va tirer la couverture vers elle.
D’une part, la thèse rwandaise impute la responsabilité de l’attentat contre le Falcon 50 présidentiel aux extrémistes hutus des Forces armées rwandaises (FAR, loyalistes). Celles-ci auraient voulu éliminer le président Habyarimana pour faciliter un coup d’État et promouvoir une ligne dure à l’égard des Tutsis. Kigali a d’ailleurs présenté un rapport d’enquête affirmant que les tirs provenaient du camp militaire de Kanombe, une importante base des FAR, jouxtant l’aéroport et la résidence présidentielle au sud-est.
D’autre part, on a la position de la France. Au final, trois juges se seront succédé sur ce dossier. Le premier, Jean-Louis Bruguière, avait délivré en 2006 des mandats d’arrêt contre neuf proches de l’actuel régime. Ce qui avait entraîné une rupture temporaire des relations diplomatiques entre les deux pays. Fait marquant : son successeur Marc Trévidic a effectué lui une enquête balistique sur place en 2011. Enfin, Jean-Marc Herbault et Nathalie Poux ont eux tenté de confronter un nouveau témoin à l’actuel ministre rwandais de la Défense James Kabarebe, sans succès. Le juge Herbault finit par clôturer le dossier en 2017, peu avant le rapprochement diplomatique entre la Kigali et Paris. Ce rapprochement se symbolise avec l’élection de Louise Mushikiwabo à la tête de l’organisation internationale de la Francophonie.
Avec l’aide de Mobutu, la dépouille de Juvénal Habyarimana sera récupérée et enterré à Gbadolite au Congo au moment où le Rwanda vivait des heures graves.
v Le génocide Rwandais
1.     Le déroulement
Seulement quelques heures après l’assassinat de Habyarimana, les extrémistes hutu entreprennent massacre des Tutsi et des personnalités politiques de l’opposition. Ils s’attaquent aussi aux hutu modérés qui peuvent être une entrave au projet génocidaire. Voici le récit de Joseph Ngarambe
« La mise oeuvre du génocide rwandais commence à Kigali près de 30 minutes après la chute de l’avion présidentiel, c’est-à-dire le 6 avril 1994, aux environs de 21 heures. C’est en ce moment que la Garde présidentielle investit les carrefours des quartiers de Kimihurura et Kacyiru, arrêtant tous les véhicules qui passent. Ce sont des soldats menaçants, vociférants, qui font sortir tous les passagers des véhicules, avec une extrême brutalité. Ils demandent des cartes d’identité qu’ils vérifient à la lumière des lampes torches. Ils rouent de coups de bottes et de crosses ceux dont ils n’apprécient pas les mentions de la carte d’identité (origine ethnique ou géographique). Ils entraînent quelques-uns dans les buissons environnants et, quelques mètres plus loin, des cris d’agonie parviennent déjà aux oreilles de la foule de plus en plus grossissante assise sur l’herbe. […] Vers 5 heures du matin, la population de Kigali, celle qui a dormi en ignorant le terrible événement, est brutalement réveillée, plongée dans l’apocalypse. Dans les principaux quartiers de Kigali, c’est le bruit de rafales d’armes de tous calibres, de grenades, à une cadence et avec une intensité effrayantes. C’est le coup de départ d’une gigantesque battue. »[29]
La premier ministre Agathe Uwilingiyimana est assassinée dès le 7 Avril alors qu’elle tentait dans se réfugier dans les locaux du Programme des nations unies pour le développement (PNUD). Dix casques bleus belges chargés de la protéger sont tués.
(Agathe Uwilingiyimana©getty images)
La formation d’un nouveau gouvernement extrémiste, le 8 avril 1994, facilita le plan des idéologues du génocide[30]. Théodore Sindikubgabo devient président de la République, Jean Kambanda[31] est le Premier ministre mais en réalité, le vrai leader est Théoneste Bagosora.
 Dès leur entrée en fonction, les nouvelles autorités s’employèrent à permettre au génocide de s’étendre et de se réaliser avec efficacité. C’est dans ce contexte que les régions méridionales et centrales du pays furent entraînées dans la violence génocidaire à partir du 9 avril 1994. A partir du 12 avril 1994, ces autorités ameutèrent la population contre les Tutsi qu’elles accusaient de vouloir exterminer les Hutu. La première phase, du 6 au 11 avril 1994, consistait à éliminer les Tutsi sur la base de listes préétablies. Au cours de cette phase dite des « cibles prioritaires », les organisateurs du génocide avaient déjà distribué aux bandes de tueurs des listes comportant des noms des personnes particulièrement visées. il s’agissait également d’éliminer toutes les personnalités hutu susceptibles de prendre légitimement le pouvoir et de s’opposer à l’exécution du génocide. L’assassinat du Premier ministre, Agathe Uwiringiyimana, des deux candidats probables à la présidence de l’Assemblée nationale de transition, Félicien Ngango du PSD et Landoald Ndasingwa du PL, du ministre PSD Frédéric Nzamurambaho et de Joseph Kavaruganda, président de la Cour constitutionnelle, s’inscrivait dans cette logique. La deuxième phase consistait à éliminer les Tutsi non pas en tant qu’individus particuliers, mais en tant que membres d’un groupe désigné comme tel. Cette phase se situe entre le 12 avril et 1er mai 1994. La troisième phase de l’exécution du génocide des Tutsi commença vers le 2 mai 1994. Elle suit l’anéantissement des victimes dans des lieux de rassemblement et la mise à mort de celles qui sortirent de leurs cachettes. Elle se caractérise par des actes de ratissage sur les collines, dans les maisons désertées, dans les décombres des habitations. Au cours de cette phase, les paysans armés par le régime dans le cadre de « l’autodéfense civile » se chargeaient de vider des localités entières de leurs habitants tutsi[32]

2.     La communauté internationale
Face à un des plus grands massacres du siècle, l’activité de la communauté internationale a été tout sauf irréprochable. La MINUAR (Mission d’assistance des Nations Unies au Rwanda), unité de maintien de la paix a été établie le 5 octobre 1993 par la résolution 872 du Conseil de Sécurité. Peu de temps après sa création, en décembre 1993, les forces armées et les officiels des Nations unies disposaient d’assez d’informations relatives à un plan d’extermination des Tutsi. L’ONU fut constamment informée de la prolifération d’armes légères dans la population en dehors des nécessités objectivement reconnues. Dans ce contexte, le 11 janvier 1994, un télégramme du général canadien Roméo Dallaire[33] en charge de la Minuar communique aux Nations unies ses informations sur un plan d’extermination des Tutsi (prévoyant la mise à mort possible de «mille personnes en vingt minutes»), de l’entraînement et de l’armement des miliciens interahamwe et de diverses manifestations organisées par des militaires et des gendarmes contre des opposants hutu et des casques bleus belges en vue de provoquer le FPR et de lancer une guerre civile. Il propose un raid sur les caches d’armes. Se rappellant de la catastrophe au Somalie, L’Onu reste réticente à cette idée. En réponse, le chef de la Direction des opérations de maintien de la paix des nations unies (DOMP), Kofi Annan, lui rappelle les limites de son mandat et lui demande d’informer le président Habyarimana.
Alison Des Forges dénonce la passivité des Nations unies et des puissances qui avaient une influence directe sur le Rwanda face aux préparatifs des massacres : « Les préparatifs des violences s’effectuèrent sous les yeux d’une force de maintien de la paix des Nations unies […]. En tant que gouvernements étrangers les plus impliqués au Rwanda, la France, les États-Unis et la Belgique suivaient la situation qui se détériorait […]. Malgré les signes visibles d’une violence imminente, la France comme les États-Unis ne s’engagèrent dans aucune nouvelle initiative et continuèrent à opérer à l’intérieur des cadres limités caractérisant leur politique au Rwanda depuis un certain temps […] ; la France était certainement au courant des préparatifs des tueries des Tutsi et des opposants au Hutu Power[34]. »
Quelques jours après le début du génocide, les diverses positions tenues par la Mission d’assistance au Rwanda (MINUAR) seront abandonnées à leur sort, malgré la parole de l’ONU. Ce sera notamment le cas des quelque 2 000 Tutsi qui s’étaient réfugiés dans l’École technique officielle (ETO) de Kigali. Moins d’une dizaine d’entre eux survivront, par miracle, au massacre qui suivra immédiatement le départ subreptice et soudain de la petite centaine de soldats belges censés les protéger.
La volonté, plutôt molle avant le 6 avril, de protéger les civils explosa dès le 7, suite au massacre du Premier ministre désigné, Agathe Uwilingiyimana[35], et des Casques bleus qui tentaient de la protéger. Le massacre à froid des dix militaires belges eut exactement l’effet qu’avaient prévu avec cynisme les planificateurs du génocide. Comme ils l’avaient anticipé, ce massacre provoqua le rapatriement dans la panique des contingents onusiens. Non contente de rappeler son contingent, la Belgique prit la tête d’un mouvement qui parvint presque à mettre un terme toute l’action de l’ONU au Rwanda. Tandis que le génocide entraînait chaque jour la mort de dizaines de milliers de personnes, le Conseil de Sécurité, chaque jour et ignorant les pressants appels à sa fin de l’OUA et des gouvernements africains, a plutôt opté pour réduire de moitié les forces des Nations Unies alors même qu’elles auraient dû être massivement renforcées […] En bout de ligne, pas un seul soldat de plus ni une seule pièce supplémentaire d’équipement militaire n’est parvenu au Rwanda avant la fin du génocide.[36]
3.     Le rôle de la France
L’intervention de la France dans ce pays, qui n’a pas été une de ses colonies, ne relève pas de mobiles humanitaires mais d’une politique globale en Afrique. Le Rwanda fait partie du pré carré de la francophonie. L’Élysée estime que celle-ci est menacée par les « Anglo-Saxons » qu’incarne le président ougandais, Museveni. Ce qui fait que la France va entretenir de très bonnes relations avec le Rwanda. A partir de 1981, avec l’élection de François Mitterrand, les relations franco-rwandaises sont encore plus étroites, renforcées par l’amitié entre les fils des deux présidents : Jean-Christophe Mitterrand et Jean-Pierre Habyarimana.


(François Mitterand et Juvénal Habyarimana ©getty images)
L’Élysée et les responsables de l’armée française perçoivent l’attaque du 1er octobre 1990 comme un cas d’école du complot anglo-saxon visant à déstabiliser le domaine francophone. La France intervient au Rwanda pour aider un pays allié victime d’une invasion étrangère. La mission militaire française, envoyée sous le nom de code « Noroît », est officiellement là pour protéger les ressortissants étrangers. En fait, elle a pour mandat d’aider les forces armées rwandaises à gagner la guerre. Après l’attaque du FPR de 1990, les forces belges et congolaises qui soutenaient l’armée du Rwanda se retirent. Les forces françaises restent pour former « l’armée rwandaise ». Restées au Rwanda, les forces françaises collaborent avec celles rwandaises pour lutter contre le FPR dans le Nord du pays. Officiellement, la France n’est pas en guerre au Rwanda, l’entreprise doit être secrète. Dans un fac adressé à l’ambassadeur de France au Rwanda, le Quai d’Orsay donne des consignes concernant le Dami (détachement d’assistance militaire et d’instruction) « Nous avons pas l’intention d’annoncer officiellement la mise en place du Dami. Vous direz au président Habyarimana que nous souhaiterions qu’il agisse de la méme manière »[37]. La France apporte son assistance ainsi au Rwanda. Elle forme l’armée rwandaise à majorité hutu dans un contexte où la haine du Tutsi était de vigueur. A la même époque, on assiste à la création de milices hutu en réponse aux attaques du FPR. La frontière entre milices hutu et l’armée rwandaise étant ténue, il arrivait que les forces françaises forment les miliciens à la place des militaires. Selon Gérard Prunier[38], l’armée rwandaise comptait 5200 individus au moment du début de la guerre ( contre le FPR) , à la fin, elle en comptait environ 50.000. Elle a ainsi donc décuplée en seulement 3 ans. Ainsi, les miliciens ont fini par intégrer l’armée. Selon toujours Prunier, ces miliciens ont été formés par l’armée française. Dès 1992, on voyait les militaires français travailler avec la milice des Interahamwe au Rwanda.
(Soldats français avec des miliciens hutu© New times, Rwanda’s leading daily)

 Au fil des années, la collaboration entre le Rwanda et la France va devenir de plus en plus étroite. Le lieutenant colonel Chollet, envoyé par la France va le conseiller militaire personnel de Habyarimana. A ce titre il va être un proche collaborateur du Colonel Laurent Serrubuga, chef d’Etat major adjoint de l’armée du Rwanda. C’est ce dernier qui va profondément changer l’armée rwandaise en créant un pole de commandement officieux avec le colonel Théoneste Bagosora.
Lorsque le leader du FPR, Paul Kagamé va au Quai d’Orsay en Janvier 1992, il y rencontre le directeur des affaires africaines et malgache Paul Dijoud. Ce dernier lui dira « Si de toute façon vous arrivez à Kigali et preniez le pouvoir, vous ne trouveriez plus aucun des votres en vie ».
Le 9 Avril 1994, le gouvernement intérimaire est formé au Rwanda, la France est le seul pays occidental à reconnaitre officiellement la légitimité de ce gouvernement extrémiste. Du 9 au 13 avril, la France va envoyer un détachement militaire au Rwanda : l’opération amaryllis. Officiellement, il s’agit d’évacuer les ressortissants étrangers. En réalité, ces forces ont pour mission de protéger, d’exfiltrer certains leaders extrémistes comme Ferdinand Nahimana. L’opération Amaryllis avait pour mission aussi de procurer des armes au gouvernement intérimaire. Ainsi l’assassinat de Habyarimana et le début du génocide ne va pas faire changer de Cap à la France. A Paris, les leaders du gouvernement intérimaires sont reçus. Le 27 Avril 1994, le ministre des affaires étrangères du gouvernement intérimaire Jérôme Bicamumpaka et, Jean Bosco Barayagwiza idéologue du Hutu Power sont reçus à l’Elysée, Matignon et au Quai d’orssay.
Avec l’avancée du FPR qui marche vers Kigali, le discours de la France va changer. On parle « d’intervention ». «  L’opération Turquoise » voit le jour. La nature de cette opération reste ambigüe. Mettant en premier le caractère d’une mission humanitaire, cette opération semblait avoir comme but de  « freiner ou de stopper l’avancée militaire du Front patriotique rwandais (FPR), tout en ménageant les forces gouvernementales génocidaires. »[39]
L’opération Turquoise est lancée le 22 Juin 1994 plus de 2 mois après le début du génocide, au moment où le FPR avançait vers Kigali. Cette « opération humanitaire » ne pouvait elle pas s’effectuer plus tôt ?


( Paul Kagamé, le 20 Juillet 1994 à Kigali ©getty images)

Le 4 juillet 1994, le FPR prend Kigali. La France le somme de ne pas franchir les limites du dispositif Turquoise. 17 juillet 1994, le FPR prend Ruhengeri et Gisenyi, au nord du pays, à la frontière zaïroise et proclame un «cessez-le-feu unilatéral», c’est-à-dire la fin de la guerre. Plus d’un million de Hutu accompagnent les militaire et les miliciens qui se réfugient au Zaïre, avec armes et bagages. Deux jours plus tard, c’est la formation d’un gouvernement «d’union nationale» avec Pasteur Bizimungu[40] comme président de la République, Paul Kagame comme vice-président et ministre de la Défense et Faustin Twagiramungu comme Premier ministre. Le 17 Avril 2000, Paul Kagamé devient président du Rwanda. Une nouvelle ère débute pour le Rwanda…

 Entre Avril et Juillet 1994, le génocide a emporté plus d’un million de tutsi. L’atrocité et la violence a caractérisé ce génocide. Les images choquent la communauté internationale et laissent sans voix…











(Quelques images du génocides © getty images)

(Archive sur le génocide rwandais © Ina)



Bibliographie

André  Catherine, Economie rwandaise : d’une économie de subsistance à une économie de guerre, vers un renouveau ?  (En ligne )
Ba Mehdi, 20e anniversaire des accords d’Arusha : quand la paix mène au génocide, article Jeune Afrique, mis en ligne le 05 août 2013 à 11h16
Boisselet Pierre, Attentat du 6 avril 1994 au Rwanda : le Parquet de Paris requiert un non-lieu, article Jeune Afrique ( en ligne) , Mis à jour le 15 octobre 2018 à 08h42
Chrétien J.-P. et Kabanda M., Rwanda, racisme et génocide. L’idéologie hamitique, Paris, Belin, 2013, 379 pages
Dumas H. , « L’histoire des vaincus. Négationnisme du génocide des Tutsi au Rwanda », Revue d’histoire de la Shoah, n° 190, 2009, p. 299-347.
Human rights watch Fédérations internationals des ligues des droits de l’homme ( ouvrage collectif), Aucun témoin ne doit survivre, Paris, Karthala, 1999, 468 pages
Lemarchand René, Le génocide de 1972 au Burundi, Cahiers d’études africaines [En ligne], 167 | 2002, mis en ligne le 22 juin 2005,

Mutwarasibo Ernest, Organisation et éxécution du génocide des tutsi, Mémorial de la Shoah | « Revue dHistoire de la Shoah », 2009/1 N° 190 | pages 67 à 81
Saur Léon, « HUTU » ET « TUTSI » : Des mots pour quoi dire ? , Editions Karthala | « Histoire, monde et cultures religieuses », 2014/2 n°30,  pages 119 à 138
Shimamungu Eugène, Biographie chronologique du Président Habyarimana ( En ligne )
Ternon Yves, Rwanda 1994. Analyse d’un processus génocidaire, Mémorial de la Shoah | « Revue dHistoire de la Shoah », 2009/1 N° 190 | pages 15 à 57
Vansina Jan,  L'évolution du royaume Rwanda des origines à 1900. Académie royale des sciences d'outre-mer, Bruxelles, 1962, 101 pages




Autres sources

Filmographie

Raphaël Glucksmann, David Hazan, Pierre Mezerette, Tuez-les tous ! - Rwanda : Histoire d’un génocide ″sans importance″, Paris, Dum Dum Films, 2004, 97 minutes
Foka Alain, archives d’Afrique – Juvénal Habyarimana, RFI, 2015

Archives Ina ( Institut national de l’audiovisuel )

























[1] Mutinerie de la force publique, sécession des régions du Katanga et du Kassai.
[2] Grégoire Kayibanda (1er mai 1924-15 décembre 1976) fut le premier président du Rwanda indépendant et le premier président élu (26 octobre 1961 - 5 juillet 1973). Il sera mort en résidence surveillée.
[3] La Compagnie allemande de l'Afrique orientale ( Compagnie allemande de l'Afrique orientale ) a été fondée le 28 mars 1884 par le comte Behr-Bandelin et Carl Peters en tant que société de colonisation allemande (GfdK) à Berlin.
[4] Léon Saur « HUTU » ET « TUTSI » : DES MOTS POUR QUOI DIRE ? Editions Karthala | « Histoire, monde et cultures religieuses » 2014/2 n° 30 | pages 119 à 138 in cairn.info
[5] C. Vidal, Sociologie des passions, Paris, Karthala, 1991, p. 21. In L. Saur « HUTU » ET « TUTSI » : DES MOTS POUR QUOI DIRE ? Op.cit.,p 135
[6] René Lemarchand, « Le génocide de 1972 au Burundi », Cahiers d’études africaines [En ligne], 167 | 2002, mis en ligne le 22 juin 2005, consulté le 7 Avril 2019
[7] R.Lemarchand, op cit
[8] Terme utilisé par Lemarchand pour qualifier les événements de 1972 au Rwanda.
[9] Formation politique de Juvénal Habyarimana qui restera le parti unique jusqu’en 1991. Il sera dissout en 1994.
[10] Le Parmehutu (Parti du mouvement de l’émancipation hutu) est un parti politique rwandais issu d'un mouvement social créé au Rwanda en 1957. Ce mouvement est fondé par Grégoire Kayibanda. Il sera dissout avec l’arrivée d’Habyarimana au pouvoir.
[11] Le colonel Alexis Kanyarengwe (1938  –2006) était un officier rwandais qui avait fui le Rwanda en 1980 après avoir été accusé de complot contre Juvénal Habyarimana . Kanyarengwe était l'un des officiers à la tête du coup d'État du 5 juillet 1973 qui avait renversé le président Kayibanda. Il a été nommé ministre de l'Intérieur dans le nouveau gouvernement et aurait accédé au poste de numéro deux. En décembre 1980, il a été soupçonné d'avoir fomenté un coup d'État contre Habyarimana et s'est enfui en Tanzanie. En septembre 1990, après trois ans de persuasion, Kanyarengwe rejoint le Front patriotique rwandais (FPR) où il deviendra plus tard le numéro 1.
[12] MATON, J., Développement économique et social au Rwanda entre 1980 et 1993. Le dixième décile en face de l’apocalypse in ECONOMIE RWANDAISE: D'UNE ÉCONOMIE DE SUBSISTANCE À UNE ÉCONOMIE DE GUERRE, VERS UN RENOUVEAU ? par Catherine André
[13] 3MARYSSE, S., DE HERDT, T., NDAYAMBAJE, E., “Rwanda. Appauvrissement et ajustement structurel”, Cahiers Africains, n°12, Institut Africain-CEDAF, Bruxelles, L’Harmattan, Paris, 1994, p.27  in ECONOMIE RWANDAISE: D'UNE ÉCONOMIE DE SUBSISTANCE À UNE ÉCONOMIE DE GUERRE, VERS UN RENOUVEAU ? par Catherine André
[14]Milton Obote (28 décembre 1925 - 10 octobre 2005) est un homme politique ougandais. Président de la République à deux reprises, il est considéré comme le « père de l'indépendance » de son pays.
[15] Yoweri Museveni, né le 15 août 1944 à Ntungamo, est un homme d'État ougandais, président de la République depuis 1986
[16] Paul Kagame  né le 23 octobre 1957 à Tambwe (Province du Sud, Rwanda), est un homme d'État rwandais, président de la République depuis le 17 avril 2000, après avoir été vice-président et ministre de la Défense de 1994 à 2000. Il fut le principal leader du FPR depuis 1990. Il est également président de l'Union africaine de 2018 à 2019.
[17] In chronologie de l’histoire du Rwanda RFI
[18] Fred Gisa Rwigema (de son vrai nom Emmanuel Gisa, né le 10 avril 1957 à Gitarama et décédé le 2 octobre 1990) est l’un des membres fondateurs du Front patriotique rwandais.
[19] Faustin Twagiramungu est un homme politique rwandais hutu, né le 14 août 1945 dans la province de Cyangugu. Il est Premier ministre du Rwanda de 1994 à 1995. En 1993, le Conseil des ministres le proposa comme premier ministre d'un "gouvernement de transition à base élargie" prévu par les Accords d'Arusha mais il dut attendre la chute du Hutu Power et la fin du génocide pour occuper ce poste dans le premier gouvernement post-génocide de juillet 1994 à sa démission en août 1995.
[20] Article 6 de l’Accord de paix d'Arusha entre le Gouvernement de la République Rwandaise et le Front Patriotique Rwandais
[21] Théoneste Bagosora, né le 16 août 1941 dans la commune de Giciye de la préfecture de Gisenyi au Rwanda, est un officier des Forces armées rwandaises condamné par le Tribunal pénal international pour le Rwanda à 35 ans de prison pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, compte tenu de son rôle déterminant dans le génocide rwandais de 1994.
[22] In  Mehdi Ba, 20e anniversaire des accords d’Arusha : quand la paix mène au génocide, article Jeune Afrique, mis en ligne le 05 août 2013 à 11h16
[23] Melchior Ndadaye, né le 28 mars 1953 à Murama, dans la commune de Nyabihanga, de la province de Muramvya au Burundi et mort assassiné au cours d'un coup d'État le 21 octobre 1993 à Bujumbura, est un homme d'État burundais appartenant au groupe ethnique des Hutus. Premier président démocratiquement élu au Burundi, investi le 10 juillet 1993, il fut assassiné après 102 jours de pouvoir.
[24] BENSIMON, Cyril, « Génocide rwandais : une journaliste de Radio mille collines témoigne », Le Monde, 26 février 2014, [En ligne],  In Sandra Ngoga, le génocide rwandais : la radio Mille Collines a mis le feu aux poudres, Perspective monde, école de politique appliquée-Faculté des lettres et sciences Humaines, Université Sherbrooke, Canafa ( en ligne)
[25] Ferdinand Nahimana, né le 15 juin 1950 à Gatonde dans la préfecture de Ruhengeri au Rwanda, est un universitaire et homme politique rwandais. Il est l'un des principaux condamnés du « Procès des médias » qui s'est tenu entre 2000 et 2003 devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à Arusha et est condamné à 30 ans de prison en 2007.
[26] Extrait documentaire, Tuez les tous !  ! - Rwanda : Histoire d’un génocide ″sans importance″, Paris, Dum Dum Films, 2004, 97 minutes
[27] In Archives d’afrique – Juvénal Habyarimana, RFI
[28] In archives d’Afrique – Juvénal Habyarimana, Rfi
[29] Joseph NGARAMBE, « La mise en oeuvre du génocide rwandais », in Raymond VERDIER ET AL., Rwanda. Un génocide du XXe siècle, Paris, L’Harmattan, 1995, pp. 9-10.
[30] Gérard PRUNIER, Rwanda (1959-1994). Histoire d’un génocide, Paris, Dagorno, 1997,p. 259.
[31] Jean Kambanda, né au Rwanda le 19 octobre 1955, est le Premier ministre du gouvernement intérimaire pendant le génocide au Rwanda. Accusé de génocide, comme la plupart des membres de son gouvernement, il plaide coupable devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda.
Arrêté le 18 juillet 1997 à Nairobi, Jean Kambanda est condamné le 4 septembre 1998 à une peine de réclusion à perpétuité pour sa participation au génocide.
[32] VIDAL, « Le génocide des Rwandais tutsi », art. cit., p. 31.
[33] Roméo A. Dallaire, né le 25 juin 1946 à Denekamp, aux Pays-Bas, est un lieutenant-général et un homme politique canadien. Il est surtout connu pour avoir agi dans un cadre humanitaire au Rwanda, alors qu'il était commandant de la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR), la force de maintien de la paix des Nations unies au Rwanda, pendant le génocide au Rwanda en 1994. Ses tentatives d'attirer l'attention de la communauté internationale sur les crimes qui se perpétraient au Rwanda sont restées lettre morte, ce qu'il a regretté et dénoncé à son retour d'Afrique. Le lieutenant-général Roméo Dallaire a rédigé, avec la participation du major Brent Beardsley et le lieutenant-colonel Mailhot-Hallé, un livre qui relate les évènements qu'il y a vécus.
[34] Aucun témoin ne doit survivre, textes rassemblés par Alison Des Forges, Paris, Karthala., pp. 204-205 ; Linda Melvern, « La France, l’ONU et le Rwanda », La Nuit Rwandaise (revue annuelle), n° 2, 7 avril 2008, pp. 403-407.
[35] Agathe Uwilingiyimana, née le 23 mai 1953 à Nyaruhengeri, fut Première ministre du Rwanda du 18 juillet 1993 jusqu'à sa mort le 7 avril 1994 à Kigali. Son assassinat , le lendemain de l'attentat contre le président Juvénal Habyarimana –fait partie des événements initiaux du génocide au Rwanda. Elle est la première femme Première ministre du Rwanda.
[36] « Rwanda, le génocide qu’on aurait pu stopper », source Organisation for African Unity (OUA), 7 juillet 2000, www.reliefweb.int/rw/rwb.nsf/db900SID/OCHA-64CU58?OpenDocument.
[37] Documentaire Tuez les tous, op cit
[38] Gérard Prunier, né le 14 octobre 1942 à Neuilly-sur-Seine (Seine)1, est un historien français (et canadien par naturalisation) spécialisé dans la corne de l'Afrique et l'Afrique de l'Est.
[39] Propos tenus par Guillaume Ancel à l’époque capitaine au 68e régiment de l’artillerie d’Afrique dans un entretien accordé à Jeune Afrique mis en ligne le 07 avril 2014 à 12h11 Par Mehdi Ba
[40] Pasteur Bizimungu, né en 1950 à Gisenyi est un homme politique rwandais, président de la République rwandaise du 19 juillet 1994 au 23 mars 2000.



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