v Enfance et parcours
1.
Ziguinchor,
le berceau
2.
Arrivée
à Dakar
3.
Engagement
dans l’armée
v Les aventures en France
1.
Le
docker militant
2.
Entrée dans la littérature
3.
Le
passage au cinéma
v Sembène et le Cinéma
1.
Débuts
et ascension
2.
Guelwaar,
le chef d’œuvre !
3.
Le
triptyque inachevé
v Sembène, le personnage
v Le fin d’un géant
v Ce film qu’il ne fera jamais…
Bibliographie
(Par Bathie Samba Diagne, étudiant au département d'histoire, Ucad)
Kluivertb1@gmail.com
v Enfance et parcours
1.
Ziguinchor,
le berceau
Sembène
Ousmane est officiellement né le 8 janvier 1923 à Ziguinchor, dans la région de
Casamance, au sud du Sénégal, 3 ans à peine après une révolte populaire
réprimée par une « pacification » sanglante des Français. A Ziguinchor, Sembène
connaît une enfance à la fois heureuse et vagabonde. Il grandit dans une région
traversée par le fleuve Casamance et avec beaucoup de marigots ; il résumera
les premières années de sa vie par les 4 mots l’eau, la pêche, les arbres et la
chasse, dont son œuvre portera de nombreuses traces (notamment dans son
deuxième roman O pays, mon beau peuple !). Sembène est un fils de pêcheur,
destiné à reprendre le métier de son père, mais il s’avère qu’il a le mal de
mer lors de la pêche en haute mer. Il aurait quitté l’école française à l’âge
de 13 ans, après qu’il eut giflé son instituteur, Paul Péraldi, qui avait porté
contre lui des accusations mensongères. Toutefois, un grand-oncle et
instituteur, qui en 1923 a ouvert à Marsassoum la première école en langue
française, lui donne l’amour de la chose écrite[1].
Il dira « Mon père, qui était analphabète
en français, possédait la nationalité française. C’était un homme assez ouvert.
J’ai surtout été élevé par mon oncle qui était érudit aussi bien en arabe qu’en
français. Il était profondément religieux et a écrit un certain nombre de
documents sur la vie sociale et l’idée de Dieu. »[2]
2.
Arrivée
à Dakar
En
1938, Sembène atterrit dans le quartier des « indigènes »[3] à
Dakar. Il y a été mécanicien, mais durant cinq ans il travaille surtout comme
maçon au service d’un oncle qui, à la différence des autres apprentis de son équipe et sous le prétexte qu’il le
nourrit et le loge, retient son salaire.
Sembène restera fier des immeubles qu’il a contribué à ériger à Dakar et à
ses yeux tout effort au service de
la communauté est noble, d’autre part sa lutte contre l’injustice ira toujours
de pair avec un combat contre une
structure familiale africaine oppressive. À ses heures libres, le jeune Ousmane lit des bandes dessinées et bientôt il
fréquente également le cinéma. À Dakar, Sembène est bien plus qu’à Ziguinchor
confronté au racisme colonial et il y est traité pour la première fois de sa
vie de « sale nègre » et « bougnoul ». Le racisme a blessé profondément toute
sa génération, mais sans voir clair dans les rapports de force internationaux
dont il est le produit.
Lorsqu’en
1940, la France capitule et que De Gaulle lance son appel à la résistance, d’un
jour à l’autre la propagande
officielle contre les nazis allemands se tourne désormais contre De Gaulle[4].
Le 23 septembre Dakar est bombardée
par les Alliés[5].
Tandis que les Européens sont évacués, les
Africains
sont livrés à leur sort, sans qu’ils comprennent ce qui leur arrive. Dans un
état de grande confusion et en plein désarroi, Sembène se jette sur la
religion. Il adhère à la communauté islamique des Layènes.[6]
3.
Engagement
dans l’armée
L’armistice
du Maréchal Pétain avec les nazis, le 16 juin 1940, a été observé dans toutes
les colonies africaines avec stupeur et même de la honte, et plus qu’ailleurs
dans la colonie la plus francisée. Malgré la ségrégation raciale et les
conditions de vie pénibles, les jeunes Africains y vouent une admiration sans
borne à la France et ils veulent servir la « Mère-Patrie ». Chez Sembène, il
n’en va pas autrement. En 1942, de son plein gré, il s’engagea dans l’armée, au
6e Régiment d’Artillerie Coloniale sous le numéro matricule 689. Début février
1944, il est mobilisé et en tant que chauffeur mécanicien il ira jusqu’au
Maroc
et en Algérie. La période d’instruction et son service sont très durs. Et dans
l’armée coloniale, la discrimination est tout aussi présente. Dans le désert du
Niger, des camarades égarés sont abandonnés et tandis que Sembène risque tous
les jours sa vie, le 1er décembre 1944, à Thiaroye près de Dakar, la France
massacre un contingent de tirailleurs, qui reviennent de la guerre en
Europe.
Sembène traitera de la guerre dans Emitaï (1971) et dans Camp de Thiaroye
(1988), qui est avec Sarraounia[7]
(Burkina/France 1986) du Mauritanien Med Hondo, sans doute un des films historiques
africains parmi les plus importants jamais faits.
Dans
Emitaï et Camp de Thiaroye, Sembène ose comme nul autre montrer que la relève
du Maréchal Pétain par le Général Charles de Gaulle ne change rien à la
situation des Africains. Pour Sembène, c’en est assez. Malgré ce qui a souvent
été dit, il n’a pas combattu en Europe.
À la différence de plusieurs de ses camarades,
qui partiront pour aller combattre l’indépendance du Vietnam, il quitte l’armée
coloniale après ses 18 mois réglementaires. En 1946 de retour à Dakar, il
assiste à l’agitation sociale et syndicale qui traverse le pays, dont le
discours tranche nettement avec celui des dirigeants politiques «assimilationnistes
». Tandis que les « évolués » réclament la citoyenneté française pour tous, les
syndicalistes bien plus radicaux prônent la revendication « à travail égal,
salaire égal ». Le mouvement syndical, bien plus que la classe politique,
s’engagera en premier dans la voie de l’émancipation totale et de
l’indépendance des colonies. Sembène retiendra la leçon, mais pour l’instant il
sent qu’il ne trouvera pas toutes les réponses à ses questions dans son pays.
v Les aventures en France
1.
Le
docker militant
En septembre 1946, il prend en resquilleur le bateau et arrive à
Marseille où, parmi la masse d’immigrés qui afflue des colonies, il réussit à
se faire engager comme docker. Un travail exténuant, tandis que dans cette
ville il est également confronté tous les jours au racisme. Il habite un
quartier misérable d’Africains au taux de chômage exorbitant, qui par désespoir
se replient sur eux-mêmes ou fuient leur misère dans l’alcool ou la religion.
Sembène ne diffère en rien des autres Africains, sauf qu’il est un des seuls à
pouvoir lire et qu’il a la volonté ferme d’améliorer son niveau culturel. Le
syndicat communiste CGT (Confédération Générale du Travail)[8]
est fortement implanté dans le port de Marseille. Il y règne un esprit aussi
combatif que studieux ; à la sortie de la guerre mondiale et dans la ville
portuaire en reconstruction, personne ne veut plus de l’ancien monde et l’idée
est qu’il faut étudier les mécanismes de la société afin de pouvoir un jour la
diriger. Sembène trouve facilement la voie vers les bibliothèques et soirées de
formation de la CGT. Il est habité par un désir insatiable d’acquérir
l’histoire et la culture du monde entier. L’absence de racisme parmi les camarades
de la CGT le stimule encore davantage. Sembène devient de plus en plus engagé.
On note qu’il avait adhéré à la CGT en 1950 ; un an plus tard, au PCF (Parti
communiste français)[9].
Tandis qu’il devient aussi très actif dans diverses associations antiracistes
(le MRAP, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples)[10]et
africaines (dont la FEANF, Fédération des Étudiants d’Afrique Noire en France[11],
créée en 1950), il n’y a pour lui pas d’issue pour les ouvriers africains sans
unité avec les ouvriers français et il n’y en a pas non plus sans la libération
de l’Afrique et de tous les travailleurs du monde. Sur le plan personnel, il
reconnaîtra toujours ce qu’il doit à ses 13 années passées à Marseille : « Les ouvriers m’ont beaucoup apporté. Une
grande conscience de moi, des choses, de l’orgueil, de la fierté que j’avais
avant d’arriver en France, mais ces sentiments ont été confirmés. J’étais responsable
syndical dans ce milieu et c’était important »[12].
(Sembène Ousmane ©la courte échelle. éditions transit)
2.
Entrée dans la littérature
En
1951, il se blesse au dos dans un accident de travail, qui le cloue pendant presqu’un
an au lit (après quoi il travaillera comme aiguilleur). Lors de son exploration
de la littérature mondiale, avec Jack London et son roman Martin Eden (1908)
comme influence la plus durable, il s’aperçoit que les livres provenant de
l’Afrique et surtout de l’Afrique des ouvriers et des exclus sont absents des
bibliothèques qu’il fréquente. Il se penche alors sur les écrivains noirs des Antilles
et des États-Unis et découvre des œuvres
comme Banjo (1920) de Claude McKay et Native Son (1940) de Richard
Wright. En 1956, Sembène publie son premier roman, « le docker
noir ». Dans le roman, il y dégage le personnage de Diaw Falla, un noir
amoureux des lettres qui travaillait comme docker à Marseille. Triste sera son
sort après s’être fait berné par une
française. Dans ce livre déjà, Sembène montre son engagement. Un an plus tard,
il publie « Ô pays, mon beau peuple ». Son troisième roman,
« Les Bouts de Bois de Dieu » publié en 1960 est considéré
généralement comme son chef-d’œuvre
littéraire. Sembène décrit la grève historique des cheminots de la ligne
Dakar-Niger en 1947-1948. Son recueil de nouvelles Voltaïque fut publié en 1961
par la Revue Présence Africaine devenue célèbre dans les cercles littéraires
parisiens. À Paris, Sembène rencontrait l’Américain Richard Wright, les
Antillais Édouard Glissant, Aimé Césaire, les Français Aragon, Simone de
Beauvoir, Jean Paul Sartre, Paul Éluard, Paul Vaillant-Couturier, les Africains
Léopold Sédar Senghor, Tchicaya U Tam’si, Alfred Quénum, Mongo Beti, Camara
Laye, Bernard Dadié, entre autres. Ses douze années passées à l’extérieur
furent fructueuses.
3.
Le
passage au cinéma
Le 20 août 1960, le Sénégal devient indépendant[13].
Après 13 années passées à Marseille, Sembène retourne à son pays natal. Mais
lors d’un voyage jusqu’au Congo, en passant par le Mali, le Niger et la Côte
d’Ivoire, il se rend compte que le travail d’écrivains comme lui n’a pas
vraiment d’écho parmi le peuple, tandis qu’il voit tous les soirs les Africains
se presser au cinéma. Le voyage sur le fleuve Congo en 1961 impressionne
Sembène, tandis que la rencontre en compagnie d’Alioune Diop[14],
le fondateur de la revue et de la maison d’édition Présence Africaine, avec
Patrice Lumumba aura une influence déterminante. Pierre Haffner[15] a
récolté le témoignage de Sembène, en novembre 1977 de retour au Congo : « Lumumba fut le premier qui ait attiré
notre regard sur le vide culturel du Congo d’alors, et cela nous a vraiment
frappés. J’ai dit bon,
je vais venir ! On m’a donné
un billet et je me suis retrouvé à Léopoldville pour faire un reportage. Je n’écrivais
pas dans les journaux africains ; j‘écrivais
dans les journaux communistes, des revues culturelles comme Europe. J’ai donc écrit beaucoup d’articles sur le
Zaïre d’alors, et j’ai pris conscience qu’au-delà de la littérature il n’y
avait que le cinéma, tout au moins pour nous. Je suis revenu à Paris avec le
désir d’apprendre le cinéma ! J’avais quarante ans, les gens disaient « Mais quand
même, à ton âge, tu ne vas pas te mettre à faire du cinéma ! ». Il n’y a pas
d’âge pour la bêtise, il n’y a pas non plus d’âge pour apprendre ! Et je me
suis mis cinéaste »[16]
Afin d’apprendre le métier, il retourne en 1961 à Paris, mais les portes des
écoles de cinéma lui restent fermées. Il écrit à l’URSS, au Canada, aux
Etats-Unis, à la Pologne et la Tchécoslovaquie, et se fait finalement inviter
par le premier pays nommé, sans doute par le truchement du critique et historien
du cinéma communiste français Georges Sadoul[17].
Sans abandonner l’écriture, il est en 1961-1962 à Moscou au studio Gorki, pour
une formation sous la conduite des cinéastes soviétiques Serguei Guerassimov[18]
et de Marc Donskoï.[19]
Sembène et le Cinéma
1.
Débuts
et ascension
·
Les
Débuts
En 1962, Sembène Ousmane publie Voltaique,
la noire de…Un an plus tard, sortirent
son roman L’Harmattan et son premier
véritable film Borom Sarret. En 19 minutes,
il y relate la vie quotidienne d'un charretier en proie avec la nouvelle conjoncture.
Il faut noter qu’auparavant il a réalisé un court métrage intitulé L’Empire sonhraï pour le compte du
gouvernement malien. Le Festival de Tours en 1963 décerne le prix de la
première œuvre à Sembène qui,
désormais, mène une double carrière d’écrivain et de cinéaste. En 1964, Sembène
réalise le court métrage Niaye.
L'histoire se passe dans un village où un père incestueux oblige sa fille à
abandonner le bébé sur la plage. En 1966, sort le long métrage La Noire de… . L'histoire se passe
sur la côte d'Azur en France. Johanna l'actrice principale est une sénégalaise
qui travaille comme bonne et qui suit sa famille française qui l’a embauchée en
métropole. Etant issu d'une famille démunie, Johanna avait cru à l'Eldorado. En
France, elle constate d'autres réalités et va finir par se suicider. Sembene
dans ce film s'attaque à la vie dure et à l'indifférence des français à l'égard
des employés africains. A noter que ce film est en français. Ce film obtient en 1966 le prix Jean Vigo[20],
l’Antilope d’argent au Premier Festival Mondial des Arts Nègres tenu
au Sénégal et le Tanit d’or aux Journées Cinématographiques de Carthage. En
1966 aussi, sont publiés Le Mandat et
Véhi-Ciosane, un livre contenant deux nouvelles. Sembène fut en 1967 membre du jury du Festival
de Cannes pour les longs métrages, en juillet de la même année, il fut membre
du jury du Festival de Moscou pour les courts métrages. En 1968, Il fait du
« mandat » un film. Dans ce dernier, il s'en prend à la nouvelle
bourgeoisie au lendemain de l’indépendance. Sembène revient sur les
tracasseries administratives que doit subir Ibrahima Dieng pour percevoir son
mandat. Ce film est le premier long métrage réalisé en Wolof, il est aussi le
premier film de Sembène en couleur. Le Mandat qui remporte le prix de la
critique internationale à Venise. Le scénario du Mandat fut retenu parmi une
quarantaine d’autres et bénéficia d’un crédit de 300 000 francs promis par
André Malraux. À la fin, Sembène disposa d’un budget de « 140 millions
d’anciens francs », et eut « le droit de choisir lui-même son producteur et
d’imposer ses propres conditions », ce qui était un contrat « sans précédent
dans l’histoire du cinéma africain »[21].
Il fonde une maison de production appelée Filmi Domirev, ce qui signifie « Les
fils du pays ».
·
L’ascension
Avec Le mandat, Sembène change
d’ère. Ayant maintenant sa propre maison
de production, Sembène a gagné du terrain. En 1968, date de la sortie du Mandat,
il est président du jury du Festival Cinématographique de Carthage. Son court
métrage Taw réalisé en 1970 pour le
compte du National Council of the Christ américain obtient, en 1971, le Lion
d’or de Juda, au Festival du Film d’Asmara, en Ethiopie, et en 1972, l’Aigle
d’or du United States Council ou Non Technical Events. En 1971, Emitaï
(Dieu du tonnerre) sort ,
un film en Joola. Dans ce film, Sembene nous plonge dans le recrutement des
tirailleurs dans La France pendant l'occupation allemande et Vichy. Sembene
revient sur le caractère violent de cette entreprise où à la fin du film des
chefs locaux seront fusillés par l'armée française. La même année, ce film
remporte la médaille d’argent au Festival de Moscou.
(Sembène Ousmane en tournage dans
Emitai © getty images)
Des télévisions occidentales, notamment en Suisse et en France, font
appel à Sembène. En 1972, il fait partie des dix cinéastes qui réalisent le
film officiel des Jeux Olympiques de Munich.
(Sembène Ousmane aux jeux olympiques
de Munich en 1972 ©getty images)
Sembène a été aussi le président de l’Association des Cinéastes
Sénégalais. Le roman Xala parait en 1973. Deux ans plus tard, il devient un
film dans lequel Sembene livre l'image d'El Hadji Abdou Kader Beye, un
fonctionnaire véreux qui détourne des fonds pour se payer une 3e femme. Au
moment de la nuit de noces, il est victime de Xala. Sembene dans ce film
s'attaque en quelque sorte à la nouvelle classe politique sénégalaise. Dans ce
film, on note bien la fin où El Hadji Abdou Kader Beye est obligé de se laver de
crachat de toutes parts venant de personnes handicapées pour recouvrer
virilité.
(Sembène en tournage dans Xala ©getty
images)
Ceddo
sort en 1976 accompagné d’un scénario complètement écrit en wolof. Ce film nous
plonge dans le contexte de l'arrivée de l’Islam et du christianisme face au pouvoir
Ceddo . Les missionnaires, la vente
d'esclave, la supplantation des pratiques ceddo par l'islam tels sont les
grands points du Film avec le personnage Dior Yacine Isseu Thioub comme actrice
principale. En 1979, le film Ceddo est
interdit au Sénégal par le président Léopold Sédar Senghor qui parle de faute
d’orthographe. Selon le président-poète, le terme Ceddo ne s’écrit qu’avec un « d ». Ce film est aussi une
représentation de la révolte des « animistes » qui refusent de se convertir, au
XVIIe siècle, en Afrique de l’Ouest : sont fustigés avec violence et virulence,
aussi bien l’implantation des religions révélées considérée comme une invasion
qui détruit les structures sociales traditionnelles, que la complicité des
chefferies locales. Ce qui fait que ce film a été accueilli de manière
particulière et a subi pas mal de critiques. Sembène revient en 1987 avec Camp de Thiaroye . Clarence Thomas
Delgado, assistant et proche collaborateur de Sembene affirme que ce film était
lourd en émotions et fut très difficile à tourner tellement la charge de
l'histoire fut pesante[22].
Il y relate les événements du 30 novembre et 1er décembre 1944 à Thiaroye où
l'armée française sans scrupule a massacré ceux qui étaient parti faire la
guerre pour elle. Bien qu’ayant obtenu le prix spécial du jury au Festival de
Venise, Le Camp de Thiaroye est victime de la censure en France. Les écrits que
sont Niiwam et Taw (1987) montrent la régression de l’esprit communautaire et
les perversions de la vie urbaine fourvoyée.
(Sembène Ousmane ©getty images)
A l’origine, Sembène préparait
une saga sur l’histoire de Samory Touré. Cela devait être une superproduction
« hollywoodienne ». Sembène voulait
faire de ce film son œuvre majeure. Cela devait être une œuvre monumentale qui
englobait toute l’Afrique de l’ouest. Pendant des années, il y a travaillé,
écrit le scénario, fait des recherches et tout mais l’œuvre nécessitait un
budget colossal. Le temps de faire un périple pour réunir les fonds, Sembène
craignait de perdre la main car la préparation du film tenait sur des années.
Le temps de boucler les moyens nécessaires pour ce film, Sembène voulait faire
un film entre-temps pour se faire la main pour réaliser le film sur Samory
après[23].
Ainsi donc, Guelwaar prenait matière.
Sorti en 1992, Guelwaar parait comme l’œuvre majeure de Sembène. A
travers l’histoire insolite de cadavres musulmans et chrétiens confondus,
Sembène montre son caractère engagé à travers le personnage de Pierre Henry
Thioune. Le film a été tourné dans la région de Thies et a duré 2 mois mais la
préparation tenait sur des années. Pour réaliser le film, l’artillerie lourde a
été sortie ; des artistes d’un talent reconnu : certains venaient du
théatre National Daniel Sorano,d’autres du théatre populaire, un décor hors du
commun… Le film a remporté la médaille d'or du président du Sénat italien au
49e Festival international du film de Venise. En 1996, c’est la parution de son
roman. Cependant, dans les coulisses, la réalisation de ce film n’a pas été
simple pour les collaborateurs de Sembène dont Jacques Perrin[24].
Clarence Delgado[25]
raconte : « La
collaboration avec Jacques Perrin était très dure. Effectivement Perrin n’a pas
tort quand il dit au biographe Samba Gadjigo qu’il refusait de répondre à ses
questions sur Sembène, car cela avait été une relation masochiste. C’était un
problème de production, car Sembène ne maîtrisait ni la production ni les lois
cinématographiques françaises. Dès qu’il y avait un problème, Jacques Perrin
préférait m’en parler : la communication entre lui et Sembène était
compliquée. Perrin avait de très bonnes intentions : travailler avec le
cinéma africain pour lequel il a beaucoup d’admiration. Il avait même d’autres
projets avec Sembène qui n’ont pas abouti au niveau de la production. Sembène
avec les sous… Si tu lui prends un sou, on dirait que tu veux le tuer.
Ne connaissant pas les
règles de la cinématographie française, il pensait que Jacques Perrin lui
soutirait de l’argent. »[26]
(©inconnu)
3.
Le
triptyque inachevé
Avec Faat Kiné, en 2000,
Sembène avait commencé un triptyque filmé sur « l’héroïsme au quotidien », avec
deux premiers volets consacrés à la condition de la femme africaine. Le second Moolaadé (2003) traite du thème fort
sensible de l’excision : quatre filles fuient l’excision et trouvent refuge
auprès de Collé Ardo (un personnage joué par la Malienne Fatoumata Coulibaly[27])
qui leur offre l’hospitalité (le
Moolaadé) malgré les pressions de son mari et du village. Avec Moolaadé, Sembène reçoit beaucoup de
récompenses en 2004, dont le prix du meilleur film étranger décerné par la
critique américaine, le prix Un Certain Regard à Cannes, le prix spécial du
jury au Festival International de Marrakech. Rappelons qu’en 2001, il lui a été
décerné le prix Harvard Film Archive par l’Université Harvard de Boston. « La confrérie des rats » qui
devait être le dernier point du triptyque ne sera pas réalisé.
v Sembène, le personnage
Rigoureux et pragmatique, deux mots qui font parti du lot qui peut
qualifier Sembène Ousmane. La formation de l’homme déjà ne pouvait laisser
place qu’à un personnage qui rame à « contre sens ». Ayant été
militant à la CGT, il adhère au parti communiste français. Pour finir, il se
forme au Cinéma dans un milieu communiste. Etant en Afrique dans un contexte
post coloniale particulier, il est normal donc que l’œuvre littéraire et
cinématographique de Sembène soit essentiellement passé sur la contestation.
Déjà à ses débuts, il s’opposait déjà au mouvement de la négritude[28].
Il se considère d’abord comme un travailleur et seulement ensuite comme un Noir
: « L’unité pour l’unité, c’est le
mariage forcé. Il y a aussitôt le divorce. Pourquoi il faut automatiquement
coûte que coûte qu’il y ait unité entre Noirs Américains et Africains ? Un
capitaliste africain et un capitaliste américain s’entendent bien. Un militant
africain et un militant américain peuvent s’entendre. Ma lutte est de classe,
ma solidarité n’est pas de race »[29] .
Sembène se retrouve sur la même longueur
d’ondes avec des écrivains comme Mongo Beti[30]
et Ferdinand Oyono[31],
qu’il rencontre régulièrement.
Sembène, c’est aussi un style direct. Il dit ce qu’il pense. Par
exemple, Lorsque Guy Hennebelle[32]
lui pose une question sur l’ambiguïté de son attitude dans certains plans d’Emitaï,
Sembène répond : « Je respecte
tous les croyants mais je pense personnellement que les religions sont des
opiums pour les peuples(…) Je crois effectivement qu’à l’époque de la
colonisation les religions ont, dans certains cas, servi de refuge pour les
opprimés ou qu’elles ont entretenu la flamme de la résistance. Mais dans mon
film, les fétiches sont plutôt du côté de la résignation. Ce sont les femmes,
attachées à leur riz, qui résistent vaillamment contre les Français, sans
référence à la religion. Ce que je veux dire dans Emitaï entre autres choses, c’est que c’est aux hommes et
aux femmes de décider de leur destin, pas aux dieux »[33].
Sembène fut aussi un véritable directeur d’acteur. L’œil pointu, il
savait comment tirer le meilleur de ses acteurs. Parfois aussi, Sembène prenait
le costume d’acteur dans beaucoup de ses films :
(Sembène Ousmane dans La noire
de…©capture du film)
(Sembène Ousmane dans Le mandat
©capture du film)
(Sembène Ousmane à droite dans Emitai)
(Sembène Ousmane dans Ceddo dans une
scène où il se fait raser au couteau © Capture du film)
(Sembène Ousmane à droite et Ndiaye
Doss « Guelwaar » à gauche dans Faat Kiné ©capture du film)
Avec ses acteurs, Sembène était très exigeant, limite il avait « un
sale caractère »[34].
Il raconte : « Avec certains
comédiens, il fallait que je gère. Lors du tournage de Faat Kiné, l’héroïne
principale[35]
a souffert des sautes d’humeurs de Sembène. Il fallait que je lui dise : ‘’n’écoute pas
ce vieux con, réagis, ne te laisse pas abattre’’, pour qu’elle ne se décourage pas. Sinon, cela transparaît sur
l’image. Quand il vient sur un plateau, la première personne qu’il interpelle
c’est moi. À huit heures du matin, il gueule ‘’ Del ! ‘’. Tout en faisant le
tour du décor, il réfléchit pour voir comment il va commencer sa journée. Mais,
une fois le tournage lancé, il est gai. Lorsqu’on lui fait des suggestions, il
ne dit rien. Ensuite il prend ton idée comme si elle venait de lui. »
S’agissant toujours de sa personnalité, nous revenons sur une constante qui a
été présente dans presque tous ses films : L’Afrique. Les films de Sembène
développent des thèmes populaires ce qui fait que ses films ont une grande
audience. A travers certains de ses films, il conscientise la jeunesse
africaine: le discours de Guelwaar par exemple. Dans Faat kiné, il n’hésite pas à laisser en arrière plan les grandes
figures de résistance africaine tels que Sankara ou Lumumba. Même le nom de sa
maison de production est en Wolof. Il ne se présentait pas aux éditions du
Fespaco pour laisser la voie aux jeunes cinéastes. Un grand panafricain avant
tout. Il disait « Je n’aime pas le
nationalisme : c’est trop limité et c’est dangereux ! »[36]
(Sembène Ousmane ©getty images)
v Le fin d’un géant
« On
était quelque part entre le Mali, le Burkina et la Côte d’Ivoire pour
tourner Moolaadé. Les
conditions étaient extrêmement difficiles. C’est là même qu’ont commencé les
premiers symptômes de sa maladie. Le matin, pendant le tournage, il n’a pas
crié mon nom : « Del’ !! », ce qui était assez bizarre. A
un moment donné, on était dans la cour d’une concession et j’ai entendu une des
filles crier. C’était Sembène tombant en syncope avec les yeux révulsés. En une
fraction de seconde, je me suis posé beaucoup de questions sur les divers
problèmes : « Que vais-je faire avec ce cadavre ? Que vais-je
dire à Dakar ? Comment vais-je payer ces techniciens ? » Dès
qu’il est revenu à lui, il m’a demandé s’il était tombé. Cet incident
l’embêtait devant les femmes. Après il s’est levé et j’ai dit au chauffeur
« approche la voiture, il faut qu’il parte. C’est la fin de journée :
ce n’est plus possible de tourner ». Je lui ai dit qu’on allait le ramener
dans la voiture. Il était atterré. Comme on avait un médecin dans le village,
on l’a appelé. Il m’a dit : « Del’, c’est la première fois qu’on me
met une perfusion. On fait
quoi demain. On ne peut pas rester sans tourner ». Je
lui ai répété « Ousmane, tu es malade ». Le lendemain, il est venu
sur le plateau, mais il n’était pas en forme. Quand Sembène a un objectif, il
est prêt à marcher sur un cadavre pour l’atteindre. Ce soir-là, quand il était sous perfusion, c’était un jour
de Tamkharit (nouvel
an musulman). Les villageois nous avaient demandé d’éclairer le village avec
notre groupe électrogène pour organiser une petite fête. On a éclairé tout le
village ; c’était la première fois, je crois, que ces gens voyaient la
lumière électrique dans leur village. C’était superbe et beau. Quand je suis
revenu pour voir si Sembène dormait, il m’a dit : « Del’ ! Je ne suis
pas encore mort ». J’ai répliqué : « Bon ! On va pouvoir
travailler demain ».
C’était le premier symptôme de son
cancer, après il commençait à être fatigué. »
Racontait Clarence Delgado.
Ainsi donc, la santé de Sembène commençait à décliner déjà durant le
tournage de son dernier film Mooladé, un
peu plus de 3 ans avant son décès. Le 9 novembre 2006, Sembène reçut, à la
résidence de l'ambassadeur de France à Dakar, les insignes d'officier dans
l'ordre de la Légion d'honneur de la République
française. Samedi 9 juin 2007,
Sembène s’en alla à l’âge de 84 ans. Il sera inhumé aux cimetières musulmans de
Yoff.
(Derniers images de Sembène Ousmane
sur terre ©getty images)
v Ce film qu’il ne fera jamais…
« Sembène préparait une
saga sur l’histoire de Samory Touré. Cela devait être une superproduction
« hollywoodienne ». Sembène voulait faire de ce film son œuvre
majeure. Cela devait être une œuvre monumentale qui englobait toute l’Afrique
de l’ouest. Pendant des années, il y a travaillé, écrit le scénario, fait des
recherches et tout mais l’œuvre nécessitait un budget colossal. » Nous
disait Moustapha Diop. Sembène avait longtemps eu de l’admiration pour Samory.
Déjà dans Xala, il laissait sa photo
en arrière plan. Delgado raconte « C’est
un scénario de trois volumes, énorme. Quand il l’amène devant un producteur,
celui-ci est surpris en disant de suite ne pas avoir les moyens. J’ai toujours
demandé à Sembène de le réduire et d’en faire un film de 2 heures ou 2 heures
et demie. C’est très difficile de trouver un producteur pour un film de six
heures. Il peut trouver un producteur américain, mais les Américains dès qu’ils
mettent un dollar, ils veulent tout contrôler. Connaissant Sembène, c’était
impossible. » Le triste constat : « L’ainé des
anciens » est parti, sans avoir pu faire son « œuvre majeure ».
Filmographie
de Sembène Ousmane
Courts métrages
|
Longs métrages
|
La noire de… (1966)
|
|
1963 : L’Empire songhay (documentaire)
|
Le mandat ( 1968)
|
1964 : Niaye
|
Emitai (1971)
|
1970 : Taaw
|
Xala (1974)
|
Ceddo ( 1977)
|
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Camp Thiaroye ( 1987)
|
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Guelwaar (1992)
|
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Faat Kiné (2000)
|
|
Moolaadé (2003)
|
Romans
·
1956
: Le Docker noir
·
1957
: Ô pays, mon beau peuple
·
1960
: Les Bouts de bois de Dieu
·
1962
: Voltaïque
·
1964
: L'Harmattan
·
1965
: Le Mandat
·
1966
: Vehi-Ciosane, ou, Blanche-Genèse ; suivi du Mandat
·
1973
: Xala, Présence africaine, rééd. 1995
·
1981
: Le Dernier de l'Empire
·
1987
: Niiwam, suivi de Taaw,
·
1996 :
Guelwaar
Je ne peux plus entrer dans ton bureau, sans frapper, et te parler directement
comme je l’ai fait pendant si longtemps ; mais je sais que pour moi,
l’assistant, l’ami, le fils, tu as toujours eu l’oreille attentive, même dans
les moments de saut d’humeur !
Car toi qui connais si bien les traditions wolof, tu sais que si les morts ne
parlent plus, ne voient plus, ils continuent bel et bien d’entendre les
vivants. Je sais que là où tu es, dents serrées sur ta pipe, tu dois avoir ton
petit sourire ironique, mais bienveillant, en entendant les hommages qui fusent
de partout, les thuriféraires qui ont sorti les grands encensoirs, tous ceux
qui soudain se sont découvert une âme de cinéphiles ou de poète, même s’ils
n’ont jamais vu un de tes films, lu un de tes livres.
Mais stoïque, comme lassé des critiques, des flatteries où des flagorneries, tu
restes un phare dans le ciel du cinéma africain ; que l’on t’admire ou que
l’on te dénigre, ton œuvre
cinématographique témoigne du passé, du présent de l’Afrique avec une force inégalée. Même les cinéastes
africains qui disaient ne pas t’aimer ont fait du « Sembènisme » dans
leurs films, parce que tu as éclairé le chemin, illuminé les salles obscures de
tout le continent.
Pour tes combats artistiques, cinématographiques, littéraires que tu as si
pleinement réussis, j’ai essayé d’être à tes côtés, pour te seconder
loyalement, fidèlement et, oui, j’ai essayé de lutter à tes côtés jusqu’aux
derniers moments de ta vie sur terre, contre les insatiables hyènes et vautours.
Car c’est toi, je le sais, qui a voulu les choses ainsi.
Homme du refus, dit-on de toi, homme du non, dirais-je plutôt ; non à
l’imposture religieuse sous couvert de l’Islam ou du Christianisme ; non
au mimétisme de l’élite néocoloniale aux yeux bandés par l’Occident ; non
aux compromissions esthétiques.
Ton héritage artistique est certain, mais il sera décidément lourd à porter
pour les épaules des nouvelles générations où l’on compte plus de vidéastes que
de cinéastes.
Ousmane, tu le disais si bien, ton œuvre n’est pas valeur commerciale pour
l’Occident, même si tellement de gens aimaient tes films en Europe, aux
Amériques ; de bonnes ou de mauvaises raisons expliquent cela : ton cinéma
ne répond naturellement pas aux habitudes de consommation acquises ainsi qu’à
certaines lois du simple plaisir cinématographique.
I l n’est pas étonnant non plus que lors de différentes réunions, tous les
regards se dirigeaient vers toi, chaque fois qu’il était question de stratégies
et de modalités d’action à adopter, car celui qui prend chaque fois la parole
pour montrer la voie avec une telle cohérence, ce n’est pas Sembène le
cinéaste, ni Sembène l’écrivain, mais d’abord et surtout toi, Ousmane le
militant. Là est la force, le soubassement inébranlable à partir desquels tout
a été possible.
Et c’est ainsi que tu as mené les combats essentiels de ton temps, pour la
justice, la liberté, la dignité de tous les peuples africains.
Ousmane, tu nous as quittés, physiquement, dans la plus grande discrétion, dans
la plus grande dignité, malgré ta grande souffrance, mais tes faisceaux
éclairants, restent, resteront pour toujours.
Avec ta foi de véritable croyant (pas de croyant « m’as-tu vu prier »
du vendredi ou du dimanche), tu nous laisses une inépuisable leçon de
créativité, de dignité et de courage.
Repose-toi, rassuré ; à côté des masques initiatiques africains que tu
aimais tant, tu es devenu toi aussi, et pour l’Éternité, figure sacrée
d’ancêtre !
Nous veillerons sur ton œuvre
cinématographique et ta pensée.
Tu nous manques déjà beaucoup.
Dors en paix.
Merci pour tout, Ousmane ! À toi l’aîné des Anciens. Merci !
Clarence Delgado
Bibliographie
·
Bové Bruno, « Sembène Ousmane (1923-2007), une
biographie » in africultures.com, 5 Avril 2009
·
Delgado Clarence, « Lettre à Ousmane Sembène »
in africultures, 5 Avril 2009
Gadjigo Samba, Ousmane Sembène. Une conscience africaine. Paris : Homnisphères, 2008, 253 pages
Gadjigo Samba, Ousmane Sembène. Une conscience africaine. Paris : Homnisphères, 2008, 253 pages
·
Mar Daouda, « Ousmane Sembène, théoricien et praticien du
genre romanesque et de la cinématographie en Afrique» in Africultures.com, 8 Avril 2009
·
Sène Fatou Kiné, « Aux côtés de Sembène /entretien
avec Clarence Delgado » in africultures.com, 5 Avril 2009
Filmographie
·
Sembène Ousmane, Borom Sarret , 1963, Médiathèque des
trois mondes ,19 minutes
·
Sembène Ousmane, Niaye,
Filmi domirev, 1964, 30
minutes,
Documentaire
·
Masson Alex, « histoire de cinéma – Ousmane
Sembène », Filmo Tv in youtube, mis en ligne en 2013
v Entretien
avec Moustapha Diop, acteur, réalisé le 1er Mars 2019
[1] Samba
Gadjigo, Ousmane Sembène. Une conscience africaine. Paris :
Homnisphères, 2008
[2] «
Cinéastes d’Afrique noire » in L’Afrique Littéraire et Artistique, 114).
[3] Dakar à
l’époque était divisé en deux parties. Le quartier français qui était le
plateau et celui des indigènes qui concernait Médina et la banlieue.
[4] Pendant
que l’armistice signée par le Maréchal Pétain était effective, De Gaulle lui
organisait la résistance. Dakar, à l’époque était du coté de Phillipe Pétain.
[5] Le 6
Aout 1940, Winston Churchill, Premier ministre britannique, et le général De
Gaulle décident de faire occuper le port de Dakar en déclenchant une opération
aéronavale baptisée Menace. L’attaque
débute le 23 Septembre 1940 et va durer 72 heures.
[6] In « Sembène Ousmane (1923-2007), une
biographie » in africultures.com,
5 Avril 2009 par Bové Bruno
[7] Sarraounia est un film franco-burkinabé-mauritanien réalisé
par Med Hondo et
sorti en salles en 1986. Il raconte l'histoire de la colonne Voulet-Chanoine, en mettant l'accent sur l'épisode de
l'affrontement avec la reine africaine Sarraounia.
[8] La
Confédération générale du travail, abrégé en CGT, est un syndicat français de
salariés créé le 23 septembre 1895 à Limoges3. Elle faisait partie des cinq
confédérations de syndicats de salariés français considérées, par présomption
irréfragable, comme représentatives par l'État avant la réforme de 2008.
[9] Le Parti
communiste français (PCF) est un parti politique français de la gauche
radicale. Il est fondé en 1920 lors du congrès de Tours de la Section française
de l'Internationale ouvrière (SFIO) visant à décider de l'adhésion à
l'Internationale communiste. La majorité du congrès ayant décidé de cette
adhésion crée alors la Section française de l'Internationale communiste (SFIC),
la minorité restant au sein de la SFIO. Le parti devient ensuite le Parti
communiste (PC), puis le PCF.
[10] Le
Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) est une
association française non gouvernementale, créée en 1949 par d'anciens
résistants et déportés de la Seconde Guerre mondiale, qui se définit comme un
moyen de revendication pour « l'égalité des droits entre tous les citoyens »
[11] La
Fédération des étudiants d'Afrique noire en France (FEANF) a été créée en 1950,
après les congrès de Lyon (avril 1950) et de Bordeaux (décembre 1950), afin de
regrouper toutes les associations d'étudiants africains en France1. Elle est
adhérente à l'Union internationale des étudiants depuis 1956. L'action
syndicale de la fédération (notamment en faveur des bourses et du logement2)
est vite relayée par un engagement politique (en faveur de l'Algérie
indépendante, de la conférence de Bandung, anticolonialisme)
[12] Baba
Diop, « Les dernières confidences de Sembène : « Je dois le dire avant de
mourir ». », Sud Quotidien (Dakar), du lundi 11 juin 2007
[13] Date de
la proclamation de l’indépendance du Sénégal suite à l’éclatement de la
Fédération du Mali.
[14] Alioune
Diop, né le 10 janvier 1910 à Saint-Louis (Sénégal) et mort le 2 mai 1980 à
Paris, est un intellectuel sénégalais qui a joué un rôle de premier plan dans
l'émancipation des cultures africaines, fondant notamment la revue Présence
africaine. L’université de Bambey porte son nom.
[15] Pierre
Haffner, né le 31 mai 1943 à Mulhouse en France et mort le 12 novembre 2000
dans la même ville, est un professeur et critique de cinéma, spécialiste du
cinéma africain.
[16] (Revue
Images Nord Sud n°72).
[17] Georges
Sadoul, né le 4 février 1904 à Nancy (Meurthe-et-Moselle) et mort le 13 octobre
1967 à Paris, est un critique et historien français du cinéma. Il est notamment
l'auteur d'une importante Histoire générale du cinéma (6 volumes).
[18] Sergueï
Appolinarievich Guerassimov est un réalisateur, scénariste et acteur soviétique
né le 21 mai 1906 à Koundrava, dans le gouvernement d'Orenbourg (Empire russe)
et décédé le 26 novembre 1985 à Moscou (Union soviétique).
[19] Mark
Semionovitch Donskoï est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur
soviétique. Il est en 1901 à Odessa et décédé le 21 mars 1981 à Moscou, en
Union soviétique.
[20] Le prix
Jean-Vigo est une récompense cinématographique française décernée depuis 1951,
créée par Claude Aveline, en hommage au réalisateur Jean Vigo, et présidé par
Luce Vigo sa fille. Il est attribué à l'auteur d'un film qui se caractérise par
« l'indépendance de son esprit et la qualité de sa réalisation »
[21] «
Cinéma africain : Premiers pas en liberté », in Jeune Afrique, 42
[23] Entretien
avec Moustapha Diop, acteur, réalisé le 1er Mars 2019
[24] Jacques
André Perrin Simonet dit Jacques Perrin, est un acteur, réalisateur de
documentaires et producteur de cinéma français né le 13 juillet 1941 à Paris.
Il est membre de l'Académie des beaux-arts depuis décembre 2016.
[25] Né en
1953 à Dakar, Clarence Thomas Delgado est un cinéaste sénégalais. Après une
formation en réalisation et production à l’école de cinéma de Lisbonne
(Portugal), il s’est formé comme opérateur de prises de vues au Centre de la
Radio Télévision Algérienne (1977). Dès 1979, il travaille comme assistant
opérateur puis comme premier assistant réalisateur sur plusieurs courts
métrages. Il était assistant de Sembène Ousmane mais aussi un proche.
[26] Sène Fatou Kiné, « Aux côtés de Sembène /entretien avec Clarence
Delgado » in africultures.com, 5 Avril 2009
[27] Fatoumata
Coulibaly ou Fanta Coulibaly est une actrice de cinéma et réalisatrice
malienne, également journaliste et militante des droits des femmes, en
particulier contre les mutilations génitales féminines (MGF)
[28] In «
Sembène Ousmane (1923-2007), une biographie » in africultures.com, 5 Avril 2009
par Bové Bruno
[29]
(Gadjigo, p. 218).
[30] Alexandre
Biyidi Awala (en littérature Mongo Beti ou Eza Boto), né à Akometam (Cameroun)
le 30 juin 1932 et mort à Douala le 7 octobre 2001, est un écrivain camerounais
francophone. Romancier renommé, il est également essayiste engagé, enseignant,
libraire et éditeur.
[31] Ferdinand
Léopold Oyono, né le 14 septembre 1929 à Ngoulemakong1, près de Ebolowa
(Cameroun), et mort le 10 juin 2010 à Yaoundé2, est un écrivain, un diplomate
et homme politique camerounais.
[32] Guy
Hennebelle, né le 9 juillet 1941 à Armentières et mort le 3 juillet 2003 (à 61
ans) à Boulogne-Billancourt, est un historien du cinéma et journaliste
français.
[33] (Ecran 76,
in Emitaï [scénario], 11-12)
[34]
Expression utilisée par Delgado in Sène
Fatou Kiné, « Aux côtés de
Sembène /entretien avec Clarence Delgado » in africultures.com, 5
Avril 2009
[35] Vénus
Seye
[36] entretien d’Olivier Barlet avec Ousmane
Sembène, Paris, Janvier 1998 in africultures.com
Un texte bien écrit qui pousse le lecteur à découvrir ce qui se trouve en bas. Merci mon frère et voilà également un modèle pour la jeunesse.
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