Le sénégal, les progrès du recul ; de l'indépendance à nos jours




Par Bathie Samba Diagne, étudiant au département d'histoire, Ucad


Cela parait une éternité mais cela fait juste 59 ans que nous sommes « indépendants ». Durant cette période, nous sommes juste passés du rêve au cauchemar. En 1960, le Sénégal montrait la voie en créant l’un des premiers regroupements d’Etats en Afrique après les indépendances, échec deux mois plus tard ; création de la Sénégambie, échec encore une fois ; conflit avec la Mauritanie en 1989 et pour finir en 2016, on est obligé d’envoyer l’armée pour régler une situation en Gambie. Pendant ce temps, l’Afrique marche à pas de fourmi. C’est les montagnes russes coté développement, certains pays avancent, d’autres comme le Sénégal reculent.
Le tandem Senghor Dia avait conduit le pays à l’indépendance. Senghor, bien qu’étant francophile avait, dans un contexte particulier mis le Sénégal sur de bon rails. En Afrique de l’Ouest, Le Sénégal faisait parti avec le Cameroun et la Cote d’Ivoire du petit lot de pays dont les « pères de l’indépendance » n’ont pas été assassinés ou renversés. Et pour le Cameroun, le départ d’Ahidjo en 1982 a laissé place à Paul Biya qui est président depuis cette date. Pour la Cote d’ivoire, le pays plonge dans une série de violence après le décès de Houphouët-Boigny qui a mal préparé sa succession.
Donc en Afrique de l’ouest, le Sénégal bénéficie d’une stabilité qui n’existe que chez lui. Ce qui a certainement poussé nos politiques au laxisme. Depuis le départ de Mamadou Dia, jamais un modèle original de développement basé sur les réalités sénégalaises n’a vu le jour. Prenant le relais de Senghor, Abdou Diouf n’a pas brisé le cordon ombilical entre la France et le Sénégal. Pire, il s’est exposé aux politiques d’ajustement structurel et pour finir avec lui, on aura connu la dévaluation en 1994.
En 2000, le Sénégal change de régime avec l’arrivée de l’éternel opposant Abdoulaye Wade, le visionnaire. Avec lui, les réalisations se sont multipliées aussi avec lui le Sénégal a connu une certaine liberté vis-à-vis de la France. Cependant la crise mondiale de 2008 a eu bien des répercutions sur son régime dans un moment où une certaine tension régnait. En 2012, alors qu’il essayait de faire ce qu’il ne devait pas faire, il quitte le pouvoir. Le peuple dans sa grande majorité faisait confiance à un certain Macky Sall.
Avec lui, on peut se résumer en un seul mot : désillusion. Premier hic, pour démarrer son projet de développement, il va se faire financer par la France. La France qui déjà nous fournit le franc Cfa et à qui nous retournons la moitié des bénéfices. N’avons-nous pas plongé dans une dépendance où nous n’aurons pas notre mot à dire ? Deuxième hic, le président a du mal à tenir ses promesses de campagne : le nombre de ses ministres, la durée de son mandat... Bref, nous dirons qu’il réalise juste le contraire de ce qu’il avait promis. Troisième hic, ses projets et réalisations qui ne s’inscrivent pas dans le registre de la nécessité. C’est comme faire du bouche à bouche à celui qui doit avoir un garrot. Au moment où une entreprise française qui était en faillite construit le Ter qui fonctionne avec l’électricité à plus de 1000 milliards, dans l’intérieur du pays, les enfants sont dans des abris provisoires, il y’a pas d’électricité ni de poste de santé. En plus de cela, le Ter se limite dans la région de Dakar et sa réalisation a causé beaucoup de dommages. Est-ce un projet qui était nécessaire ? Quatrième problème : Diamniadio. Cette ville qui va naitre est entre Dakar et Thies. Ce qui de facto va accentuer la ruée vers la presqu’ile et asphyxier l’intérieur du pays par l’exode rural. N’était-il pas plus judicieux de faire cette ville dans l’intérieur du pays ? Aujourd’hui, les entreprises française ont le monopole : Orange, Total, Eiffage… Certains comme Auchan vont au fur et à mesure du temps phagocyter notre petite économie. Le sénégalais ne sent pas la mécanique. La présence de ces grandes firmes n’incite pas à la naissance de PME. Pour finir, les politiciens de métier versent dans la transhumance au grand dam des Sénégalais.
En 2019, nous une élection présidentielle qui oppose Macky Sall à 4 candidats. Parmi ces 5, il y’a Ousmane Sonko, un jeune qui incarne le changement du système en place depuis 1962 et qui n’a pas su développer le Sénégal. Le peuple refuse de voter le changement et accepte de continuer avec ce régime. Espérons qu’en 2024 il ne soit pas trop tard. On peut juste constater comment nous avons reculé depuis les indépendances…De la fondation de la Fédération du Mali au deuxième mandat de Macky Sall.

Commentaires

  1. Malheureusement, comme le dit un proverbe africain: "Le vieuillard qui ne veut pas aller au champ dira toujours qu'il n'a pas de poudre de tabac même si on lui ménage une charette pour y aller."

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