Il y'a 49 ans jour pour jour, Omar Blondin Diop trouvait la mort à la prison de Gorée. C'est l'occasion pour nous de revenir sur ce personnage important dans l'histoire du Sénégal. Nous vous livrons cet entretien réalisé avec le Dr Dialo Diop, frère d'Omar Blondin et ancien prisonnier politique.
Je m'appelle Dialo Diop, je suis médecin biologiste à la retraite. J’étais enseignant à la faculté de médecine de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar. J'ai aussi travaillé à l'hôpital Fann où j'ai pris ma retraite il y a quelques années.
Jeune, vous étiez engagé avec Omar Blondin dans la lutte. Qu’est ce qui vous a poussé à être engagé ?
En réalité, mon engagement politique est lié en partie à l'histoire de notre continent et du monde en général. C’est le même cas pour mes frères. Par exemple, avec mon frère Ousmane, nous nous sommes éveillés à la conscience politique à l'occasion des événements de mai juin 1968 à Dakar. Nous étions élèves en classe de Terminale. Il y avait un mouvement estudiantin parti de l'Université qui après jonction avec le mouvement ouvrier avait débouché sur une grève générale très insurrectionnelle. C’était dans le cadre du mouvement des élèves réunis au sein du comité national des élèves du Sénégal. Nous avions commencé à comprendre non pas seulement les problèmes de l'école et de l'université mais le problème finalement du pays dans son ensemble à savoir celui de la fausse indépendance et de cette dépendance structurelle totale et inconditionnelle envers la France colonialiste. S’y ajoutent les influences dans la famille. En effet, nos parents étaient considérés comme des opposants au régime de Senghor parce qu’ils étaient des « laministes » au moment où les Français avaient décidé d'installer Senghor à la tête du pays. Après l'indépendance, ils étaient des « Diaïstes » ou des sympathisants de Mamadou Dia qui après le coup d'État de 1962 est devenu un pestiféré dans ce pays. Tout ce qui se rapprochait de lui et de ses compagnons était exclu.
Pour répondre spécifiquement à la question concernant Omar, il était l'ainé de notre famille et avait une formation d'étudiant en philosophie. Il était très porté sur le brassage des idées et essentiellement des idées euraméricaines, des idées qui circulaient majoritairement dans le monde intellectuel de la France de l'époque parce qu'il y a fait toutes ses études. Grâce à lui, nous avions pu être au contact de beaucoup de livres, de journaux et de textes divers y compris ceux des penseurs-révolutionnaires asiatiques. Cela a contribué tant à notre engagement qu'à notre formation politique.
« Omar se battait pour la libération de l'Afrique et de toute l'humanité. Il se battait pour l'égalité entre tous les êtres humains… »
Parlez nous d’Omar Blondin. Quelle était son idéologie et pourquoi se battait-il ?
Omar est l’ainé de notre famille. Il est né à Niamey au Niger en 1946. Il est décédé à la prison de Gorée à Dakar en 1973. C'était un ainé particulièrement attentionné envers ses frères puînés. Il a eu une forte influence sur notre formation. L'influence principale étant celle de nos parents qui nous ont éduqués. Omar spécifiquement, en tant qu'ainé est une sorte de modèle pour ses jeunes frères et il avait une caractéristique, c'est qu'il était très éclectique intellectuellement. Un bon philosophe, il lisait tout. Il avait une soif inextinguible de connaissance. Je ne parlerai pas trop de ses opinions philosophiques, sinon qu’au moment où il préparait sa thèse de doctorat en philosophie, il envisageait de la faire sur Spinoza. Du point de vue politique, Omar est passé par tous les courants de pensée. La base de sa formation a été évidemment marxienne avant de devenir carrément marxiste-léniniste tendance Maoïste. Cela ne l'a pas empêché de voir chez les trotskistes, chez les anarchistes, chez les africanistes, chez les situationnistes, chez les blacks panthers party...bref, tous les courants de pensée révolutionnaires du 20ème siècle ont atterri dans nos bibliothèques sous forme d'ouvrage, de film, de journaux. Par exemple nous étions abonnés au journal du Black Panther Party des noirs américains. Et autant, il est passé par toutes ces expériences théoriques, autant il ne s’est fixé définitivement sur aucune d’elles. Je ne peux pas préjuger de ce qu'il aurait fait, où il se serait fixé s’il avait vécu plus de 26 ans. Omar se battait pour la libération de l'Afrique et de toute l'humanité. Il se battait pour l'égalité entre tous les êtres humains sans tenir compte de l’origine, la couleur, la conviction ou la religion. De ce point de vue là, s'il fallait l'étiqueter il se battait pour la cause de l'humanité.
Dans quelles circonstances votre arrestation a eu lieu ? Pourquoi Omar était à Gorée et vous à Kédougou ?
En fait, nous avions été arrêtés dans le cadre d'un groupe d'action direct formé de gens de tous horizons et d’obédiences. De tous âges aussi puisque l'ainé du groupe avait plus de 30 ans alors que le plus jeune n'en avait que 15. Il y avait des étudiants, des élèves, des chômeurs, des tailleurs, des artisans etc. Omar n'a jamais été membre de notre groupe puisque le groupe était à Dakar alors que lui à l'époque poursuivait ses études à Paris. Après avoir subi une année d'expulsion du territoire français, suite à sa participation au mouvement du 22 mars à Nanterre, en Mai 68 en France, il est reparti en France. Il a fait un an au Sénégal et il est reparti quand on a levé l’arrêté d'expulsion. Et donc il n'a jamais été membre de notre groupe. Après notre arrestation, nous avions passé une année en prison. Omar a essayé de nous libérer avec d'autres camarades. Ils ont échoué parce qu'on les a arrêtés au moins lui et Paloma à Bamako. On les a extradés au Sénégal. Les autorités pénitentiaires se sont arrangées pour que jamais nous ne soyons dans la même prison. Lui, ses autres frères détenus et les autres camarades. Il n'était qu'avec le groupe des extradés au départ. Nous étions au Fort B lorsqu'ils ont été extradés de Bamako mais avant qu'ils n’arrivent, on nous a déportés à la prison de l'île de Gorée pour les installer au Fort B, On les a jugés, on m'a rejugé avec eux et après que le tribunal spécial, les aient condamnés ils ont décidé de les amener à Gorée à notre place. Pendant ce temps, on nous déportait à Kédougou, au centre pénitentiaire spécial où nous avons retrouvé les présidents Mamadou. Dia, Ibrahima Sarr, Valdiodio N'diaye. Voilà pourquoi au moment de sa mort il était seul avec mon jeune frère Mohamed appelé Pape Ndiaye.
« Ils répondaient qu'ils ne pouvaient pas transporter Blondin dans la chaloupe parce que tout Gorée allait savoir… »
Officiellement, Omar Blondin s’est suicidé. Une thèse battue en brèche. Pouvez-vous revenir sur les circonstances de la mort d’Omar Blondin ?
En réalité tout le monde sait qu'Omar ne s'est pas suicidé, que c'est un crime maquillé en suicide. Nous le savons, nous la famille, directement par mon frère Mohamed qui était témoin des faits. Il était avec Omar au cachot c'est-à-dire au quartier disciplinaire après des incidents répétés qu'ils avaient eus. Mohamed était avec lui à Gorée pendant que moi avec feu Ibrahima Paye dit Jacky et feu Noun Camara respectivement perpétuité et vingt ans de détention étions en déportation à Kédougou. Donc Mohamed était avec Omar au cachot dans deux cellules différentes mais voisines, adjacentes. Il a entendu incident. Omar avait droit à 15 minutes de récréation. Au bout de 5 minutes, l'un des geôliers a voulu le faire rentrer. Il faut noter qu'ils n'étaient plus gardés par des gardes pénitenciers. Ils étaient gardés par des GMI que le ministre de l'intérieur de l'époque Jean Collin avait spécifiquement fait venir de Thiès avec des consignes spécifiques nous concernant. Et donc cet agent a voulu réduire la durée de la récréation d’Omar. Ce dernier a refusé en disant que cela ne faisait pas 15 minutes. Il a voulu le faire rentrer de force. Omar a résisté et il a demandé des renforts. Ces derniers l'ont matraqué et Omar a perdu connaissance. Paniqués, ils ont appelé l'infirmier de l'île qui est venu. Il lui a fait une injection d'un intramusculaire. Omar demeurant inerte, il a ordonné le transfert sur le pavillon spécial de l'Hôpital Le Dantec qui est la prison-hôpital en quelque sorte. Ils se sont bien gardés d'exécuter cet ordre du paramédical. Lorsque le juge d'instruction, le doyen Touré leur a demandé lors d'une reconstitution pourquoi ils n'avaient pas exécuté les ordres du médecin, ils répondaient qu'ils ne pouvaient pas transporter Blondin dans la chaloupe parce que tout Gorée allait savoir qu'il s'était passé quelque chose ce jour là à la prison. Cela a suffit évidemment pour qu'on les inculpe. Mais dès que le Doyen des juges Touré les a inculpés, (le gardien chef, le chef de cour, les 3 GMI présents) il a été relevé de son poste par le président Senghor. Il a été victime de ce qu'on appelle dans le milieu administratif bureaucratique une promotion-sanction. C'est mon père qui a demandé l'autopsie à laquelle il a assisté. Il était médecin. A la fin, il a produit un contre rapport d'expertise sur le rapport fait par le professeur Quénum qui était le titulaire de la chaire d'anatomopathologie de la faculté de médecine de l’Université de Dakar. Le responsable de la chaire de médecine légale a été soigneusement tenu à l'écart. C'était le docteur François Dieng, une sorte d'adversaire attitré de Léopold Senghor. Celui qui est l'auteur du coup fatal est décédé, il y a de cela 18 à 24 mois. C'est celui qui s'était permis de mettre en cause le doyen des juges Touré dans une interview à l'occasion du 40e anniversaire de la mort d'Omar que nous avons pu poser une plaque dans la cellule où il a trouvé la mort et qui est devenu aujourd'hui le musée historique de Gorée.
Quelles sont les conséquences du décès d’Omar ?
Pour Omar, déjà c’est la perte de la vie, son élan vital brisé alors qu’il était en plein ascension. Pour la famille, c’est la perte dans des circonstances tragiques de l’ainé. Cela a dévasté mes parents. Mon père a eu du temps à s’en remettre. Il a failli lui-même décéder dans les suites immédiates de cette perte. C’est un deuil que nous portons encore. C’est une perte irréparable. S’agissant des conséquences collectives, ce qu’Omar aurait fait s’il avait poursuivi sa vie, personne ne peut le dire mais il avait suffisamment de ressources pour être utile à l’Afrique c’est indéniable. Au lendemain du 40ème anniversaire, nous avions écrit au garde des sceaux pour demander la réouverture de ce dossier puisqu'il ne peut être frappé de prescription. Une réponse nous a été donnée par Mimi Touré, confirmée verbalement par l'un de ses successeurs, Sidiki Kaba. Mais à ce jour, aucun acte de procédure complémentaire n'a été initié par l'autorité judiciaire et nous le déplorons mais nous ne renoncerons pas à faire la lumière, quitte à nous pourvoir à l'international c'est à dire devant les Cours africaines compétentes.
« Je ne suis pas le plus jeune prisonnier politique au Sénégal »
Les années 60-70 étaient mouvementées au Sénégal dans un contexte de guerre froide. De quelle obédience étiez-vous et que reprochiez-vous à Senghor ?
Au début des années 70, quand ces événements ont lieu, la guerre du Viêt Nam battait son plein, les mouvements de révolte de la jeunesse éduquée et instruite avait balayé la planète entière. On parle de Mail 1968 à Paris, de Mai-Juin 68 à Dakar. Il y avait eu aussi des événements au Mali sous l’avènement du régime militaire de Moussa Traoré qui avait coûté la vie à un ancien étudiant de Dakar exclu de l’Université. Il y avait aussi le mouvement des hippies en Californie, le mouvement des Blacks Panthers dans les ghettos américains, la répression féroce des mouvements de libération dans les colonies portugaises en Afrique... Bref ! C’était la zone des tempêtes. Personnellement j’étais plutôt de la mouvance marxiste-léniniste, tendance maoïste. Ce qui n’était pas le cas de mon frère Omar qui n’était pas doctrinaire, il était trop philosophe pour être doctrinaire contrairement à moi. Ce que je reprochais à Senghor, c’est finalement tout ce que lui reprochait le mouvement patriotique et démocratique sénégalais. Tout le peuple victime de ses faits et méfaits. Il y a eu le soulèvement de 1968, la fronde dans les mondes paysans, l’hostilité massive de l’intelligentsia et pas seulement de la jeunesse. Les partis politiques interdits aussi. Sa soumission à ses maîtres français était quasiment obsessionnelle. Sa brutalité et sa fourberie... Comme le définissait mon tonton Yoro Sy, la fourberie se définit comme l’art de la tromperie fondée sur le mensonge. C’est ce que tous les patriotes africains lui reprochaient. A haute voix comme Sékou Touré le faisait quotidiennement sur les antennes de la Voix de la révolution de Radio Guinée ou à voix basse comme les mouvements patriotiques du continent.
Une certaine Presse parle de vous en utilisant l’expression « plus jeune prisonnier du Sénégal ». Qu’en est-il de cette affirmation ?
Je précise aussi que je n'étais pas le plus jeune prisonnier politique du Sénégal puisque mon jeune frère qui avait deux ans de moins, Mohamed, était arrêté le même jour. Il est sorti de prison le même jour que moi. Il a fait exactement la même durée que moi-même. Je crois qu'on était en 1971, il est né en 1953, il avait 18 ans alors que moi j'ai fêté mes 20 ans en prison, j'avais 19 ans quand on m'arrêtait. D’ailleurs, je ne suis pas sûr que Mohamed soit le plus jeune prisonnier politique au Sénégal. Il était condisciple du jeune Abdoul Aziz Sy, fils de Serigne Moustapha Diamil. Il n’était pas foncièrement membre de notre groupe mais il s’est livré à la police en revendiquant son appartenance à ce groupe et on l’a donc inculpé et placé sous mandat de dépôt. C’est pendant l’instruction auprès du juge du tribunal Bassirou Diakhaté qu’il a été libéré parce qu’il n’avait pas participé aux attentats. Il n’était pas avec nous quand on a incendié le centre culturel français et le ministère des travaux publics. Il n’était pas avec nous aussi lorsqu’on a tenté de balancer des cocktails Molotov sur le cortège Senghor-Pompidou à son arrivée à Dakar.
« Deux fois j’ai escaladé le mur pour aller le voir dans son pavillon. Il m’avait interdit de le faire une troisième fois… »
A la prison de Kédougou, vous avez rencontré beaucoup d’hommes d’Etat. Quels étaient vos rapports avec eux ?
Nous les avons rejoints en Mars 1972 à Kédougou où ils nous avaient précédés de près de 10 ans. Au moment où nous y étions déportés, Jacky Paye, Noum Camara et moi-même, il n’y restait plus que 3 détenus. En dehors du président Mamadou Dia, il y avait les ministres Ibrahima Sarr et Valdiodio Ndiaye. Comme ils étaient soumis au régime de la réclusion, nous ne les avons pas vu jusqu’à la veille de notre libération en Mars 1974. Nous étions dans le même centre mais on ne se voyait pas. Et nous-mêmes, les 3 incendiaires, comme Senghor nous avait baptisé, avons dû faire deux grèves de la faim pour avoir droit à nous regrouper dans le pavillon de l’un d’entre nous tous les jours de 9 h à 18h. La deuxième grève dura 23 Jours d’ailleurs. Par contre, en Fin Février 1974, de retour d’une visite médicale au pavillon spécial de l’Hôpital le Dantec à Dakar, le président Mamadou Dia est arrivé. On nous a convoqués dans son pavillon. Il a été reçu par le tout puissant ministre de l’Intérieur, de l’époque, Jean Collin qui lui avait annoncé que le président Senghor avait décidé d’amnistier tous les prisonniers politiques du Sénégal à l’occasion de la Fête d’indépendance du 4 Avril. Il lui a annoncé aussi que nos conditions de détention allaient être allégées. Nos portes allaient être ouvertes. C’est là que j’ai fait la connaissance de Tonton Valdiodio Ndiaye qui était une connaissance de mon père. J’ai découvert le président Mamadou Dia. Mais celui qui m’a le plus profondément marqué des trois, c’est Ibrahima Sarr. J’ai pu communiquer avec lui parce que nos deux pavillons étaient adjacents. Deux fois j’ai escaladé le mur pour aller le voir dans son pavillon. Il m’avait interdit de le faire une troisième fois me signalant que si la gendarmerie gardait les prisonniers à l’intérieur, c’est les militaires, les miradors avec des armes chargés qui protégeaient le camp de l’extérieur. En me voyant escalader de l’intérieur, ils pourraient tirer sur moi prétextant une tentative d’évasion. Il m’avait montré un système pour que nous puissions communiquer par des messages écrits qu’on faisait passer à travers le toit de nos cuisines respectives. Ibrahima Sarr avait dirigé la grève des cheminots de 1947. Cette grève avait permis de casser la ségrégation et la discrimination dans le monde du travail entre les indigènes et les citoyens français. Cette grève sera à l’origine du premier code du travail démocratique entre tous les travailleurs du début des années 50. Ibrahima Sarr était le vrai militant. Il n’était pas un ancien ministre, il était un ancien syndicaliste avant tout. C’était vraiment celui qui m’a le plus marqué des hommes d’Etat que j’ai pu côtoyer à Kédougou et d’ailleurs mon fils aîné porte son nom.
« L’évolution politique du Sénégal est à l’image de l’évolution politique du continent. Elle est désastreuse. »
Quelle analyse faites-vous de l’évolution politique du Sénégal ?
Je peux la résumer en une seule phrase : « Tey la Walo gueneu aaye – les choses sont pires maintenant ». Le pays a continué sur le système néocolonial français, à être le point d’appui stratégique, aéronaval notamment de la cinquantaine d’interventions militaires françaises, ce qu’ils appellent opérations militaires extérieures sur notre continent pour faire et défaire les régimes indociles. Les sénégalais n’ont pas tardé à se rendre compte qu’ils avaient été leurrés par une fausse indépendance vidée de tout contenu et que les verrous coloniaux étaient toujours en place. Qu’il s’agisse du verrou militaire, du verrou politique et diplomatique, du verrou monétaire et financier avec le franc-Cfa qui nous ruine ou du verrou culturel avec l’omnipotence, l’exclusivité de la langue officielle qu’a la langue française chez nous. Senghor fut l’un des fondateurs et des défenseurs de la francophonie qui est le pilier culturel de la Françafrique et qui fait qu’après 3 siècles et demi d’occupation, vous avez encore plus de 75 pour cent de la population qui est analphabète dans la langue d’administration et d’enseignement. Cela peut continuer comme ça des siècles si nous ne donnons pas à nos langues nationales le statut auquel elles ont droit à savoir celui de langue officielle et de travail. Hélas, le résultat de tout cela, ce n’est pas seulement l’analphabétisme et les maladies, je parle de corde dans la maison d’un pendu. Et en dehors de l’éducation et de la santé, il y a la misère dans laquelle la majorité de nos concitoyens est maintenue. Je donne un exemple. On nous dit que les mesures barrières sont la principale défense populaire contre la propagation du virus et que la première de ces mesures c’est le lavage des mains à l’eau et au savon. Mais qui dispose d’eau propre ? Quel pourcentage de la population a accès à l’eau potable et au savon ? Comment dans ces conditions on peut prétendre lutter sérieusement contre ce virus ? On a des épidémies de choléra ici, il n y’en a pas eu cure. Bref. L’évolution politique du Sénégal est à l’image de l’évolution politique du continent. Elle est désastreuse. Ce sont les africains qui en payent le prix. On n’a pas d’exemple plus révélateur que ce que l’on appelle en wolof « Mbeuk mi », c'est-à-dire le sauve qui peut massif de la jeunesse de notre pays vers le soi-disant Eldorado, le prétendu Eldorado Euraméricain qui est un mirage parce qu’ils vivent l’enfer là bas, nos concitoyens. Le taux de surmortalité qui les frappe aussi bien en Europe qu’aux Etats Unis est révélateur de leur statut de sous-homme dans ces sociétés dites néolibérales. Bref ! C’est aux africains de se lever, de se réveiller, de s’unir et de s’organiser pour inverser le cours historique défavorable aux peuples africains depuis le dernier demi millénaire écoulé. C’est une question de survie en tant que peuple et nous avons les moyens de relever les défis auxquels nous sommes confrontés et en dernière analyse notre avenir ne dépend que de nous-mêmes, je ne dis pas d’abord de nous-mêmes mais essentiellement de nous mêmes sinon exclusivement de nous mêmes. On ne peut pas s’attendre à ce que les prédateurs d’Outre-mer ou venus du désert changent. Que le loup se convertisse en agneau ou en bienfaiteur. Ils sont dans leur logique. Après le passage de cette pandémie, vous verrez qu’ils vont recommencer comme si rien ne s’était passé. A nous de faire en sorte que cela ne soit pas le cas. Ils veulent une Afrique sans Africains.
Le mot de la fin
A l’occasion du 60ème anniversaire de la proclamation d’une indépendance bidon comme tant d’autres pays de l’empire français d’Afrique, je dirai que le meilleur résumé que l’on puisse faire, la meilleure synthèse que l’on puisse faire de notre tragédie micro nationale c’est faire la chronologie de nos présidents. Parce que, Senghor était un proconsul français qui a pris sa retraite après 20 ans de pouvoir. Il choisit son successeur, il l’installe sans nouvelle élection et va se coucher en Normandie pour ne plus s’occuper que de l’Académie française. Son successeur fait comme lui, 20 ans au pouvoir. Il voulait faire même 27 ans. On le chasse. Qu’est ce qu’il fait ? il reprend la métropole où il va lui s’occuper non pas de l’Académie française mais de l’Organisation internationale de la Francophonie. Celui que nous avons pris pour remplacer Abdou Diouf n’est autre qu’Abdoulaye Wade qui était l’opposant favori de Senghor. Lui-même pro français, malgré le double langage et le double jeu. Il est élu au départ disant qu’il ne fera qu’un mandat quinquennal. Finalement, il fait un septennat puis un quinquennat après des élections frauduleuses comme toutes les élections qui ont eu lieu dans ce pays depuis le référendum de 1958. Lui aussi a voulu faire comme son modèle Senghor. Il viole son serment en essayant de faire un troisième mandat avec le projet de choisir son successeur qui n’est autre que son fils pour nous l’imposer à son départ. La vigilance et la mobilisation de la jeunesse sénégalaise mettent en échec ce plan machiavélique. Quand Wade est parti, on met à sa place, non pas son fils biologique, mais son fils politique Macky Sall. Ce dernier dans son fauteuil, nous fait croire que, né après l’indépendance, il est décolonisé puisqu’il n’a pas connu la période coloniale. Il est encore plus faible devant les « toubabs » que son maitre Wade et regardez dans quel état il a mis le pays. On a fait 60 ans, on va continuer comme ça jusqu’à un siècle, un demi millénaire encore. Il faut que cela cesse et ça ne cessera que quand les africains auront décidé que ces phénomènes là comme celui des fils Bongo et Eyadéma doivent cesser. Personne ne le fera à notre place puisque ce sont les maîtres étrangers du pays qui jouent ce jeu là avec leurs serviteurs à la peau noire.
uhuruhistoireafricaine@gmail.com
Très intéressant. Tellement riche. Il n'y a que des leçons à retenir
RépondreSupprimerTrès intéressant. C'est vraiment déplorable ,jusqu'à présent nos dirigeants continuent de procéder à l'élimination physique de leurs adversaires. Encore une fois merci et bonne continuation
RépondreSupprimerOn est tellement fier de toi Bathie.
RépondreSupprimerTrès intéressant beaucoup gens pensent connaître l l'histoire politique du Sénégal or ils se trompent sur toute la ligne encore merci Mr Diagne et notre cher érudit
RépondreSupprimerMerci Samba
RépondreSupprimerTrès intéressant
Lu et apprécié ! Merci mon historien préféré
RépondreSupprimerIntéressant Bathie. Excellent Travail 👏.
RépondreSupprimerMerçi samba. Et j'adhere. Il a tout simplemenyttout dit.
RépondreSupprimerEn Afrique a chaque fois qu'on applaudit c'est la decepréce qui s'en suit
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