Chronique : Cinéma – Littérature : Le féminisme

Etude croisée d’Une si longue lettre (Mariama Ba), de Faat Kiné (Sembène Ousmane) et de C’est la vie (Keewu Production)
Une si long lettre, Faat Kiné et C’est la vie. Trois productions variées ayant plus 30 ans de décalage. Malgré cet écart, l’idée de fond reste la même : un plaidoyer pour la femme. Nous nous intéressons aujourd’hui à ces trois productions.
Présentation des oeuvres
Nous parlons tout d’abord des productions de Sembène Ousmane. Durant toute sa vie, Sembène a défendu la Femme. Un de ses premiers films revenait sur le sort tragique de Johanna, une jeune fille qui quittait Dakar pour aller travailler comme bonne en France. C’est  La noire de…  Quelques années après ce film, Sembène produit Niaye, un court métrage qui évoque une relation incestueuse tout en dégageant l’histoire pathétique d’une jeune fille. En 2000, Sembène entame une trilogie en faveur de la Femme avec Faat Kiné. Devaient suivre Molaadé et la Confrérie des rats

Malheureusement, il ne fera pas ce dernier film, il décède en 2007. Faat Kiné se relève comme un film futuriste. Nous y reviendrons dans les prochaines lignes. S’agissant de Molaadé, c’est un film réalisé pour lutter contre des pratiques dévalorisantes à l’endroit de la Femme comme l’excision.
Une si longue lettre révélait au monde le talent d’une femme sénégalaise : Mariama Ba. Le succès de ce roman va être couronné par l’attribution du Prix Noma en 1980. Malheureusement, Mariama Ba nous quittait très tôt. Juste à l’âge de 52 ans.

C’est la vie est une série tournée au Sénégal précisément à Yoff et Fann Hock. Elle en est à sa deuxième saison en cours de diffusion sur Youtube. C’est l’histoire d’une ville : Ratanga. La santé de la femme est le thème principal.  D’autres thèmes secondaires sont développés aussi avec comme point focal l’émancipation de la femme. Nous développerons ce point dans la dernière partie.

Analyse
Nonobstant le fait que les trois œuvres sont de genres différents, l’un roman, l’autre un film la dernière une série, nous notons l’élaboration de personnages parallèles. Dans le film éponyme Faat Kiné, nous notons que l’héroïne avait un passé douloureux. Interprétée par Vénus Seye, Faat Kiné est une femme qui avait quitté l’école après avoir été enceinté par son professeur qui en refusait la paternité. Après la naissance d’une première fille, Faat Kiné tombe une deuxième fois enceinte. Il faut noter que son père la punissait pour voir pris « le mauvais chemin ». Ce qui est intéressant avec ce personnage c’est sa trajectoire. Renvoyée de l’école, punie par son père, Faat Kiné avait tout pour sombrer mais non. Elle s’est ressaisie et a construit un monde joyeux tout en étant dans des conditions dures auparavant. Sembène marque bien cela en faisant débuter le film par cet événement heureux, l’obtention du Bac par les deux enfants de Faat Kiné. Nous voyons bien qu’il y’a cette Femme qui s’est ressaisie dans sa vie et est devenue autonome sans l’aide d’un homme. Faat Kiné possède une voiture et gère une station d’automobiles. Nous voyons le même cas dans le roman de Mariama Ba. Dans Une si longue lettre, nous avons le personnage d’Aissatou. Elle est l’amie de Ramatoulaye, celle à qui on envoie la lettre. Dans le roman, Aissatou et Ramatoulaye sont des amies d’enfance. Elles connaissent en même temps leurs futurs maris. Modou Fall le mari de Ramatoulaye, Maodo celui de Aissatou. Nous nous intéressons à ce dernier couple. Tout se passait bien dans le couple mais la mère de Maodo n’était pas d’accord que son fils épouse une femme qui n’est pas issue d’une « grande lignée ». La mère de Maodo va obliger ce dernier à épouser une femme qu’Aissatou et lui ont élevé. Avec cette deuxième femme prise par Maodo, Aissatou quitta le domicile conjugal. Elle part poursuivre ses études et va travailler aux Etats Unis. Là on voit une corrélation entre lespersonnages de Faat Kiné et d’Aissatou. Deux femmes victimes des tares de la société ; deux femmes ayant survécu à des situations difficiles et qui sont devenues autonomes.
C’est la vie se révèle comme un achèvement d’Une si longue lettre et de Faat Kiné. En effet, dans cette série, bien des choses tendent vers la liberté de la femme. Dans une si longue lettre, Ramatoulaye était restée dans le domicile conjugal après avoir eu une coépouse. Bien qu’elle soit restée, son vœu intime était de rompre le mariage mais elle ne pouvait pas. Dans C’est la vie, nous avons le personnage d’Emadé. Une femme qui n’a pas hésité à s’en aller après que sa belle mère ait pris une seconde femme pour son mari. Là aussi, il y’a une corrélation entre les personnages d’Aissatou et d’Emadé.
Sur un autre aspect, on note la liberté qu’a pu acquérir la jeunesse. En effet, on parle maintenant de méthodes contraceptives et de sensibilisation. Dans une si longue lettre et dans Faat Kiné, tel n’était pas le cas comme en relate l’épisode où Aissatou, fille de Ramatoulaye était tombée enceinte. En effet, dans C’est la vie, au moment où Julien et Rachel oublient de mettre un préservatif, ils se rattrapent en utilisant une méthode contraceptive d’urgence. Dans une si longue lettre, Mariama Ba n’évoque pas de méthode de contraception pour le cas de la petite Aissatou. Nous voyons bien donc cette évolution.
C’est la vie s’attaque aussi à l’excision avec l’affaire Caro. Un thème largement développé dans Mooladé de Sembène Ousmane. Pour finir, on fait la corrélation entre les personnages d’Aissatou (Une si longue lettre), de Faat Kiné (Faat Kiné) et d’Emadé et Magaar (C’est la vie). En effet, elles ont toutes connu dans une étape de leur vie des péripéties avant de se reprendre en main pour devenir autonomes. Dans le contenu, on constate aussi que la sexualité n’est pas un sujet tabou. C’est le cas de Faat Kiné et de  C’est la vie, Une si longue lettre dans une moindre mesure.
Cependant,  C’est la vie  développe des points qui ne collent pas avec la réalité actuelle de certaines sociétés d’Afrique, particulièrement la société sénégalaise. La contraception pour les jeunes filles pas encore mariées par exemple. Selon l’article d’Amadou Ndiaye dans Le Monde Afrique, « Près de 75 % du financement de la série provient du Fonds français Muskoka (partenaire du Monde Afrique) qui vise la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile ».
Quoi qu’il en soit, il demeure toujours que ces œuvres replacent la femme dans une société en pleine mutations. Nous terminons avec cette citation de Simone de Beauvoir : "On ne naît pas femme : on le devient."

Bathie Samba Diagne
Etudiant au département d’histoire, Ucad
Kluivertb1@gmail.com

Commentaires

  1. Très simple et ramassé ,
    Pour le cas de D'UNE SI LON... je l'ai lu mais les deux autres Non. Mais grâce à cette étude, j'en ai un aperçu ✍️ MERCI

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  2. Très intéressant mon prof. S'agissant de Faat-Kiné je crois que c'est un peu le théâtre de Marouba Fall inspiré du roman "Ramatoulaye". J'espère pouvoir le regarder avec ton aide. Bonne continuation

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  3. Très intéressant mon prof. S'agissant de Faat-Kiné je crois que c'est un peu le théâtre de Marouba Fall inspiré du roman "Ramatoulaye". J'espère pouvoir le regarder avec ton aide. Bonne continuation

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