Sommaire
v Les débuts
1. Enfance et parcours
2. Entrée dans l’armée
v La révolution militaire
1.
Le mouvement des
officiers libres
2. La chute de la monarchie
v Nasser au pouvoir
1. Naguib et les bisbilles
2. Le vœu d’une indépendance réelle
3. L’opposition des Frères musulmans
v Crise du canal de Suez
1. L’histoire d’un carrefour
2. Le poids de la guerre froide
v Nasser, l’affirmation d’une identité
1. La conférence de Bandung
2. Nasser et l’Afrique Noire
3. Panarabisme
v Les conflits
1. La guerre de 1948
2. Crise de suez
v La Défaite
1. La guerre des 6 jours
2. Nasser, la démission
v Les dernières manœuvres
1. Guerre d’usure
2. L’éclipse du Rais
Bibliographie
2. La chute de la monarchie
3. Panarabisme
( Nous dédions ce travail à notre soeur Bineta Camara partie à jamais dans des circonstances tragiques. Que Dieu l'accueille au paradis )
v Les débuts
1. Enfance et parcours
Gamal Abdel Nasser est né le 15
janvier 1918 à Alexandrie. Il vient d’une famille de fellahs[1]
originaire de Beni-Morr, un village près d’Assiout en Haute Egypte. Il est le fils
ainé d’Abdel Nasser Hussein, un fonctionnaire des postes et de Fahima Hamed, la
fille d’un commerçant alexandrin. Le jeune Nasser est d’abord inscrit dans une école maternelle à Moharrem Bey à
Alexandrie, puis dans une école primaire à Al-Khattatba en 1923. Deux ans plus
tard, Gamal va rejoindre l’école primaire Al-Nahassine à Al-Gammaleya.
Hébergé chez son oncle paternel, il vécut dans un quartier populeux du Caire
pour trois ans au cours desquels il rentrait à Al-Khattatba pour y passer les
vacances scolaires avec la famille. L’été suivant, en 1926, Nasser apprend à
son arrivée la disparition de sa mère. Elle venait de mourir quelques semaines
auparavant mais personne n’avait eu le courage de lui annoncer la nouvelle qui l’a
bouleversé ; il a même ajouté : « La
perte de ma mère était en soi pénible, mais la perdre de cette manière
constituait un choc qui a laissé en moi un sentiment que rien n’a jamais pu
effacer. La tristesse et la douleur que j’ai ressenties durant cette période
m’ont rendu très réticent à faire souffrir les autres dans les années à venir
».[2]
Les trois premières années à l’école
Al-Nahassine terminées, Nasser fut ensuite confié à son grand-père maternel à
l’Eté 1928 pour passer sa quatrième année du cycle primaire à l’école
Al-Attarine à Alexandrie. Une année plus tard, Nasser rejoint en tant que
pensionnaire le Lycée de Helwan où il passa une année avant d’être transféré un
an plus tard, en 1930, au Lycée de Rasse Al-Tine à Alexandrie en raison de
l’affectation de son père au Service de la Poste de la ville.
(Nasser (à l’extréme droite) avec ses camarades, le 22 Mai 1934 © www.nasser.org)
Alors qu’il ne fut encore que lycéen,
Nasser commençait à s’intéresser à l’histoire et aux sujets nationaux. Cette
passion s’est reflétée sur ses lectures, qui ont porté sur la révolution
française, Rousseau et Voltaire qui a fait l’objet d’un article, intitulé «
Voltaire, l’homme de la liberté », rédigé et publié par Nasser dans le magazine
scolaire. Il s’imprégnait aussi des biographies de nombreux personnages
illustres tels que Napoléon, Alexandre, Jules César ou encore Gandhi. Gamal
Abdel Nasser s’interesse également à la production littéraire arabe et à ses
auteurs Ahmed Chawqi et Hafez Ibrahim. Il lit aussi les biographies du Prophète
Mohamed, des héros de l’Islam et de Moustapha Kamel.
( Nasser en 1935 © www.nasser.org )
Suite à la déclaration du ministre
britannique des Affaires Etrangères Samuel Hoare[3]
en date du 9 novembre 1935, qualifiant
d’inapplicable la restauration de la vie constitutionnelle en Egypte, les
manifestations des étudiants et des ouvriers se sont déclenchées. Gamal Abdel
Nasser conduit alors une manifestation menée par des lycéens et durement
réprimée par une force de la police anglaise. Il fut atteint par une balle qui
lui causa une éraflure au front sans pénétrer dans le crâne. Ses collègues le
transportent au bureau du journal Al-Jihad situé à proximité des événements. Le
lendemain, son nom figura sur la liste des blessés publiée. [4]
Nasser gardera un souvenir fort de
ces événements. Il dira : « Ma
blessure a laissé une cicatrice qui m’orne toujours le visage et qui me
rappelle, chaque jour, le devoir patriotique qui repose sur mes épaules en tant
qu’un des enfants de cette chère patrie. Aujourd’hui, la disparition du défunt
Abdel Meguid Morsi, victime de l’oppression et de l’occupation, m’a fait
oublier mes propres tribulations et a ancré en moi le sens d’un devoir pour
lequel je suis prêt à me sacrifier ou à militer pour son accomplissement. Ce
devoir est celui de libérer la nation du colonialisme et de restaurer la
souveraineté du Peuple. Les martyrs qui ont continué de tomber ont consolidé ma
conviction quant à l’importance de la libération de l’Egypte. »[5]
Sous la pression populaire, notamment
celle exercée par les étudiants et les ouvriers, la Constitution fut restauré
par décret royal, émis le 12 décembre 1935.
2. Entrée dans l’armée
Après avoir terminé ses études
secondaires et réussi le bac à la section littéraire, Nasser s’est destiné à la
carrière militaire. Il se présenta alors à l’Académie militaire où il passa
l’examen médical. Il ne sera pas admis. Refusé à l’Académie militaire, Nasser
va se rabattre sur les cours à l’université. Il s’inscrit à la Faculté de Droit
de l’Université du Caire pour six mois. Cependant, il va bénéficier d’un
concours de circonstances. Dans l’intention d’augmenter
le nombre des officiers de l’armée égyptienne, l’Académie militaire ouvre ses
portes aux cadets issus de la classe moyenne. En automne 1936, une nouvelle
promotion a été ainsi admise, et le ministère de la Guerre a lancé un appel à
candidatures pour une deuxième. Nasser se présenta de nouveau et a réussi cette
fois-ci à rencontrer le Sous-secrétaire du Ministère de la Guerre, le général
Ibrahim Khaïry, qui appréciera sa franchise, son patriotisme et sa persévérance
pour devenir officier. Sa candidature admise, Nasser réussit ainsi à y accéder
en mars 1937.
(Nasser lorsqu’il était étudiant à
l’académie de défense après son transfert de la faculté de droit en 1937 © www.nasser.org)
A l’Académie militaire, Nasser s’est
fixé un objectif clair, celui de « devenir un officier compétent et d’acquérir
les connaissances et les qualités nécessaires pour devenir leader ». Promu «
chef de groupe », la tâche de la formation des nouveaux inscrits, dont Abdel
Hakim Amer[6],
lui a été confiée au début de l’année 1938. Dix-sept mois plus tard, en juillet
1938, Nasser fut diplômé de l’Académie. A cette époque, le rythme des
promotions a été accéléré en vue de combler le déficit en effectif causé par
l’envoi des troupes britanniques à la région du Canal de Suez. Une fois les
études terminées, Nasser intégre le corps d’infanterie et obtient son premier
poste à Mankabad près d’Assiout, où il rencontré Zakaria Mohieddine et Anouar
El-Sadate. Son séjour dans ce village lui a permis de considérer la situation
des fellahs (paysans) et leur misère sous un nouvel angle.
En 1939, à sa demande, Nasser fut
muté au Soudan où il sert à Khartoum et à Jabal Al-Awliya (Montagne des Saints)
. Il fut promu premier lieutenant en mai 1940.
L’armée égyptienne, à cette époque,
n’était pas une armée de combattants, et il était dans l’intérêt des
Britanniques de la maintenir ainsi. Sauf que, par la suite, a commencé à
apparaître une nouvelle catégorie d’officiers qui considéraient leur avenir
dans l’armée comme faisant partie d’une lutte plus grande en vue de libérer
leur peuple. Nasser est arrivé à Mankabad plein d’idéaux, mais de cruelles
déceptions l’attendaient lui et ses collègues. La majorité des officiers
étaient « incompétents et corrompus », ce qui l’a amené à envisager la réforme
de l’armée et l’éradication de la corruption. Il a écrit à son ami, Hassan
Al-Nachar, en 1941 depuis Jabal Al-Awliya :
« Je t’avoue Hassan, je ne sais plus par où donner de la tête. Mon plus grand
défaut est d’être un homme honnête qui déteste l’hypocrisie et ne sait ni
flatter ni faire le lèche-bottes. Une personne pareille s’attire le respect de
tous, sauf celui des supérieurs. Ces derniers sont offensés par ceux qui ne
chantent pas leurs louanges ni en vantent les mérites. C’est de l’orgueil et
eux n’ont connu que la servilité sous l’occupation. Ils veulent qu’on devienne
comme eux, qu’on vive ce qu’ils ont vécu ; et gare à celui qui ose contester.
Ca me peine d’avouer que cette nouvelle génération a été empreinte par
l’hypocrisie de la précédente. Et ça me peine de dire que nous nous dirigeons
vers un fossé où l’hypocrisie et la flatterie servile se sont répandues entre
les jeunes en raison de la fréquentation des responsables. Quant à moi, j’ai
résisté et je résiste encore, et c’est pourquoi je suis en perpétuelle
hostilité avec ces supérieurs (…). » [7] .
Lors de la deuxième guerre mondiale, avec l’avancement de Rommel en direction
des frontières occidentales de l’Egypte vers la fin de 1941, Nasser rentre en
Egypte où il a rejoint une troupe britannique stationnée derrière les lignes de
combat près d’Al-Alamein. Au fil du temps, il gagne des galons dans
l’armée : il fut promu capitaine le 9 septembre 1942 et nommé professeur à
l’Académie militaire le 7 février 1943. L’ascension sera fulgurante.
v La révolution militaire
1. Le mouvement des officiers libres
L’année 1945 marque la fin de la deuxième guerre mondiale
et la création du Mouvement des Officiers Libres. Dans son entretien avec David
Morgan, Nasser dit : « Jusqu’en 1948,
j’ai concentré mes efforts sur la formation d’une cellule de personnes
éprouvant autant de contrariété que moi à l’égard des événements qui se
déroulent en Egypte, des personnes ayant assez de courage et de persévérance
pour effectuer le changement nécessaire. Nous étions alors un petit groupe
d’amis fidèles qui essayait de mettre en œuvre ses idéaux dans un objectif et
un plan communs. »
(Les officiers libres, Nasser et
Naguib à gauche sur le canapé © getty images)
Après la guerre en Palestine en 1948,
Nasser retourne au Caire avec la conviction que la vraie bataille doit se
dérouler en Egypte. A ses yeux, il fut nécessaire de changer le régime.
2.
La chute de la monarchie
Les conséquences de la Seconde guerre
mondiale en Egypte sont très lourdes tant d’un point de vue social
qu’économique. Le pays sort du conflit ruiné et hanté par le chômage. Le train
de vie du roi est alors vivement critiqué. Il est accusé de débauche et d’avidité.
De plus, son image est ternie par de sombres affaires de corruption.
( Roi Farouk
Ier © getty images )
Pour calmer les tensions, Farouk
tente une nouvelle fois de miser sur une politique régionale et défend l’unité
arabe. Il décide ainsi, malgré les mises en garde du corps miliaire qui lui
rappelle que l’armée égyptienne n’est pas prête à combattre, de déclarer la
guerre contre le jeune Etat d’Israël en 1948. L’Egypte est finalement le
premier Etat arabe à devoir se résoudre à signer un traité d’armistice avec
l’Etat hébreu en février 1949.[8]
Farouk, accusé d’incompétence, est immédiatement tenu pour responsable de cette
humiliation. La cour est de plus soupçonnée d’avoir acheté du matériel
militaire de mauvaise qualité pour s’enrichir. Sur le plan politique, le roi
doit désormais composer avec le mouvement des officiers libres qui veulent désormais
son départ. L’hostilité entre les deux parties va croitre crescendo. L’élection
de Mohamed Naguib[9] en 1951 comme
président du conseil d'administration du Club des officiers inaugure une
coexistence mouvementée avec le roi Farouk. Désormais, les officiers libres et le roi
Farouk se regardent en chiens de faïence. En Mai 1952, Nasser apprend par un
renseignement venu du palais que le roi Farouk connait bien les noms des
officiers qui veulent le renverser. Il est dit aussi que le roi va procéder à
leur arrestation. Ainsi pour parer à cette éventualité, Nasser est obligé de
vite passer à l’action. Le 22 Juillet 1952, mis au courant d’une réunion
d’officiers qui va nommer un ministre de la guerre chargé d’épurer l’armée et
de leur imminente arrestation, les officiers libres décident de passer aussitôt
à l’action.
-
Le Putsch
Ce 22 juillet 1952, en fin
d’après-midi, le colonel Gamal Abdel Nasser, 34 ans, revêt son uniforme,
embrasse sa femme, confie à son frère ses cinq enfants, trois garçons et deux
filles, lui remet ses 30 livres ( argent ) d’économie et part renverser
la monarchie, ce à quoi il travaille depuis 1949. Les nombreux officiers libres
qui ont juré de ne pas mourir avant d’avoir libéré l’Egypte du joug de la Grande-Bretagne
exécutent le programme : ils s’emparent de l’état-major de l’armée « le bâton avec lequel Farouk massacrait
son peuple », dira Nasser, de la radio, du central téléphonique, des
aéroports et des gares. Les opérations sont conduites par le 13e régiment
d’infanterie et par le 1er bataillon motorisé. Les zones de Abbassiya et
d’Héliopolis sont encerclées. Les vieux généraux sont arrêtés (sauf Sirri Amer[10]
qui fuit en Libye) alors qu’ils se rendent à une réunion organisée pour étudier
les risques de révolution dont des fuites les ont avertis. Pas un seul coup de
feu n’est tiré, pas une seule goutte de sang n’est versée (il n’y aura que deux
morts, par accident). Dans les rues du Caire une proclamation signée Nasser est
placardée : « Relève la tête
mon frère, redresse le front camarade, les jours de l’oppression sont
révolus. » . Au sortir de ce putsch, le roi Farouk abdiqua au profit de son jeune fils âgé de
juste quelques mois. L’Egypte ouvra alors une nouvelle page de son histoire.
(Naguib et Nasser © getty images)
v Nasser au pouvoir
1.
Naguib et les bisbilles
Le putsch réalisé, les jeunes
officiers qui se caractérisent par leur jeune âge présentent le général Mohamed
Naguib qui jouissait d’une bonne réputation
comme le nouveau dirigeant de l’Egypte. Deux mois avant la révolution,
les jeunes officiers lui ont communiqué leur choix et il l’a accepté. Même si
Nasser est le réel initiateur du putsch, c’est Naguib qui est présenté comme
leader. Un comité militaire de 19
membres voit le jour sous le nom de Conseil de commandement de la Révolution (C.C.R.
) pour superviser la transition. Mohamed
Naguib devient premier ministre du roi Fouad II. Avec l’installation du nouveau
régime, des réformes sont entamées. Le 11 Septembre 1952, la loi 178 confisque
les terres monopolisées par l’ancienne élite. Des réformes agraires voient le
jour, l’éducation devient gratuite…Tant de réformes qui rendent Naguib de plus
en plus populaire. Ce qui jette les bases d’une tension au sein de la classe
dirigeante.
(Mohamed
Naguib et Gamal Abdel Nasser © getty images )
Le 18 Juin 1953, c’est la fin de la monarchie égyptienne. Naguib
établit la république et devient président de l’Egypte en même temps premier
ministre, Nasser devient vice premier ministre. Outre la popularité croissante
de Naguib, une série de désaccords va rendre la relation entre Naguib et Nasser
tendue. Gamal Abdel Nasser voit de mauvais œil la proximité de Naguib avec les
Frères musulmans. Il reproche à Naguib aussi ses contacts avec certaines
personnes de l’ancien régime. Bientôt, une réalité se fait jour :
l’opposition entre les deux hommes. Nasser, leader des jeunes officiers et
ayant renversé Farouk a le soutien de l’armée tandis que Naguib lui a le
soutien populaire suite à ses réformes. D’après Mahmoud Hegazy, officier
d’artillerie, certains voulaient que les militaires partent alors que d’autres
voulaient la réalisation de certains projets avant. Le 24 Février 1954, Le
C.C.R. démet Naguib de ses fonctions. Des partisans de ce dernier se mutinent
et demandent sa réinstallation, ce qui fut fait le 4 Mars. Nasser ayant le
soutient de l’armée va finir par gagner le bras de fer. Le 14 Novembre 1954,
Naguib est démis de ses fonctions et placé en résidence surveillé. Nasser
devient alors l’homme fort du pays.
2.
Le vœu d’une indépendance réelle
Les premières années du régime de
Nasser sont remarquables par l’attitude générale de défi, d’opposition à l'égard
de l’Occident. Le maître-mot de la politique de Nasser est indépendance, qu’il
décline selon diverses modalités et qui lui vaut les suffrages de la population
égyptienne. Indépendance signifie d’une part départ des troupes britanniques.
Débutées en avril 1953, reprises en mars 1954, les nouvelles conversations
anglo-égyptiennes débouchent en juillet 1954 sur un accord qui met fin au
traité de 1936 et prévoit l’évacuation des troupes britanniques d ’Égypte dans
un délai de 20 mois. Indépendance signifie d’autre part refus de participer à
un pacte régional de sécurité collective téléguidé en sous-main par les
puissances occidentales. Pour Nasser, le Pacte de Bagdad signé entre la Turquie
et l ’Irak en février 1955 et ouvert à tous les États de la région « intéressés
au maintien de la paix et de la sécurité dans cette région du monde » n’est
qu’une forme nouvelle et déguisée de tutelle occidentale. Il est donc exclu d’y
participer.
Bien plus, en réponse à l’invitation
qui lui est faite d’entrer dans l’alliance turco-irakienne, Nasser, conscient
de la nécessité de « renforcer le
monde arabe pour qu’il puisse se défendre soit contre une attaque de la part d
’Israël, soit contre une poussée soviétique » [11]
signe le 20 octobre 1955 un traité d ’alliance militaire entre la Syrie et l
’Égypte. Le refus de la tutelle occidentale s’exprime tout particulièrement
autour des questions militaires, sans doute parce que Nasser y était plus
sensible, mais aussi parce qu’en ces temps de Guerre froide et de tension
israélo-arabe, ces aspects sont éminemment symboliques. C’est une nouvelle fois
dans le domaine militaire que Nasser témoigne de sa volonté d’indépendance à l’égard
de l ’Occident. Le 27 septembre 1955, alors qu’il inaugure une exposition de
photos, Nasser annonce la conclusion d ’un marché d ’armes avec la
Tchécoslovaquie : « Nous avions
essayé de nous approvisionner en Grande-Bretagne et en Amérique, mais en vain »,
expliqua par la suite le commandant Salah Salim au journaliste Patrick Seale[12].Par
ce geste, Nasser introduit dans les affaires moyen-orientales le bloc
soviétique, l’ennemi dont l’Occident avait précisément cherché par force moyens
à empêcher l ’intrusion dans la zone. Ce marché, estimé entre 90 et 200
millions de dollars[13] renforce considérablement la capacité militaire de l’Égypte et ne manque pas
d’inquiéter Israël. Il confère à Nasser un grand prestige. En 1962, Nasser créé
sa formation politique, l’Union socialiste arabe. Un parti de gauche qui va
véhiculer l’idée du panarabisme.
3.
L’opposition des Frères musulmans
Nasser et les frères musulmans, c’est
l’histoire d’une relation très mouvementée. Avant de développer ce point, il est
nécessaire de revenir sur la genèse du mouvement des Frères musulmans né dans
l’entre-deux guerres. Le mouvement fut crée en 1928 par Hassan Al Banna[14]
partisan d’un Islam « radical ». Le mouvement va vite se développer dans
le monde arabe. En 1936, un manifeste sous les airs de programme politique voit
le jour.
(Hassan Al Banna © wikipedia )
Le mouvement voit le roi comme un instrument acquis à la cause de
l’occident. La tension va monter crescendo entre le roi et le mouvement. Le
monarque Farouk va interdire le mouvement. En guise de représailles, les Frères
musulmans assassinent le premier ministre du roi. Le 12 Février 1949, la police
secrète du régime assassine Hassan Al Banna, le fondateur du mouvement. Ce qui
va rendre le mouvement beaucoup plus radical vis-à-vis du roi. Le mouvement va
devenir un foyer pour les opposants au Roi. C’est ainsi que Gamal Abdel Nasser
aurait rejoint le mouvement selon Gamal Al Banna, frère d’Hassan Al Banna. Les
frères musulmans vont aussi appuyer le mouvement des Jeunes officiers qui va
perpétrer un putsch réussi contre le roi en 1952.
-
Nasser
et les frères musulmans
La tension entre les Frères musulmans
et Nasser va se manifester avec l’éviction de Naguib. Certains des frères
musulmans affirment que Nasser avait essayé d’affaiblir leur mouvement en
débauchant les cadres. Dans ce sillage, Mohamed Akef, guide suprême de la
confrérie de 2004 à 2010 affirme que Nasser l’avait invité à devenir un des
fondateurs de son parti mais il avait refusé. Il faut déjà noter que bien des
aspects opposent Nasser aux frères musulmans.
(Video de Nasser qui relate bien la divergence avec les frères musulmans)
La discorde se situait déjà sur
le concept de l’Etat. Pour les frères musulmans, il s’agissait de
l’instauration d’un califat alors que pour Nasser l’idée reposait sur le nationalisme
arabe. Nasser veut instaurer une laïcité contrairement aux frères musulmans. La
rupture va être consommée suite à un événement de grand ampleur en 1954. Durant
cette année, au moment où Naguib jugé proche des frères musulmans est débarqué
par Nasser, une frange du mouvement s’organise pour assassiner Nasser. Le 26
Octobre 1954, c’est la célébration du départ du colonisateur anglais. Gamal
Abdel Nasser tient son discours. Tout a coup, un homme tend son pistolet vers
Nasser et tire plusieurs coups de feu. Nasser sorti indemne poursuit la
manifestation et improvise un discours enflammée.
(Archive sonore de l'attentat et du discours de Nasser )
Quoi qu’il en soit, il demeure que suite cet incident, Nasser va suspendre le mouvement et engager un bras de fer avec le mouvement. Environs 500 frères musulmans seront mis aux arrêts. Parmi ce nombre, un certain Sayyid Qutb[15].
(Sayid Qutb © getty images)
Ce dernier est un intellectuel écrivain islamiste. Il incarne la première
figure intellectuelle du mouvement. Avec lui, le mouvement va devenir plus
radical. Son ouvrage Jalons sur la route
de l’Islam va faire appel au concept de « Jihad » pour chasser
Nasser. Cet ouvrage va notamment influencer Al Quaida[16].
Avec l’attentat sur Nasser, Qutb avait écopé d’une peine de 15 ans de travaux
forcés mais il sort de prison en 1964. Une année plus tard, en 1965,
Nasser accuse les frères musulmans
d’avoir reconstitué le mouvement qu’il avait interdit depuis 1954. Qutb est de nouveau incarcéré pour tentative
de coup d’Etat. Refusant les compromis que lui offrait Nasser, le 28 Aout 1966,
Sayid Qutb est exécuté. Le mouvement est alors réduit à la clandestinité pour des années encore.
v Crise du canal de Suez
1. L’histoire d’un carrefour
Lors de son ouverture, le canal
s’affirme d’abord comme une route impériale, celle des Indes, justifiant ainsi
l’occupation de l’Égypte par les Britanniques en 1882. La découverte du pétrole
dans le golfe Persique lui donne une nouvelle importance et en fait un enjeu
majeur des deux Guerres Mondiales. Après l’indépendance de l’Inde en 1947, les
Britanniques entament un retrait progressif à l’est de Suez ; il sera achevé au
début des années 1970. La route des Indes n’est plus, mais le pétrole a pris
une place considérable dans les économies des pays européens et le canal de
Suez en est la principale route. Le voilà placé entre les intérêts des pays du
Nord et les revendications des peuples du Sud à disposer de leurs ressources.
Les deux Guerres Mondiales représentent un moment clé pour le canal de Suez.
Jusqu’alors, son statut de voie internationale a été respecté par les navires
des conflits franco-prussien (1870), hispano-américain (1898), russo-japonais
(1904-05) et italo-turc (1911). Cependant, les deux Guerres Mondiales font
basculer le canal du droit international au droit de la guerre : c’est tout le
contrôle de la Méditerranée qui est désormais en jeu. En 1945, les Égyptiens
réclament au nom de l’effort de guerre de plus larges fonctions dans la gestion
de Suez, ce à quoi les Européens opposent un refus net[17].
Cette question nourrit un climat très virulent dans le pays : le canal devient
l’enjeu principal de la reconquête nationale.
-
Nationalisation
S’inscrivant toujours dans sa
démarche d’indépendance et de développement, Nasser songe à la construction du
barrage d’Assouan. La construction de ce
barrage permettrait une autonomie agricole et électrique. Le 26 juillet 1956,
le colonel Nasser annonce la nationalisation de la Compagnie du canal de Suez,
après avoir essuyé quelques jours plus tôt le refus de la banque mondiale de
financer le projet du barrage d’Assouan. L’annonce de Nasser provoque un
branle-bas dans les chancelleries européennes. Londres, Paris et Washington
condamnent fermement son geste. Une voix se démarque, celle de l’Union
soviétique qui reconnaît la légalité de l’acte accompli et dénonce l’attitude
colonialiste de la Grande-Bretagne et de la France comme de vrais défis à la
paix mondiale. Du côté des opinions européennes, les réactions sont contrastées.
La classe politique anglaise se divise entre la position radicale des
conservateurs et celle plus nuancée des travaillistes. En France, en revanche
un consensus se forme pour l’usage de la force, une position qui s’explique par
le douloureux confit algérien. L’implication du régime nassérien dans la guerre
d’Algérie provoque un rapprochement franco-israélien. Paris se persuade en
outre qu’il faut sauver Israël ; comme Anthony Eden, Guy Mollet voit en Nasser
un nouvel Hitler[18].
( cartes présentant les anciennes
bases militaires britanniques sur le canal © getty images )
1.
Le poids de la guerre froide
Quelques jours après le discours de
nationalisation de Nasser, la France et la Grande-Bretagne conçoivent le plan
Mousquetaire, une opération sous commandement britannique dont l’objectif est
de s’emparer du canal et de marcher sur Le Caire. Dès le 3 août, Londres
rappelle 25 000 réservistes ; l’escadre française est rassemblée à Toulon. Mais
ce plan est en butte à l’opposition des États-Unis qui préfèrent une solution
négociée avec l’Égypte, à un moment où ils tentent de regagner de l’influence
auprès de Nasser. Cette volonté aboutit à la conférence de Londres du 16 au 24
août 1956, qui regroupe vingt-deux puissances utilisatrices du canal et se clôt
sur l’idée du secrétaire d’État américain Foster Dulles de placer la voie d’eau
sous une administration internationale. Au début du mois de septembre, il
propose également de créer une Association des usagers du canal de Suez pour en
assurer la gestion. Mais Nasser refuse ces deux propositions : il y voit une
façon de prolonger la mainmise impérialiste sur le pays. De leur côté, Paris et
Londres poursuivent leur plan de débarquement. Toutefois, le plan Mousquetaire
est révisé pour devenir une intervention limitée à Port-Saïd ; il est discuté
au cours de négociations secrètes en raison de l’opposition réitérée du
président Eisenhower à toute forme d’intervention militaire[19].
Le 7 septembre 1956, la crise franchit une nouvelle étape lorsque la Compagnie,
avec l’accord de Londres et de Paris, retire ses pilotes pour empêcher la
navigation sur le canal. Washington se montre défavorable à cette initiative
qui risque de placer Nasser au pied du mur et de bloquer la voie diplomatique.
Cependant, avec le retrait des pilotes, les deux capitales européennes espèrent
montrer au monde l’incapacité de l’Égypte à gérer cette infrastructure. Mais le
plan échoue ; les pilotes égyptiens aidés de pilotes grecs parviennent à faire
passer les navires, ce qui constitue une première victoire pour Nasser. Une
seconde conférence de Londres se déroule du 19 au 22 septembre sous l’égide des
États-Unis, et approuve la charte de l’Association des usagers du canal de
Suez. La conférence se prononce pour le compromis, rejetant les positions de la
France et de la Grande-Bretagne qui espéraient voir l’intervention militaire
soutenue. Dans le même temps, Paris informe le gouvernement israélien de
l’éventualité d’une opération contre l’Égypte. Or, la participation d’Israël à
la crise est un point sensible car Londres se méfie d’une attaque de Tel Aviv
contre le régime hachémite de Jordanie, pays allié où ses intérêts sont
nombreux. Au début du mois d’octobre, le Royaume-Uni envisage même d’intervenir
contre l’État hébreu avec l’opération Cordage, pour mettre fin aux violents
incidents qui ont lieu à la frontière israélo-jordanienne, projet finalement
abandonné grâce à la détente observée sur le terrain. Très déçues par la
seconde conférence de Londres, les deux capitales européennes saisissent le
Conseil de sécurité le 23 septembre ; elles savent que l’URSS usera de son veto
; mais leur objectif est justement de discréditer la voie diplomatique et la
capacité de l’ONU à résoudre la crise. Une troisième conférence de Londres au
début du mois d’octobre propose à nouveau un contrôle international du canal.
Entre-temps, le plan d’intervention des Français et des Britanniques s’est mué
en « plan d’hiver », une opération Mousquetaire limitée à un débarquement à
Port-Saïd et révisée en fonction des conditions climatiques. Quelques jours
après, débutent en parallèle et dans le plus grand secret les réunions de
Sèvres : elles réunissent du 22 au 24 octobre, la France, la Grande-Bretagne et
Israël. Les trois pays établissent un plan prévoyant une attaque de l’Égypte
par Israël de manière à offrir un motif d’intervention aux deux autres
puissances. Celles-ci proposeraient leur médiation, officiellement pour séparer
les belligérants. Le refus de Nasser leur permettrait alors d’intervenir en
Égypte, tout en donnant un semblant de légitimité à leurs actes.
v Nasser, l’affirmation d’une identité
1.
La conférence de Bandung
L’idée de rassembler les pays
africains et asiatiques s’élabore en 1954 lors de la conférence de Colombo qui
réunit l’Inde, Ceylan (le Sri Lanka actuel), le Pakistan, l’Indonésie et la
Birmanie, dans le but d’accélérer le départ des Français d’Indochine. Ces pays
décident d’organiser à Bandung, en Indonésie, une conférence rassemblant les
jeunes Etats issus de la décolonisation. Vingt neuf Etats répondent
présents à leur invitation. On peut noter parmi les participants la présence
des cinq pays africains qui ont accédé à l’indépendance (, Libéria, Soudan,
Ethiopie, Egypte, Libye) plus le Ghana qui sera indépendant en 1957. La conférence se déroule du 18 au 24 avril 1955. Elle
est divisée en trois commissions : politique, coopération culturelle et
coopération économique.
(Nasser et les principaux leaders présents à
la conférence de Bandung © getty images )
Les participants condamnent
unanimement la colonisation et apportent leur soutien aux pays encore dominés
par une puissance extérieure. Ils revendiquent les droits des peuples à
disposer d’eux mêmes et le maintien de leur souveraineté, et rappellent leur
adhésion aux principes des Nations unies. Par ailleurs, des solutions pour
développer leurs pays sont recherchées. Les pays participants proposent, par
exemple, la création d’un Fond spécial dans le cadre de l’ONU pour le
développement économique. D’un point de vue culturel, ils dénoncent l’urgence
de valoriser leurs propres cultures et l’éducation, trop longtemps reniées par
le colonialisme. Ils prônent le maintien de la paix, la nécessité de procéder à
un désarmement et la prohibition des armes de destructions massives. Les participants
cherchent à construire un ordre mondial plus juste et équilibré où leurs
revendications seront prises en compte. Il est important de constater que ces
vingt neuf pays représentent 55% de la population mondiale. « Dix
principes de la coexistence » sont finalement rédigés à la fin de la
semaine de débat, reprenant l’énumération des droits des pays participants, et
mettant en valeur la coopération et la négociation pacifique. Nasser acquiert un rayonnement certain sur la scène internationale
lors de la conférence de Bandoeng. En effet, tout au long de son séjour en
Asie, sa personnalité est très remarquée et ses discours applaudis. En côtoyant
de grandes figures comme le Premier ministre indien Nehru ou le Président
indonésien Sukarno[20],
il enrichit ses contacts personnels et s’assure un soutien en Asie. Il arrive
par son enthousiasme et son charisme à s’imposer comme le leader du
nationalisme arabe. Il réussit ainsi à sensibiliser et à rallier l’ensemble des
participants, mis à part la Birmanie, à la cause palestinienne. Le poids de
l’Egypte dans la région en sort fortement renforcé. On peut remarquer, par
ailleurs, que la méfiance des puissances envers Nasser grandit parallèlement à
son succès à Bandung. Un an plus tard, en 1957, se déroulera une autre
conférence au Caire. Nasser deviendra, avec Tito et Nehru, un des principaux
initiateurs du mouvement des non-alignées.
2.
Nasser et l’Afrique Noire
L’Egypte sous le pouvoir du président Gamal Abdel Nasser considérait le Continent africain comme l’un des
principaux piliers des Etats du Tiers-monde et des Etats du non-alignement. De
1952 à 1977, l’Egypte a joué un rôle important sur l’échiquier africain, en
devenant le siège des révolutionnaires du Continent noir et une station de
lancement de tout mouvement de libération nationale africaine sachant qu’en
1955 l’Association africaine était créée au Caire pour présenter l’entraînement
militaire et l’appui financier aux mouvements de libération de l’Afrique.
L’Egypte a également joué un rôle régional important dans sa tentative de
fonder l’Unité africaine via la participation efficace à la fondation de
l’Organisation de l’Unité africaine en 1963 et à poser les bases de la
solidarité afro asiatique via la fondation du bloc de Bandung (Bloc des Etats
de non alignement) en 1955, ainsi que la mise des bases diplomatiques du
développement via la présentation des crédits et des assistances financières à
quelques Etats du Continent en plus des aides techniques. Nasser tissera des
relations amicales avec les leaders révolutionnaires. Lors de la crise du au
Congo en 1960, il va accepter d’accueillir les enfants de Lumumba. Il fut aussi
un grand ami de Kwame Nkrumah qui lui rendra plusieurs visites. Il fut aussi un
ami de Sékou Touré. La plus grande université guinéenne aujourd’hui porte son
nom.
3.
Panarabisme
-
La conception
Ayant vécu et pris
conscience dans l’atmosphère spéciale de l’entre deux guerres où l’unité arabe
était mise a mal, Gamal Abdel Nasser va longtemps nourrir l’idée d’une unité
arabe. En 1953, Nasser pose les jalons de l’idéologie nassérienne. Il formule aussi théoriquement les
objectifs de la révolution égyptienne du 23 juillet 1952. Partant du principe
que « l'ère de l'isolement est passée », Nasser découvre la mission de l'Egypte
en trois directions : la zone arabe, le continent africain et le monde musulman
: « Pouvons-nous ignorer la présence
d'une zone arabe qui nous entoure, formant avec nous un tout compact, et dont
l'histoire et les intérêts sont intimement liés aux nôtres ? Pouvons-nous
ignorer la présence d'un continent africain au sein duquel le destin nous a
mis, ce même destin qui a voulu qu'une lutte épouvantable fût engagée pour
l'avenir de ce continent, lutte dont nous- subirons les répercussions bon gré
mal gré ? Pouvons-nous ignorer la
présence d'un monde musulman auquel nous sommes unis, non seulement par les
attaches de la religion, mais aussi par l'histoire ? Le destin, je le répète,
est inexorable. »[21].
C'est surtout à l'égard de la « zone arabe » que Nasser se découvre la mission
d'un héros et d'un guide : « Je ne sais
pourquoi il me paraît que dans cette région où nous vivons, il y a un rôle
important qui attend son héros. Je ne sais pourquoi il me paraît que ce rôle ne
cesse d'appeler dans cette vaste zone qui nous entoure une âme vaillante...
Nous avons répondu à son appel »[22].
Cette idée de Nasser va bénéficier d’un appui considérable : celui d’Oum
Kalthoum. Cette dernière apportera un grand soutien à Nasser. Par exemple, lors
de l’élection présidentielle de 1966, elle exhorte les Égyptiens, par le biais
du petit écran, à soutenir le socialisme arabe et son leader, Gamal Abdel
Nasser bien sur. La symbiose entre le futur raïs, la sitt (la dame) et le petit peuple
est alors totale.[23]
Ce panarabisme que Nasser théorise va se matérialiser avec une union avec la
Syrie.
(Oum Kalthoum © getty images )
-
République arabe unie
Le 1er février 1958 est proclamée
la République arabe unie née de la fusion entre l’Egypte de Nasser et la
Syrie de Choukri Kouatly[24].
Contractée à l’initiative du parti Baas[25] syrien
qui subissait une concurrence assez rude de la part des communistes, cette
union se produit dans un contexte de tension croissante au Moyen-Orient. En
effet, réélu en novembre 1956 pour un second mandat à la Maison Blanche, le
président Eisenhower expose le 21 janvier 1957 devant le Congrès sa doctrine
qui propose une aide économique et militaire aux pays du Moyen-Orient désireux
de se soustraire à l’hégémonie soviétique. Les Etats-Unis promettent une
intervention militaire aux pays qui se sentiraient menacés directement par
Moscou. L’adhésion du Liban, de la Turquie, de l’Iran, de l’Irak et de l’Arabie
saoudite à la doctrine Eisenhower isole et fragilise la Syrie qui est soumise
par ailleurs à la menace constante de ses voisins turc et irakien. Voilà
pourquoi elle se précipite dans l’union avec l’Egypte, une union qui a
l’avantage symbolique de représenter la première tentative concrète de
restaurer l’unité arabe, mythe assez largement dépourvu d’assises historiques
solides mais néanmoins très vivace dans l’imaginaire des Arabes.
La proclamation de la R.A.U donne lieu
à des scènes de liesse au Caire, à Damas, et dans toutes les capitales arabes,
notamment à Beyrouth où une partie de la population revendique une adhésion
immédiate. Fracturé sous l’effort des forces centrifuges qui tirent dans deux
sens opposés, le monde arabe et l’Occident, le Liban ne tarde pas à sombrer
dans une guerre civile qui s’arrêtera à la faveur de la chute du trône irakien
de Fayçal II dans un bain de sang le 14 juillet 1958. Une double intervention, américaine au Liban et britannique en Jordanie, contribuera
à préserver ces deux derniers bastions de l’Occident au Proche-Orient.
En 1961, la R.A.U prend fin, emportée
par un coup d’Etat qui se produit en Syrie et y rétablit pour un temps la
République parlementaire. La Syrie a mal vécu l’expérience ; elle a trouvé
intolérable que l’Egypte, plus pauvre, lui impose sa loi. L’échec de cette
entité unioniste n’entraînera pas pour autant la disparition du rêve d’unité
arabe. D’autres expériences seront esquissées jusqu’à la première moitié des
années 1970. Elles prendront fin avec l’éclatement de la guerre du Liban qui a pour effet d’entraîner le monde arabe dans des
considérations plus prosaïques.
v Les conflits
1.
La guerre de 1948
Suite à l’adoption du plan de partage
de la Palestine, en septembre 1947, les Officiers Libres se réunissent,
estimant que le moment était venu pour défendre les droits des Arabes. Cette
rencontre a débouché sur la décision de soutenir la Résistance palestinienne.
Le lendemain, Nasser rencontre le
Mufti[26]
palestinien, un réfugié accueilli par l’Egypte, et lui propose ses services, et ceux de son petit
groupe, comme entraîneurs du groupe des volontaires et comme combattants à
leurs côtés. Mais le Mufti lui a répondu qu’il ne pouvait accepter une telle
offre qu’avec l’accord du gouvernement égyptien, et après quelques jours l’a
déclinée. Nasser déposa donc une demande de congé pour pouvoir rejoindre les
volontaires. Avant de recevoir une réponse, le gouvernement égyptien avait
officiellement déclaré sa participation à la guerre. Nasser part donc pour la
Palestine, le 16 mai 1948, après avoir été nommé commandant adjoint au début de
la même année.
L’expérience de cette guerre perdue a
profondément marqué Nasser. D’après lui : «
On observait un manque total de coordination entre les armées arabes,
l’exercice du commandement, au plus haut niveau, était quasi inexistant et nos
armes se sont révélées, à maintes occasions, défectueuses. Au plus fort du
combat, le corps des ingénieurs de l’armée a reçu l’ordre d’entreprendre la
construction d’un chalet de détente pour le roi Farouk à Gaza. Il était clair
que tout ce qui intéressait le Haut Commandement était de s’emparer de la plus
grande superficie de terrain possible, indépendamment de sa valeur stratégique
ou de son aptitude à influencer nos chances de gagner la bataille. J’ai été
extrêmement indigné contre ces commandants de flottilles et ceux de bureaux qui
ignoraient tout des champs de batailles et de l’endurance des combattants. La
goutte qui a fait déborder le vase est arrivée quand j’ai été chargé de conduire
le 6e bataillon d’infanterie vers le village d’Iraq Suwaydan, sujet aux
attaques israéliennes. Avant même de nous mouvoir, tous les plans de
déplacement étaient divulgués par la presse égyptienne. Ensuite a eu lieu le
siège Falloujah, dont j’ai vécu les batailles et pendant lequel les forces
égyptiennes ont continué à résister malgré la supériorité du nombre des troupes
israéliennes, jusqu’à ce que l’armistice imposé par les Nations Unies a mis fin
à la guerre, le 24 février 1949. »
Blessé deux fois lors des
affrontements et transporté à l’hôpital, Nasser a été décoré, en 1949, de la «
Médaille Militaire », en reconnaissance des services rendus pendant la guerre.
2.
Crise de suez
(Pour mieux comprendre, faites le
lien avec la partie précédente qui porte sur la crise du canal de Suez - le poids de la guerre froide)
Suite aux échecs des conférences, des affrontements armés vont s’engager. Les opérations militaires débutent le 29 octobre
1956 lorsque les troupes israéliennes occupent la bande de Gaza et
interviennent dans le Sinaï. Le lendemain, selon le plan prévu à Sèvres, Paris
et Londres adressent un ultimatum à Israël et à l’Égypte pour que les
belligérants se retirent à une distance de 10 miles de chaque côté du canal.
Nasser refuse. Le même jour, les États-Unis saisissent le Conseil de sécurité pour
protester contre l’intervention israélienne. Poursuivant leur plan,
Britanniques et Français bombardent les aérodromes égyptiens. Le 2 novembre,
les Américains demandent l’arrêt des combats et le retrait d’Égypte des forces
étrangères. Ils se sentent complètement floués par une opération tissée dans le
secret, menée malgré leur opposition à toute forme d’intervention et cela dans
un moment d’élection présidentielle. Israël cesse le combat à une quinzaine de
kilomètres du canal mais se livre à des massacres dans les camps palestiniens
de la bande de Gaza[27].
L’ONU tente de reprendre les choses en main en décidant le 4 novembre la
constitution d’une force internationale pour séparer les belligérants.
L’opposition conjointe des États-Unis et de l’ONU a cependant pour effet
d’accélérer les opérations des Britanniques et des Français sur le terrain :
les 5 et 6 novembre, les soldats débarquent à Port Saïd. Moscou, engagé depuis
le 23 octobre dans l’insurrection hongroise, menace alors de faire usage de
l’arme nucléaire[28]. Dans
le même temps, l’effondrement de la livre sterling depuis le 31 octobre mène la
Grande Bretagne au bord de la faillite. Face à la pression financière et au
risque de conflit mondial, Anthony Eden retire ses troupes le 6 novembre ;
privés de leur allié, les Français sont contraints de renoncer. Le 8, Israël
donne son accord de principe pour l’évacuation du Sinaï, mais ce n’est qu’en
mars 1957 que le repli est effectif et que les Égyptiens se repositionnent à
Gaza. Les premiers casques bleus s’installent à la frontière égypto-israélienne
le 15 novembre 1956. Le mois suivant, ultime vestige de l’humiliation
coloniale, la statue de Ferdinand de Lesseps sur la jetée de Port-Saïd est
dynamitée.
Nasser sort vainqueur du bras de fer avec les
trois pays agresseurs. Certes, d’un point de vue militaire, le bilan est lourd
; les Égyptiens ont été incapables d’opposer une résistance aux troupes
ennemies et la région a été dévastée par les bombardements ; plus de 20 000
morts jonchent les rues des villes de l’isthme. Mais le Raïs emporte une
victoire inespérée sur le plan diplomatique. Pour Paris et Londres, les
conséquences de l’intervention sont désastreuses. Le canal, obstrué par les
navires coulés, est inutilisable durant plusieurs mois. Le ravitaillement
pétrolier de l’Europe est gravement perturbé, d’autant que les Syriens font
sauter par solidarité les pipe-lines de l’Irak Petroleum Company traversant
leur territoire. Tous les États arabes indépendants, à l’exception du Liban,
suspendent leurs relations diplomatiques avec la France. Le traité
anglo-égyptien de 1954 est annulé ; Londres perd la possibilité d’utiliser les
bases militaires égyptiennes. Au mois de février 1957, la Jordanie abroge à son
tour le traité anglo-jordanien signé en 1948 ; les Britanniques sont priés de
se retirer de leurs bases d’Amman et de Mafrak. La crise signe le déclin de
l’influence des deux puissances européennes au Moyen-Orient, tandis que les
États Unis et l’URSS vont désormais y jouer un rôle de premier plan.
v La Défaite
1.
La guerre des 6 jours
Depuis la première guerre de
1948-1949, les tensions n’ont jamais cessé entre les Etats arabes et Israël,
sous forme d’incidents frontaliers donnant lieu à des représailles. Fin 1966,
les tensions s’intensifient entre la Syrie et Israël, à la suite notamment du
coup d’Etat de février 1966 qui porte au pouvoir en Syrie des officiers
du parti Baas, hostiles à Israël. Plusieurs opérations sont menées par les
Palestiniens du Fatah,
soutenus par la Syrie, suivies de représailles de l’Etat hébreu. Le 7 avril
1967, Israël lance une bataille aérienne contre la Syrie, au cours de laquelle
des avions syriens sont abattus.
Dans ce contexte de vive tension,
l’URSS annonce savoir que des troupes israéliennes sont massées le long de la
frontière avec la Syrie, du côté israélien. Même si cette nouvelle est démentie
par les responsables israéliens, l’Egypte décide de mobiliser en soutien à la
Syrie : le 15 mai, l’armée égyptienne se concentre dans le Sinaï. Le
lendemain, Nasser demande le retrait des forces de l’ONU positionnées depuis la
crise de Suez à la frontière entre l’Egypte et Israël, qu’il remplace par des
troupes égyptiennes. Le 18 mai, Israël mobilise. Le 22 mai, l’Egypte décide
d’interdire l’accès du golfe d’Akaba (où elle est présente depuis 1949 sur
l’île de Tiran) à la marine israélienne. Le 25 mai, le ministre israélien des
Affaires étrangères Abba Eban entreprend une tournée diplomatique en Europe. Il
rencontre notamment le général de Gaulle à Paris, qui lui recommande de ne pas
attaquer les Etats arabes et qui décide de mettre en place un embargo sur les
armes françaises à destination du Moyen-Orient. La tension monte en Israël, et
l’opinion politique est partagée entre les partisans de la guerre autour de Ben
Gourion et ceux de l’option diplomatique autour du gouvernement en place de
Levi Eshkol. Le 1er juin, l’entrée au gouvernement de deux nouveaux ministres,
Moshe Dayan au ministère de la Défense et Menahem Begin comme ministre sans
portefeuille, fait que l’option de la guerre est décidée. De son côté, Nasser
forme des alliances militaires : celle avec la Syrie a déjà été mise en
place en novembre 1966, et est suivie d’une alliance avec la Jordanie le 1er
juin 1967 et avec l’Irak le 4 juin. Au terme d’une guerre qui a duré six jours
et qui a fait 3 000 blessés et 750 morts du côté israéliens et environ
20 000 morts du côté arabe (10 000 morts égyptiens, 6 000 morts
jordaniens), Israël annexe donc le Sinaï égyptien et la bande de Gaza sous
administration égyptienne, la Cisjordanie annexée par la Jordanie depuis 1950
ainsi que Jérusalem-Est et le Golan syrien. Cette annexion est accompagnée de
déplacements de populations, qui sont expulsées des territoires conquis.
2. Nasser, la démission
La défaite de cette guerre-éclair,
Nasser en assume entièrement la responsabilité. En réaction à cela, il
démissionne de son poste de président et il lègue le pouvoir à Zakaria Mohieddine[29]
en qui il a « toute confiance ». Le temps est suspendu sur ses lèvres
au moment où il fait cette déclaration. Ses dernières lignes parachèvent son
discours dans une apothéose, le sacralisant presque en héros tragique, se
sacrifiant pour la nation : « L'heure
est à l'action et non à la tristesse. L'exemple est celui du haut dévouement et
non de l'égoïsme et des sentiments individuels. Mon cœur est tout entier avec
vous et je veux que vos cœurs soient tout entiers avec moi. Que Dieu soit avec
nous tous, un espoir et une lumière dans nos cœurs. Que la paix et la
miséricorde de Dieu soient avec vous. ».
En Syrie, dans les locaux du Nahar ( télé ), à
la fin du discours, les journalistes sont traumatisés et ne prononcent mot.
Parti se réfugier dans son bureau pour méditer le thème de son éditorial, au
titre , « L'heure de la sincérité », Ghassan Tuéni, journaliste
entend alors la rue beyrouthine scander : « Nasser, Nasser »,
ainsi que des bruits de casse. En Égypte, des milliers d'hommes et de femmes se
rendent, les larmes aux yeux, devant la résidence du chef de l'État. « Nasser, nous ne voulons que
toi », crient-ils à corps perdu, et refusent de se disperser tant que
le raïs n'a pas retiré sa démission. Le lendemain, le Liban, unanime, proclame
son appui au président égyptien, et une grève générale est décrétée. Plus de
50 000 manifestants défilent dans les rues.
Le 10 juin, Nasser cède à l'élan populaire et retire sa démission : « J'ai décidé de demeurer à ma place jusqu'à l'élimination des séquelles de l'agression, puis je me représenterai devant le peuple pour un référendum », annonce-t-il. Au lendemain de cette guerre, Oum Kalthoum mène une vaste campagne auprès des femmes égyptiennes fortunées pour les inciter à faire don de leurs bijoux au profit de l’effort de reconstruction.[30]
Le 10 juin, Nasser cède à l'élan populaire et retire sa démission : « J'ai décidé de demeurer à ma place jusqu'à l'élimination des séquelles de l'agression, puis je me représenterai devant le peuple pour un référendum », annonce-t-il. Au lendemain de cette guerre, Oum Kalthoum mène une vaste campagne auprès des femmes égyptiennes fortunées pour les inciter à faire don de leurs bijoux au profit de l’effort de reconstruction.[30]
(Gamal Abdel
Nasser @ getty images )
v Les dernières manœuvres
1. Guerre d’usure
Bien que pointée du doigt pour la
déficience de son armement qui n’a pas pu résister face à d’Israël, l’URSS se
voit ouvrir les portes de l’Egypte qui devient sa base d’influence principale
au Moyen-Orient. En retour, l’Egypte se met à l’abri d’une attaque directe et
Nasser en profite pour lancer une guerre d’usure épuisante pour Israël le long
du canal de Suez. Cette guerre est rendue possible par l’argent que lui versent
les monarchies pétrolières.
La guerre d’usure se déploie entre
l’été 1969 et l’été 1970. Elle fait autant de victimes que la guerre des Six
Jours. Face au blocage de la situation et l’enlisement progressif d’Israël et
de l’Egypte dans un conflit qui use leurs forces respectives, les Etats-Unis
proposent un processus de négociations : c’est le Plan Rogers, du nom du
secrétaire d’Etat américain William Rogers. La première proposition qui date de
1969 prévoit un règlement par étapes à travers des négociations indirectes. Il
est rejeté par les Israéliens et par les Arabes.
Un an plus tard, la tiédeur de
l’appui de l’Union soviétique à Nasser va amener ce dernier à arrêter la guerre
d’usure et accepter le second Plan Rogers qui instaure un cessez-le-feu et
prévoit l’ouverture de négociations indirectes sous l’égide du médiateur
suédois Gunnar Iarring nommé par le secrétaire général de l’ONU Dag
Hammarskjöld[31] comme
son représentant spécial au Moyen-Orient. A terme, les négociations devraient
déboucher sur l’évacuation de la Cisjordanie et du Sinaï en échange de la
reconnaissance par les pays arabes de l’Etat d’Israël. L’Egypte, la Jordanie et
Israël font part de leur accord. Damas annonce sa volonté de poursuivre le
combat.
Le 7 août 1970, le cessez-le-feu
devient effectif sur le canal de Suez et le Jourdain. Les négociations
indirectes commencent à New York. Elles seront de courte durée. Le 6 septembre
1970, les Israéliens annoncent leur retrait des négociations sous prétexte que
l’Egypte a déplacé des batteries anti-aériennes dans la zone du canal de Suez,
en violation de l’accord de cessez-le-feu qui prévoit une limitation des
armements de part et d’autre du canal. Le processus s’arrête là. Au même
moment, la Jordanie s’embrase.
L’éclipse du Rais
Le 27 septembre, Gamal Abdel Nasser
conduisait encore au Caire, lors d’une session extraordinaire de la Ligue
Arabe, une médiation réussie pour faire cesser les violents affrontements entre
l’armée jordanienne et les membres de l’Organisation de libération de la
Palestine (OLP), connus sous le nom de « Septembre noir ». Le lendemain, alors
qu’il vient de raccompagner à l’aéroport le roi Fayçal d’Arabie saoudite, il se
sent faible et décide de se reposer dans sa résidence. Ses médecins accourent à
son chevet, tentent une réanimation, mais il est déjà trop tard. À 18h15, Gamal
Abdel Nasser rend l’âme à la suite d’un malaise cardiaque. L’émotion est
considérable pour les Égyptiens. Hormis les personnalités des hautes sphères du
régime, personne n’était au courant de la santé fragile du Raïs : près d’un an
auparavant, en septembre 1969, Nasser avait déjà fait une attaque cardiaque à
laquelle il avait réchappé.
C’est le vice-président et futur
président égyptien, Anouar el-Sadate, qui annonce avec gravité à la radio
égyptienne la funeste nouvelle. Le Caire, l’Égypte et le monde arabe se figent
pendant quelques instants. Puis l’émotion populaire déferle dans les rues. Ce
28 septembre en début de soirée, tandis que les radios du monde arabe répètent
en boucle des sourates funèbres, la foule redescend dans les rues, on scande,
on crie, on hurle le nom du défunt. Mais cette fois, celui-ci ne reviendra pas.
Le 1er octobre, Le Caire reprend est triste. L’inhumation de Nasser se
fait avec une affluence encore jamais égalée. On parle de 5 millions
de personnes accompagnant, sur les 10 km de procession, le cercueil recouvert
du drapeau égyptien. La marée humaine est indescriptible, les pleurs se mêlent
à l’hystérie collective, aux malaises et aux cris en l’honneur du Raïs défunt.
Chaque Égyptien essaye de toucher le cercueil disposé sur un affût de canon
tiré par six chevaux, ou encore d’emporter avec eux un bout du drapeau
égyptien. Tous les chefs d’État arabes sont présents, à l’exception du roi
d’Arabie saoudite (grand rival idéologique et géopolitique de Nasser).
L’émotion populaire est si intense que les chefs d’État, certains en pleurs,
doivent être évacués.
Le peuple égyptien emmène le
Raïs dans sa dernière demeure, la mosquée Al-Nasr, renommée plus tard par
le nom de l’illustre président inhumé en son sein.
Bibliographie
Aclimandos Tewfik, NASSER,
AMER ET LEUR ARMÉE, Presses de Sciences Po « Vingtième Siècle. Revue d'histoire
», 2014/4 N° 124, pages 57 à 72
Aclimandos Tewfik, LES
FRÈRES MUSULMANS ÉGYPTIENS : POUR UNE CRITIQUE DES VOEUX PIEUX, Editions
Karthala « Politique africaine », 2007/4 N° 108, pages 25 à 46
Al-Charif Maher, APRÈS
CENT ANS... DOIT-ON DIRE ADIEU AU NATIONALISME ARABE ?, L'Harmattan « Revue
Française d'Histoire des Idées Politiques » 2015/2 N° 42, pages 103 à 115
De Gayffier-Bonneville Anne-Claire, CULTURE DE GUERRE DU POUVOIR ÉGYPTIEN SOUS NASSER ET SADATE, Institut
de Stratégie Comparée « Stratégique », 2013/2 N° 103, pages 37 à 53
El Hag Assem Fath El Rahman Ahmed, Les relations égypto africaines : « Le passé le présent et les
perspectives de l’avenir », perspectives africaines, Volume 12 – edition 43– 2015
Kairouz Matthieu, Ce
jour-là : le 28 septembre 1970, l’Égypte pleure la disparition de Nasser,
Jeune Afrique, mis en ligne 28 septembre 2016 à 07h52
Piquet Caroline, LE
CANAL DE SUEZ : UNE ROUTE STRATÉGIQUE AU COEUR DES CONFLITS DU MOYEN-ORIENT AU
XXE SIÈCLE, Presses Universitaires de France « Guerres mondiales et
conflits contemporains », 2016/2 N° 262, pages 73 à 92
Vigneau Jean, L'idéologie
de la révolution égyptienne In: Politique étrangère, n°4 - 1957 - 22ᵉannée.
pp. 445-462
Webographie
Site Gamal Abd El
Nasser (en ligne ), conjointement
créé par la Bibliotheca Alexandrina et la Fondation Gamal Abdel Nasser http://nasser.bibalex.org/home/main.aspx?lang=fr
Filmographie
El Tahri Jihan, Les pharaons de l’Egypte moderne, Big sister – Arte France,2015,
180 minutes
Prazan Michel, LA CONFRERIE, ENQUETE SUR LES FRERES MUSULMANS, Kuiv Productions
(France) avec la participation de France Télévisions, 81 minutes, 2013
·
Foka
Alain, archives d’Afrique – Gamal Abdel Nasser, RFI, 2016
[1] Un
fellah est un paysan en Afrique du Nord et dans les autres régions arabophones.
[2] D’après
un entretien fait avec David Morgan, l’envoyé du magazine Sunday Times
[3] Samuel
John Gurney Hoare, né le 24 février 1880 et mort le 7 mai 1959 est un homme
politique britannique, membre éminent du parti conservateur.
[4] Revue
Al-Jihad 1935
[5] discours
prononcé le 15 novembre 1952, à l’Université du Caire
[6] Abdel
Hakim Amer né le 11 décembre 1919 est un Maréchal et politicien égyptien. Il
meurt en prison au Caire le 14 septembre 1967 dans des circonstances ambigües.
[7] Lettre
inédite de Nasser à Hassan Al-Nachar en 1941
[8] « Egyptian-Israeli General
Armistice Agreement, February 24, 1949 », dans American Foreign Policy, Basic
Documents 1950-1955, General Foreign Policy Series 117 (Department of State
Publication 6446), Government Printing Office, 1957, 1708 p
[9] Mohammed
Naguib né le 19 février 1901 à Khartoum et mort le 28 août 1984 au Caire est un
militaire et homme d'État égyptien. Il est le premier président de la
République d'Égypte. Il occupa ce poste depuis la proclamation de la République
le 18 juin 1953 au 14 novembre 1954.
[10] Hussein
Sirri Amer était un général égyptien de haut rang sous le règne du roi Farouk,
auquel il était notamment loyal. Il a servi en tant que commandant du corps de
frontière. Après la révolution égyptienne de 1952, Amer fut jugé pour son rôle
dans le scandale des armes de la guerre de 1948.
[11] Note du
2 septembre 1954 du Conseil de la Révolution, cité par M. Colombe, Orient arabe
et non-engagement, tome 1, Publications Orientalistes de France, P.161
[12] Patrick Seale, The Struggle for
Syria, Oxford University Press, 1964, p. 235.
[13] Dwight
Eisenhower, Mes années à la Maison blanche, tome II, 1965, p. 32.
[14] Hassan
al-Banna est né le 14 octobre 1906 et assassiné le 12 février 1949. Il fut un
instituteur égyptien, fondateur des Frères musulmans. Il serait le grand-père
de Tariq Ramadan et Hani Ramadan
[15] Sayyid
Qutb est né le 9 octobre 1906, dans le sud de l'Égypte, et fut exécuté par
pendaison le 29 août 1966 au Caire. Il fut poète, essayiste et critique
littéraire égyptien, puis un militant musulman membre des Frères musulmans.
Après ses études aux Etats Unis, il rentre au pays et va incarner la frange
intellectuelle du mouvement des frères musulmans.
[16] D’après
des témoignages d’anciens membres d’Al Quaida.
[17]
Archives du ministère des Affaires étrangères, Paris, Afrique-Levant, Égypte,
canal de Suez
[18] .
Jean-Yves Bernard, La Genèse de l’expédition franco-britannique de 1956 en
Égypte, Paris, Publications de la Sorbonne, 2003
[19] Anthony Gorst et W. Scott Lucas, «
Suez 1956: Strategy and the diplomatic Process », Journal of Strategic Studies,
11, 1988, pp. 391-436.
[20] Sukarno
né Koesno Sosrodihardjo (6 juin 1901 – 21 juin 1970), est le premier président
de la République d'Indonésie (1945-1967) dont il a proclamé l'indépendance le 17
août 1945 avec Hatta, le premier vice-président.
[21] La
Philosophie de la Révolution, pp. 47-48
[22] La
Philosophie de la Révolution, p. 49
[23] Article
en ligne du magazine Jeune Afrique de 10 décembre 2003 mis en ligne à 00h00,
par Ridha Kéfi
[24] Choukri
Kouatly (né en 1891 à Damas, en Syrie, mort le 30 juin 1967 à Beyrouth au
Liban), est un homme d'État syrien, président de la Syrie de 1943 à 1949 et de
1955 à 1958.
[25] Le
Parti Baath ou Parti socialiste de la résurrection arabe est créé en 1947 à
Damas avec comme but l'unification des différents États arabes en une seule et
grande nation.
[26] Un
mufti est un religieux musulman sunnite qui est un interprète de la loi
musulmane ; il a l'autorité d'émettre des avis juridiques, appelés fatwas. Il
est connaisseur de la religion musulmane et peut être consulté par des
particuliers comme par les organes officiels des oulémas afin de connaître la
position exacte à adopter sur des questions d'ordre culturel, juridique ou
politique afin d'être en conformité avec la religion musulmane.
[27]
L’administration de la bande de Gaza est alors sous le contrôle de l’Égypte
depuis la première guerre israélo-arabe de 1948. À partir du 3 novembre 1956,
l’armée israélienne observe un cessezle-feu sur la ligne de canal de Suez mais
mène une opération « de nettoyage » des camps palestiniens de Gaza entre le 3
et le 12 novembre. Henri Laurens, Paix et guerre au Moyen-Orient, Armand Colin,
Paris, 1999, p. 178.
[28] 8.
Lettre de Nikolaï Boulganine à Guy Mollet, 5 novembre 1956. Ministère des
Affaires étrangères, Commission de publication des DDF, Documents diplomatiques
français. Volume III : 1956, 24 octobre-31 décembre, Imprimerie nationale,
Paris, 1990, pp. 212-213.
[29] Zakaria
Mohieddin (né le 5 juillet 1918 et mort le 15 mai 2012) est un militaire et un
homme d'État égyptien. Il est Premier ministre d'Égypte d'octobre 1965 à
septembre 1966.
[30] Article
en ligne du magazine Jeune Afrique de 10 décembre 2003 mis en ligne à 00h00,
par Ridha Kéfi
[31] Dag
Hammarskjöld né le 29 juillet 1905 à Jönköping en Suède et mort dans un
accident d'avion le 18 septembre 1961, en Rhodésie du Nord (l'actuelle Zambie),
est un diplomate suédois, qui fut secrétaire général des Nations unies de 1953
à 1961. Le prix Nobel de la paix lui fut décerné l'année de sa mort, à titre
posthume.
Pic à l'heure comme rjrs fier d toi frère
RépondreSupprimerNdanane gha
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