59 ans d’errance…




Pourquoi le choix du 4 Avril comme fête nationale ?
Dans le souci de reconstituer un grand ensemble, des leaders africains vont émettre l’idée de la mise sur pied d’une fédération. Au départ la fédération du Mali devait rassembler le Sénégal, le Soudan français (actuel Mali) , le Dahomey ( actuel Bénin ) et la Haute Volta ( actuel Burkina Faso ) . D’autres sources affirment aussi le Niger. Sous la pression de Houphouët Boigny , le Dahomey et la Haute Volta se retirent . Restent le Sénégal et le Soudan français qui feront cavaliers seuls.
Fin Décembre 1958, Les représentants du Sénégal, du Soudan français, du Dahomey et de la Haute Volta mettent en place un plan en vue de la création de la Fédération. Ils conviennent de lancer les procédures parlementaires pour la réunion d’une constituante fédérale le mois suivant. Le 14 janvier 1959, l’Assemblée constituante de la nouvelle fédération s’ouvre au palais du Grand Conseil de l’AOF. 44 délégués représentent les 4 États qui ont décidé de mettre en place cette Fédération (Sénégal, Soudan français, Dahomey, Haute-Volta). Le 17 janvier, la constitution est adoptée par acclamation. La Fédération du Mali est née, même si elle reste encore dépendante du pouvoir colonial. Cette constitution doit être ratifiée par les assemblées législatives des États membres pour entrer en vigueur. Une semaine plus tard, la constitution de la Fédération du Mali est ratifiée par le Soudan français et le Sénégal. La Haute-Volta et le Dahomey font défection. 4 avril 1959
L’Assemblée fédérale du Mali se réunit pour réviser la constitution fédérale et former le gouvernement fédéral. Léopold Sédar Senghor est désigné président de l’assemblée. Modibo Keita est élu président du gouvernement. Mamadou Dia est choisi comme vice-président. Le gouvernement fédéral est constitué le 15 avril : le Soudan et le Sénégal disposent chacun de 4 ministres.
Le 13 décembre 1959, à Dakar, le général De Gaulle disait « oui » au Mali indépendant et promettait la reconnaissance par la France de l’entité malienne. Le 4 Avril 1960 intervenait entre la République française et les Républiques du Sénégal et du Soudan, groupés au sein de la Fédération du Mali, la conclusion d’un accord portant transfert des compétences de la Communauté à la Fédération. L’indépendance du Mali fut officiellement proclamée le 20 Juin 1960 à Dakar et suivie par la signature d’accords d’aide et de coopération entre la France et le Mali. 2 mois plus tard, le 20 Aout 1960, la Fédération vole en éclat et dans la foulée, le Sénégal proclame son indépendance le 20 Aout 1960. Pourquoi le choix du 4 Avril comme jour de la fête d’indépendance ? Une question que doivent se poser les Sénégalais.

59 ans d’errance…
En Afrique de l’ouest, avec le Cap vert, le Sénégal est le seul pays à n’avoir pas enregistré de coup d’Etat. Alors que des pays qui ont subi ce phénomène se développent de manière soutenue, le Sénégal piétine. Le Rwanda qui ne possède pas 700 km ouverts sur la mer est un exemple. Depuis 1960, 4 régimes se sont installés, aucun d’entre eux n’a réellement su répondre aux attentes des populations. Depuis la chute de Dia en 1962, aucune politique de développement pensée en corrélation avec les réalités sénégalaises n’a été dégagée. Pour un pays qui a 59 ans, 700 kms d’ouverture sur la mer, de nombreux fleuves et lacs, nous nous retrouvons chaque deux mois à avoir de graves pénuries d’eau. Le développement, ce n’est pas sur des chiffres, cela doit se sentir dans le quotidien. Aujourd’hui, on peut compter avec les doigts les grandes industries de transformation au Sénégal. Nous avons la mer, des poissons. Nous les exportons de manière crue et nous revenons après exporter des tonnes de boites de sardines. Une indépendance n’est pas seulement politique, elle doit aussi être économique. Aucune industrie pour transformer les mangues de la Casamance, le lait du Djolof ni l’arachide du Saloum. Sur le plan scolaire, aujourd’hui, les jeunes crient toujours pour que les enseignements du professeur Cheikh Anta Diop soient insérés dans le programme. Ne pas parler de Dia, Sankara, Mongo Beti…et prendre Hegel, Voltaire ; Hugo et Rousseau est ce cela une indépendance ? Nous n’aurons jamais une réelle indépendance tant que nous continuerons de former dans nos écoles des instruments à caractère humain qui vont délaisser le combat du panafricanisme et de l’unité africaine.
Avec l’apparition maintenant du pétrole et du gaz, un tournant s’amorce. On verra quelle voie va prendre le Sénégal. Un pays qui n’a pas sa propre monnaie, un pays qui ne maitrise pas son économie, un pays qui continue de vulgariser le français en laissant tomber ses langues traditionnelles, un pays qui a son économie entre les mains d’un autre pays comme lui…ne peut se considérer comme un pays indépendant !

Par Bathie Samba Diagne, étudiant au département d’histoire, Ucad

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