Nous continuons toujours à revisiter l'histoire des grands hommes africains. Voici le dixième numéro de Grands d'Afrique qui porte sur Modibo Keita . Bonne lecture










Enfance et parcours

Modibo Keita, fils de Daba Keita, commis expéditionnaire principale et d’Hatouma Camara,  est né en Juin 1915 à Bamako, alors capitale du Soudan Français (actuel Mali), dans une famille malinké et musulmane pratiquante. Après avoir fréquenté l’école primaire urbaine de 1925 à 1931, il intègre le lycée Terrasson de Fougère (actuel lycée Askia Mohamed). Après son baccalauréat, il part à Dakar étudier à l’Ecole normale supérieure William Ponty[1] pendant deux ans. Durant son passage dans cette école, il sauve de la noyade un certain Emile Derlin Zinsou[2]. Hamani Diori, premier président du Niger et promotionnaire de Modibo Keita dira : « Modibo était à l'école un gros travailleur, très sérieux dans ses obligations (ses devoirs étaient toujours achevés sans retard), ne remettant jamais au lendemain le travail du jour, ce qui lui permettait de disposer de temps libre pour nos distractions, notamment la musique (flûte) et l'action. Il était un camarade foncièrement honnête et franc.... En ce qui concerne sa personnalité je me dois de citer un acte de courage à son actif : à Gorée notre camarade E. Derlin Zinsou, qui se baignait, fut pris d'une défaillance et allait se noyer alors que ses camarades voyant ses grimaces croyaient à une farce de poisson d'avril. C'était le premier avril 1936. Modibo se jeta à l'eau et le sauva. Il était aussi propre dans son corps que dans son esprit et je ne puis que garder un souvenir admiratif de ce bon camarade.»
Sa formation est couronnée de succès puisqu’il sort major de sa promotion. Il épousa Mariam Travele, une éducatrice, fille de cheminot qui va l’accompagner durant sa lutte.
A partir de 1937, Modibo Keita multiplie ses engagements dans de multiples mouvements et associations. En Septembre 1938, il devient instituteur en brousse.





(Modibo Keita, l'instituteur. © MKF)

 Il est par la suite muté à Bamako, Sikasso en 1943 puis Tombouctou. Très vite, ses pairs le remarquent et ses supérieurs le décrivent comme un homme particulier.
Le gouverneur français Louveau[3], confirme quelques années plus tard et dira qu’il est un « illuminé intelligent que j’estime dangereux et qui continuellement provoque ou exploite des incidents pour diminuer l’autorité de notre administration. »
Alors que les africains n’ont à l’époque pas le droit de faire de la politique, Modibo Keita fonde avec Mamadou Konaté[4] l’Association des Lettrés du Soudan en Avril 1937. 
(Mamadou Konaté © inconnu)
(Ouezzin Coulibaly © getty images )

Il faut noter que l’arrivée du Front populaire[5] en France en 1936 a assoupli les conditions. Keita créé aussi avec Ouezzin Coulibaly[6] le Syndicat des enseignants d’Afrique occidentale Française dont le mot d’ordre est «  égalité avec les blancs ». En 1943, alors qu’il forme des instituteurs à Sikasso, Modibo Keita fonde avec ami Jean Marie Koné « l’œil du Kénédougou », un journal dans lequel sont émises de virulentes critiques contre le système colonial. Ce journal va permettre à Keita de se faire un nom.

Entrée en politique et épisodes à l’aube de l’indépendance
1.     Débuts et ascension
Au sortir de la seconde guerre mondiale, Modibo Keita se lance officiellement dans la politique. Le 21 Octobre 1945, Il est candidat aux élections législatives. Il sort troisième derrière Fily Dabo Sissoko[7] et Mamadou Konaté. Après la création du Rassemblement Démocratique Africain (R.D.A.)[8] en 1946 à Bamako, les grands leaders politiques maliens à l’exception de Fily Dabo Sissoko fondent l’Union Soudanaise. Ce parti va devenir la section du RDA au Mali et sera présidé par Mamadou Konaté. 
(Fily Dabo Sissoko © inconnu)

En Janvier 1947, Modibo Keita va en devenir le secrétaire général.
S’attaquant aux exactions coloniales avec virulence et prenant part pour les paysans à Sikasso, Modibo Keita finit par s’attirer les foudres de l’administration. Il sera condamné pour 6 mois en 1946 et interné à la prison de la Santé à Paris pour 3 semaines, Mamadou Konaté y sera pour le défendre.
A sa sortie de prison, Modibo Keita continue son activité politique. En 1848, il est élu à l’assemblée territoriale soudanaise. En 1956, son mentor Mamadou Konaté décède. Keita le remplace à la tête de l’Union Soudanaise. Avec les élections législatives de 1956, il entre palais Bourbon. En Octobre de la même année, il devient vice président de l’assemblée nationale. Un mois plus tard, il devient maire de Bamako.
En 1957, Modibo Keita entre dans le gouvernement français, il est secrétaire d’Etat dans la France d’outre mer. Il est aussi secrétaire d’Etat à la présidence.
2.     La loi cadre Gaston Deferre
Ce texte législatif (n° 56-619) adopté par le Parlement le 23 juin 1956 constitue une étape importante dans le processus d'émancipation des territoires coloniaux en Afrique française. Élaborée par Gaston Deferre, ministre de la France d'Outre-mer du gouvernement Guy Mollet avec l'appui de Félix Houphouët-Boigny, elle transforme en profondeur la façon de gouverner les colonies françaises d'Afrique. Avec cette loi-cadre, sont établis de nouveaux statuts pour les territoires de la France d'outre-mer. Le nouveau texte met en place une décentralisation des pouvoirs de la métropole vers les territoires, ainsi que des mesures de déconcentration administrative accompagnant l'extension des compétences des assemblées territoriales. Cependant, cette loi cadre ne fait pas l’unanimité. En filigrane, on peut voir le fait de vouloir diviser les ensembles avant de leur octroyer l’indépendance afin de pouvoir mieux les contrôler après.
3.     Le référendum de 1958 
De Gaulle, pour parer à une nouvelle crise élabore un plan pour donner plus d’autonomie aux colonies tout en les conservant dans son giron. IL propose « la communauté ». Lors d’un référendum, les pays africains souhaitant avoir une autonomie interne et la communauté avec la France diront oui, ceux qui veulent avoir une indépendance totale et immédiate diront NON. Revenu aux affaires à la fin du mois de mai 1958, comme président du Conseil, Charles de Gaulle entame le 20 août un périple africain de 20. 000 km qui l’amène en une dizaine de jours de Fort-Lamy (devenu N’Djamena) à Alger, en passant par Tananarive, Brazzaville, Abidjan, Conakry et Dakar. Le général de Gaulle prévient que chaque territoire pourra prendre son indépendance en votant non au référendum du 28 septembre 1958 sur la Constitution : « L’indépendance, quiconque la voudra, pourra la prendre aussitôt. La métropole ne s’y opposera pas ». Le 28 septembre 1958, les électeurs de métropole et des territoires d’outre-mer se prononcent massivement en faveur de la nouvelle Constitution. Seule la Guinée de Sékou Touré se prononce contre, optant pour son indépendance le 2 octobre. Au Soudan Français, Modibo Keita milite pour le « oui ». Pour lui, il est nécessaire d’aller à l’indépendance dans l’unité.

Indépendance et unité
La première préoccupation de certains leaders politiques africains francophones fut de reconstituer les unions formées par la France durant la période antérieure à la loi cadre de Juin 1956. A l’époque coloniale, ces unions avaient répondu à la volonté de donner à l’administration des territoires un fondement plus solide et d’assurer, grâce à un budget général alimenté par le produit de certaines taxes, une sorte de péréquation financière entre pays voisins aux ressources fort inégales. Dans les Fédérations d’A.O.F. et d’A.E.F, les pays relativement prospères étaient ainsi amenés à concourir au développement de ceux qui ne l’étaient guère.
A la disparition de ces deux groupes de territoire, l’idée qui avait été à la base de leur création ne pouvait manquer d’être reprise. « Elle paraissait s’imposer d’autant plus que les Etats en question, en dépit de leur vaste superficie, n’avaient, le plus souvent, qu’une population fort restreinte. Leur regroupement permettrait de mener une politique plus large, de gérer certains services de façon rationnelle et d’acquérir à l’extérieur une audience accrue.»[9]
C’est dans ce but et pour lutter contre le territorialisme et ses conséquences, c'est-à-dire le micro nationalisme, que la Fédération du Mali fut créée.

La Fédération du Mali
1.     Concrétisation d’un souhait
Conçu comme la première étape dans la reconstruction des Fédérations  d’A.O.F et d’A.E.F, La Fédération du Mali est né le 17 Janvier 1959, sur le plan interne, de la réunion de quatre Etats : le Dahomey (actuel Bénin), la Haute Volta (actuel Burkina Faso), le Sénégal et le Soudan (actuel Mali). Rapidement, le Dahomey et la Haute Volta se retirent sous l’influence de Félix Houphouët-Boigny qui proposait le « Conseil de l’entente »[10]. Restent le Soudan et le Sénégal au sein du nouvel ensemble.
(Autour de Modibo Keita, les représentants du Sénégal (Doudou Gueye et Mamadou Dia), du Dahomey (Sourou Apithy) et de la Haute Volta (Nazi Boni, André et Joseph Ouédraogo). Le Mauritanien (Hassen 2ème à gauche) avait le statut d'observateur.)

Bien que réduite à deux Etats, la Fédération, située à l’Ouest de l’Afrique, ne totalisait pas moins de 1455396 km2 de superficie et 6 millions d’habitants ( le Soudan occupait les 6/7 du territoire et comprenait les 2/3 de la population).
Son économie, semblable en cela à la plupart des économies des pays en voie de développement, se caractérisait par la prédominance du secteur primaire et par la faiblesse du secondaire. Politiquement, la Fédération du Mali fut le premier Etat d’Afrique noire française à avoir réclamé et obtenu de la France le droit à l’indépendance au sein de la Communauté.


(Lettre de Modibo Keita à Mamadou Dia © MKF)

Le 13 décembre 1959, à Dakar, le général De Gaulle disait « oui » au Mali indépendant et promettait la reconnaissance par la France de l’entité malienne. Le 4 Avril 1960 intervenait entre la République française et les Républiques du Sénégal et du Soudan, groupés au sein de la Fédération du Mali, la conclusion d’un accord portant transfert des compétences de la Communauté à la Fédération. L’indépendance du Mali fut officiellement proclamée le 20 Juin 1960 à Dakar et suivie par la signature d’accords d’aide et de coopération entre la France et le Mali. L’organisation s’était faite de la manière suivante :

© MKF)

A noter que Senghor est le président de l'assemblée.


(Timbre postale © MKF)


2.     Le mariage contre nature
Déjà, il y’avait des divergences sur la conception du socialisme. Le socialisme des présidents Senghor et Dia était assez éloigné du socialisme plus orthodoxe et marxiste du président Keita. Cette différence idéologique est en partie la conséquence de la formation politique reçue d’une part par les dirigeants sénégalais, d’autre part par les dirigeants soudanais. Sénégalais, formés au sein de la SFIO[11], les Soudanais dans le R.D.A première formule des syndicats affiliés à la C.G.T.[12]  Coté régime, il est clair que le régime politique sénégalais est plus libéral, moins radical que celui du Soudan. L’opposition par exemple, peut s’y exprimer plus librement. Le gouvernement sénégalais s’accommode à l’existence de plusieurs partis.  Au Soudan par contre, l’opposition est inexistante. A l’aube de l’indépendance, les partis ont été systématiquement éliminés. Pour ce qui est des Libertés Publiques,  il suffit de se référer aux constitutions respectives des Etats du Sénégal et du Soudan pour remarquer qu’elles n’y occupent pas la même place. Au niveau de la Justice et du Droit, Sénégalais et Soudanais avaient aussi des points de vue diamétralement opposés. Les sénégalais défendaient la primauté du Droit et de l’indépendance du Juge. Par contre, les soudanais plaçaient le parti au dessus de tout. Vu toutes ces différences auxquelles viennent s’ajouter une rivalité au sein de la population, le conflit de personnalités et des orientations à suivre, la Fédération ne pouvait tenir longtemps.
(Modibo Keita et Senghor © MKF)

3.     L’éclatement de la fédération
Les divergences au sein des leaders de la Fédération vont finir par se matérialiser. Le 18 août 1960, traversée par de multiples désaccords sur la désignation de ses responsables, la Fédération du Mali est vouée à l’éclatement. Une nouvelle crise accélère le processus : Modibo Keïta donne des instructions au chef des forces armées, le colonel Soumaré, pour la mise en place de mesures de sécurité lors de la prochaine élection présidentielle. Il le fait sans prévenir son ministre de la défense, Mamadou Dia. Le 18 août, le colonel Soumaré demande aux unités de l’armée malienne qui sont à Podor et Bignona d’envoyer chacun une compagnie «en tenue de combat». Mamadou Dia tente de contrecarrer la décision, Modibo Keïta la reconfirme. Les Sénégalais ont la certitude que les Soudanais vont faire usage de la force et se préparent en conséquence. Les Soudanais sont persuadés que les Sénégalais préparent leur sécession. Le 19 août 1960, Modibo Keïta convoque un conseil des ministres extraordinaire dans la soirée pour empêcher la sécession du Sénégal. Un seul ministre sénégalais est présent. Mamadou Dia est déchargé de la défense. L’état d’urgence est proclamé. Le lendemain, La réponse des Sénégalais ne tarde pas à arriver. Le commandant de la Garde républicaine arrête le colonel Soumaré. Les hommes de la gendarmerie, qui sont Sénégalais, se rangent aux côtés de Senghor et de Dia. L’assemblée est convoquée. Elle vote en pleine nuit l’indépendance du Sénégal et décide elle aussi d’un état d’urgence. Le 21 août, Modibo Keïta et les représentants maliens présents à Dakar sont raccompagnés à la gare et quittent le pays. Ainsi donc c’est la fin de la fédération du Mali qui aura vécu très peu de temps : 2 mois…

Modibo Keita et la République du Mali
Au lendemain de l'éclatement de la Fédération du Mali, la déception était grande. L'U.S.R.D.A[13] organise un congrès extraordinaire le 22 septembre 1960 pour proclamer l'indépendance du Soudan qui va prendre le nom du grand empire flamboyant du moyen-âge : Mali.
Cette proclamation eu lieu dans un climat d'euphorie nationale. L'événement fit l'objet de fêtes populaires dans un enthousiasme extraordinaire. La même émotion et le même enthousiasme régnaient quelques heures plus tôt dans la salle où se réunissait le congrès. Les congressistes, debout, firent une ovation délirante lorsque Modibo Keita prononça son discours :
«... nous vous invitons à autoriser l'assemblé législative :
- Premièrement, à appréhender les compétences transférées par la République Soudanaise à la Fédération du Mali ;
- Deuxièmement, à proclamer comme État indépendant et souverain la République Soudanaise ;
- Troisièmement, à proclamer que la République Soudanaise s'appelle République du Mali, libre de tous engagements et liens politiques vis à vis de la France, comme la Haute-Volta, la Côte d'Ivoire, le Niger, le Dahomey. ...
La République du Mali est née. Le Mali continue. Le mot Mali continuera à résonner comme un gong sur la conscience de tous ceux qui ont œuvré à l'éclatement de la Fédération du Mali ou qui s'en sont réjouis...»

La gouvernance
1.     Le Mali dans le contexte de la Guerre froide
La fin de l’époque coloniale en Afrique laisse le continent, riche d’une multitude de nouveaux États indépendants, en proie à l’appétit des deux superpuissances de l’époque, les États-Unis et l’URSS. Le Mali s’affranchit très vite de la tutelle de l'ancienne métropole française et proclame, dans la foulée de son indépendance, son attachement aux valeurs socialistes et aux théories du non-alignement, refusant la logique des « deux blocs ». Ainsi, il s’autorise à accepter toute aide qui vise à encourager et soutenir la construction économique de l’État, évitant le recours au financement de la coopération française. L’expérience socialiste malienne ne tarde pas à réveiller les appétits de l’URSS, qui voit en Modibo Keita, le père de l’indépendance, un allié de poids au cœur de l’Afrique francophone, soulevant les pires craintes au sein de la cellule Foccart.
(Modibo Keita et Brejnev © Alamy)

Encouragée par l’aile marxisante de son parti unique, l’Union soudanaise, le Mali tourne son regard vers l’Est dès 1961, voyant en l’URSS le défenseur des grands idéaux de lutte anticoloniale et communiste qui lui sont chers. Malgré des incursions encore timides en ce début des années soixante, l’URSS faisait de l'élargissement de son influence au sein du Tiers-Monde un élément capital de l’existence du socialisme, et du Mali un centre de rayonnement soviétique possible en Afrique. Suivant les traces de Conakry, Bamako se tourne vers le bloc communiste pour obtenir une aide accrue sur les plans économique, militaire et culturel. Le bloc de l’Est devient un des principaux partenaires commerciaux du Mali, représentant 42,8 % des échanges dans les années 1964-1965, loin devant les États-Unis (2,3)[14]. Les pays satellites de l’URSS entretiennent d’excellentes relations diplomatiques avec le Mali dans les premières années de l'indépendance. La Tchécoslovaquie figure au deuxième rang, derrière l’URSS, pour la coopération avec le régime. Les accords de coopération signés en 1961 mettent en place une assistance technique tchécoslovaque. Plusieurs centaines de techniciens sont envoyés pour la formation de spécialistes en matière d’aviation civile, et soutiennent le développement d’Air-Mali en fournissant des pièces de rechange.

2.     L’économie sous Modibo Keita
Le 22 septembre 1960, le Mali voit le jour à la suite de l'éclatement de la fédération qui l'unissait au Sénégal. Sa politique économique, inspirée du modèle marxiste-léniniste, amène la nationalisation des entreprises nationales et étrangères, la création de nombreuses entreprises publiques et l'intervention de l'Etat dans tous les domaines de la vie économique et sociale. Le contrôle des prix est instauré et le commerce international est confié à un monopole public : la SOMIEX[15]. Enfin, pour rompre définitivement avec le colonisateur, le Mali quitte la zone franc et crée le franc malien en 1962. Le Mali se heurte alors très rapidement à plusieurs contraintes : le manque de cadres compétents, les faibles incitations à la production et les contraintes financières (sortie de devises, inflation).
Dans ce contexte difficile, Modibo Keïta est contraint de signer le 6 mai 1967 des accords de coopération monétaire avec la France, sans toutefois rejoindre l'UMOA, ce qui sera fait longtemps après sa chute en 1984. Le soutien populaire, dont bénéficiait Modibo Keïta lors de l'accession à l'Indépendance, s’érode. D'une part, le contrôle de la commercialisation des produits agricoles, l'obligation de consacrer une partie du temps à la culture des champs collectifs, le maintien de prix aux producteurs très bas et plus généralement la stratégie de transfert du surplus agricole vers le secteur non agricole, provoquent le mécontentement des paysans. D'autre part, le blocage des salaires entraîne une chute du pouvoir d'achat des ménages urbains. Ainsi, l'ensemble de la population malienne est touché par la politique économique du gouvernement. De l’autre coté, il faut aussi noter qu’au moment de l'indépendance, l'industrie malienne fut inexistante : l'industrialisation du pays n'était manifestement pas la grande priorité du colonisateur. Alors Modibo Keita et son équipe vont s'atteler à la création de plusieurs petites industries : sucrerie, rizerie, cimenterie, usine de céramique, manufacture de tabacs et d'allumettes, tannerie, usine de textile, abattoir frigorifique, huilerie conserverie etc.. Afin de favoriser l'indépendance économique, une quarantaine de sociétés et entreprises d'états verront le jour entre 1960 et 1967.
3.     L’opposition
Il faut noter de prime abord que l’opposition était systématiquement réduite à sa plus petite expression. Comme dans les la plupart des pays du bloc de l’Est, l’opposition était combattue. En Juillet 1962, le Mali sort de l’Union monétaire ouest-africaine et crée un franc malien ainsi qu’un institut d’émission. Ces mesures suscitent des inquiétudes quant à la valeur future de cette monnaie nouvelle et entraînent le 20 juillet, d’importantes manifestations et l’arrestation de deux personnalités qui s’étaient prononcées auparavant contre la fédération soudano-sénégalaise, Hamadoun Dicko[16] et Fily Dabo Sissoko (ce dernier avait été ministre au temps de l’Union française). Ils sont accusés de tentative de coup d’État, condamnés à mort puis graciés mais ils mourront en détention en 1964 dans des circonstances demeurées obscures.


Les limites
Des problèmes économiques graves vont très vite apparaître : La primauté de la politique sur la compétence administrative et technique va entraîner un certain attentisme et une démoralisation des fonctionnaires. L'absence de conviction (voire l'opposition) de certains cadres chargés d'appliquer les décisions prises, aboutira souvent à l'échec des réalisations. Rappelons qu'au moment de l'indépendance, le pays ne comptait peu de cadres, pour palier à ce manque beaucoup de cadres seront formés à la hâte et n'avaient pas toujours les compétences requises.
Le paysan malien ayant une conception de la solidarité différente de celle qu'on lui proposait n'adhérera pas au système coopératif : les champs collectifs seront délaissés et un marché noir va se développer pour la commercialisation des produits agricoles. Ainsi, certaines usines qui devaient utiliser ces produits comme matière première vont avoir des problèmes d'approvisionnement.
Les tendances à l'intérieur du parti au pouvoir vont se manifester : L'aile droite du parti partisan d'une économie libérale va mener une campagne subversive qui va favoriser la destruction de la confiance populaire. L'aile gauche, elle, était animée essentiellement par le syndicat unique et le mouvement de la jeunesse. Modibo Keita qui jouait le rôle d'arbitre, exprimait clairement ses préférences pour l'aile gauche.
Le revirement monétaire de 1967 pour mettre fin à la dégradation du franc malien ne permettra pas de redresser la situation. Bien au contraire : Les accords monétaires de 1967 entre le Mali et la France, (négociés par l'aile droite de l'US-RDA), étaient incontestablement un frein à l'expérience menée au Mali depuis 1960. En novembre 1968, le président Modibo Keita déclarait : « Les Accords de 1967 sont un piège. Il nous faut nous préparer à les rompre ». Plutôt, le 22 janvier 1968, le président Keita dissolvait l’Assemblée nationale, un an avant la date normale de son  renouvellement et décide de gouverner désormais par ordonnances. Au mois de Juin, de graves incidents surviennent à Ouolossébougou.
Des paysans mécontents refusent de verser les « contributions volontaires », de participer aux « travaux d’investissement humain » et de livrer du mil à l’OPAM[17], l’organisation qui avait le monopole de la commercialisation des produits agricoles. Certains sont arrêtés mais l’émeute se déclenche et les libère. Les heurts font deux morts et de nombreux blessés. L’épisode rend compte du mécontentement général et du développement d’une forte opposition populaire au régime. Au mois d’Aout de la même année, Modibo Keita dissolvait aussi le bureau politique du parti unique et donne la totalité du pouvoir aux hommes du Comité de défense de la révolution. La perspective d’un remaniement de l’appareil du parti unique est clairement évoquée. Tous ces événements rendent l’atmosphère tendue et préparent un soulèvement des « forces ».
Le coup d’Etat
Mardi 19 Novembre 1968, il est 7heures du matin, l’heure des informations à la radio nationale. Pourtant, à la place du bulletin d’informations, le média d’Etat diffuse de la musique, des chansons du vieux griot Bansoumana Sissoko qui évoque l’époque du grand Mali. Un changement de programme qui suscite bien des questions. Pendant se temps, Modibo Keita se trouve sur le bateau qui le ramène de Mopti, le chef de l’Etat est à 80 KM de Bamako. C’est dans ce cadre qu’il reçoit un message qui annonce des mouvements de troupes dans la capitale. Mis au courant, Modibo Keita réunit les cadres qui sont avec lui. Premièrement, il décide de désarmer sa garde rapprochée afin d’éviter un bain de sang, deuxièmement il décide de continuer vers Bamako. Ainsi donc, Modibo Keita qui ne s’enfuit pas continue sa route. A 10 heures et demie, près de village de Massala le convoi est obligé de s’arrêter parce qu’un Tank est mis sur la route. Dès que les voitures se sont arrêtées, un char vient se placer derrière elles pour les empêcher de partir. Les militaires tirent des balles au ras du sol pour montrer qu’ils ne badinent pas. L’opération est dirigée par un certain lieutenant Tiécoro Bagayoko[18], il a été choisi pour son audace parce que peu d’officiers auraient osé intercepter Modibo Keita auquel l’imagerie populaire prête des pouvoirs surnaturels. Bagayoko demande au président de se mettre à la disposition de l’armée. Il est vite placé dans le Tank, une heure après, le cortège arrive à Bamako. Ils rejoignent vite le siège de du parti de Modibo Keita qui est devenu le quartier général du nouveau pouvoir. Tous les membres du gouvernement arrêtés sont détenus dans ce local. C’est qu’a eu lieu la rencontre entre Modibo Keita et le cerveau du Putsch, le capitaine Yoro Diakité. Il propose au président s’il veut poursuivre sa tache de se défaire de quelques uns de ses collaborateurs, ce que Modibo Keita refuse. Il l’exhorte aussi à abandonner le socialisme, ce que Modibo Keita refuse encore. C’est l’impasse.
A l’issue de cet entretien, le comité militaire de libération nationale (C.M.L.N.) se décide enfin de diffuser un communiqué à la radio annonçant la prise du pouvoir par l’armée. Ce communiqué est lu par un des jeunes officiers, un lieutenant qui a participé à la prise de Bamako : Moussa Traoré. Au soir du 19 Novembre 1968, Modibo Keita va passer sa première nuit en prison.

(Moussa Traoré © inconnu)

Modibo, la fin
1.     La prison
Au lendemain du coup d'État du 19 novembre, Modibo Keita est envoyé au camp de Kidal à près de 1 500 kilomètres de la capitale, dans le nord-est du pays. Dans une zone saharienne au climat particulièrement rude (plus 50 °C le jour, et moins 5 °C la nuit).
La junte militaire va alors soumettre le président à un isolement presque total (quatre courriers par an) et va surtout s'employer à le faire oublier. Toute allusion publique aux aspects positifs de son régime était interdite.
Mais, le 8 Mai 1977 des Maliens bravant l'autorité militaire défilent à Bamako en scandant "Vive Modibo". Même en prison Modibo Keita restait donc "dangereux" pour le pouvoir en place. Une semaine plus tard, le père de la nation malienne mourra en détention dans des conditions obscures.

2.     Mort naturelle ou empoisonnement ?
Ce 16 Mai 1977, les geôliers apportèrent à Modibo la bouillie de mil qu'il avait réclamée à sa nièce. Dès la première gorgée du plat, Modibo est pris de malaise. Dans son livre « Ma vie de soldat » le capitaine Soungalo Samaké  raconte la scène :
« Le soldat qui lui apportait ses repas est venu précipitamment me voir pour dire que Modibo était tombé au pied de son lit. J’ai couru, pour aller dans sa cellule. Il bavait. Je l’ai pris ; j’ai dit au soldat : aide-moi. Nous l’avons couché dans son lit. J’ai pris une serviette pour essuyer la bave. Je lui ai posé la question : qu’est-ce que tu as ? Qu’est-ce que tu as ? Il voulait parler, mais le son ne sortait pas… »
Modibo Keita mourra quelques instants après ce malaise. Il avait reçu auparavant, une piqûre prescrite par le médecin Faran Samaké. La gorge enflammée du président tendrait à accréditer la thèse de l'empoisonnement ; Mais, les proches de la victime croient plutôt à celle de l’injection mortelle. Saurons-nous un jour la vérité ? Le Docteur Faran Samaké (responsable de la piqûre) ne pourra plus témoigner : il se suicidera en 1978 emportant son secret dans sa tombe.
Le peuple malien apprendra la mort du leader charismatique par un communiqué laconique du pouvoir militaire : « Modibo Keita, ancien instituteur à la retraite est décédé des suites d'un œdème aigu des poumons. »
Ce communiqué qui fournit une explication, cliniquement contestable, de la cause de la mort du président, provoqua le courroux d'un grand nombre de malien. En colère, une foule immense (convaincue que Modibo Keita a bien été assassiné) organise spontanément les funérailles du président légitime.
3.     Funérailles
Comme on l’a fait avec beaucoup de martyrs des indépendances africaines, le pouvoir militaire espérait enterrer Modibo Keita dans la plus grande discrétion, sinon dans le calme :
« On m’a dit de remettre le corps à ses parents. J’ai dit qu’il faut faire attention car Modibo est très populaire. Ils m’ont dit que non, qu’il suffit de remettre le corps et de diffuser un communiqué annonçant sa mort. Et que c’est tout…Ils ont vu ; il y avait tellement de monde aux funérailles que le cimetière était rempli alors que le cortège qui s’étirait jusqu’au domicile de ses parents n’avait pas encore fini de recevoir tous ceux qui voulaient le rejoindre. Le corps était arrivé au cimetière alors que certains étaient encore assis à Ouolofobougou et ne le savaient pas! La police a été débordée ! Les élèves ont dit qu’il fallait aller donner le corps à ceux qui ont tué Modibo. Il a fallu encore faire recours à Soungalo et aux parachutistes pour empêcher la foule d’aller au siège du comité militaire et pour diriger le cortège funèbre sur le cimetière » Raconte le capitaine Samaké.
Le régime militaire procédera à de nombreuses arrestations parmi les personnes venues participer à l’enterrement :
« Après les funérailles, on a pris certains de ceux qui ont participé à l’enterrement. On les a amenés au Camp para et on m’a dit de les corriger » raconte toujours le capitaine Soungalo Samaké.
Mais qu’importe la répression militaire, la détermination de la foule semblait inébranlable comme le rapporte un témoin de l'enterrement : « ce jour-là, rien ne pouvait contenir la foule tant le nombre était élevé et tant les gens étaient déterminés à affronter même le diable ». Ce jour-là, contrairement aux coutumes maliennes, les femmes ont pénétré dans l'enceinte du cimetière.
La vive réaction, spontanée, de la jeunesse malienne à la mort de Modibo Keita démontre que ce dernier n'a pas prêché dans le désert et que son message est passé à la prospérité.

(Tombe de Modibo Keita© inconnu)

Modibo Keita, le panafricaniste
En Mai 1961, Le Guinéen Sékou Touré[19], le Ghanéen N’Krumah[20] et le Malien Modibo Keita créent une Union des États africains « progressistes » : «  U.E.A. »

(Signature de la charte de l'union Ghana-Guinée-Mali le 24 décembre 1960© MKF)

Un sommet réunissant les trois chefs d’État se tient en décembre à Conakry pour dénoncer la situation dans l’ancien Congo belge. Ces trois pays vont créer, avec l’Égypte de Nasser et le Maroc de Mohammed V, le « groupe de Casablanca[21] » qui soutient le FLN algérien et s’oppose aux essais nucléaires français réalisés dans le Sahara.
Modibo Keita jouera un rôle de premier plan à la signature de la charte de l'Organisation de l'Unité Africaine (O.U.A.) à Addis Abeba le 25 mai 1963 ( un grand nombre des recommandations de cette charte était d'inspiration malienne ).
L’importance de l’apport de Modibo Keita pendant ce premier sommet de l’organisation de l’unité africaine a été soulignée par le président sénégalais, Léopold Sédar Senghor, qui, en recevant le leader malien à Dakar en décembre 1966 s'adressa à lui en ces termes :
« ... Vous êtes un grand africain qui a joué dans nos conseils, singulièrement à l'Organisation de l'Unité Africaine, un rôle primordial, grâce à votre amour pour l'Afrique »
Au service de l'unité africaine, Modibo Keita ne ménagera aucun effort pour résoudre les crises entre des pays voisins : c'est ainsi que les 29 et 30 octobre 1963 il reçoit, à Bamako, le roi du Maroc, le président algérien et l'empereur d'Éthiopie (alors président de l'O.U.A) pour mettre fin à la "guerre des sables" (conflit frontalier entre l'Algérie et le Maroc) : L'O.U.A venait alors de franchir sa première crise.
 Une crise franchie grâce, notamment, au prestige international et au charisme notoire, du leader malien. Car, avant l’intervention de Modibo Keita, il y eu plusieurs tentatives de négociation infructueuses entre les deux pays à l’initiative d’acteurs importants de la vie politique du continent.
(Ben Bella et Hassan II signent un cessez-le-feu sous les yeux de Modibo Keita.© MKF)

De 1963 à 1966 Modibo Keita normalisera les relations du Mali avec ses voisins mauritaniens, sénégalais, ivoiriens et voltaïques. En Février 1963, le président mauritanien Moktar Ould Daddah[22] rencontre à Kayes Modibo Keita et conclut avec lui un accord qui met fin aux différends frontaliers opposant les deux pays.
Le panafricanisme était même consigné dans la Constitution malienne dont l'article 48 stipulait :
« La république du Mali peut conclure avec tout état d'Afrique des accords d'association ou de communauté comprenant l'abandon partiel ou total de souveraineté en vue de réaliser l'unité africaine ».










Bibliographie

·        Balandier Georges, Remarques sur les regroupements politiques africains, Revue Française de sciences politiques, décembre 1960
·        Ndiaye Guédel, L’échec de la Fédération du Mali, les nouvelles nouvelles africaines, Dakar, 1980,  193 pages
·        Touron Manon, Le Mali, 1960-1968. Exporter la Guerre froide dans le pré carré français, Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin 2017/1 (N° 45), pages 83 à 95


Webographie
·        Foka Alain, archives d’afrique-Modibo Keita, Rfi, 2010
·        http://modibokeita.free.fr
·        Archives Ina (Institut national de l'audiovisuel )


Notes

( FMK : http://modibokeita.free.fr)


[1] L’École normale William-Ponty Note est l'école normale fédérale de l’Afrique-Occidentale française (AOF) qui a formé avant l’ère des indépendances, la plupart des instituteurs, médecins et cadres d’Afrique de l'Ouest, dont de nombreux ministres et chefs d’État ou de gouvernement.
[2] Émile Derlin Zinsou (né le 23 mars 1918 à Ouidah et mort le 28 juillet 2016 à Cotonou) est un homme d'État béninois, président de la République du Dahomey de 1968 à 1969.
[3] Edmond Louveau est né le 4 août 1895 à Mamers dans la Sarthe. il entre en 1920 dans l'administration de la France d'Outre-mer. Il en gravit tous les échelons après avoir occupé les fonctions les plus diverses (commandant de cercle, conseiller à la Cour, directeur de cabinet du gouverneur général) avant d'être nommé administrateur supérieur de la Haute Côte d'Ivoire (ancienne Haute-Volta) en 1937. Edmond Louveau est décédé à Paris, le 18 juin 1973 à l'hôpital Foch.
[4] Mamadou Konaté était un homme politique malien, né en 1897 à Kati au Mali. Député actif, il fut le 1er vice-président africain-noir de l'Assemblée nationale française. Il fut également parmi les pionniers leaders politiques partisan d'un Mali indépendant.
[5] Le Front populaire est une coalition de partis de gauche qui gouverna la France de avril 1936 à avril 1938.
[6] Daniel Ouezzin Coulibaly, né en 1909 et mort en 1958, est un homme politique voltaïque. En 1958, il devient président du conseil de gouvernement de la Haute-Volta, conseil mis en place par la loi-cadre Defferre, puis vice-président de la République de Haute-Volta
[7] Fily Dabo Sissoko est un écrivain et homme politique malien, né le 15 mai 1900 au Mali et décédé le 30 juin 1964 dans un bagne à Kidal.
[8] Le Rassemblement démocratique africain (RDA) est une ancienne fédération de partis politiques africains fondée à l’issue du Congrès de Bamako en 1946. Il fait partie des trois principaux partis fédéraux panafricains revendiquant la création d’une fédération des partis politiques d’Afrique au moment des indépendances.
[9] P. Lampue, « les groupements africains » RJPIC, Janvier-Mars 1964, P 21-51
[10] Créé le 29 Mai 1959, le Conseil de l'Entente est la doyenne des institutions sous régionales ouest-africaines. A l'initiative de Felix Houphouët Boigny, il regroupe Dahomey (actuel Bénin), la Haute-Volta (actuel Burkina Faso), la Côte d'Ivoire et le Niger. Ils ont été rejoints par le Togo en 1966
[11] La Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) est un parti politique socialiste français, qui a existé sous ce nom de 1905 à 1969
[12] La Confédération générale du travail, abrégé en CGT, est un syndicat français de salariés créé le 23 septembre 1895 à Limoges
[13] Union Soudanaise/Rassemblement démocratique africain (R.D.A.)
[14] Service historique de la Défense (SHD), Archives de l’armée de Terre (AMT), GR 14 S 268, Rapport de fin de mission de Jean d’Escrienne, 15 septembre 1964, 1er novembre 1968

[15] (Société malienne d'import-export
[16] Hamadoun Dicko est un homme politique malien né en 1924 à Diona (alors Soudan français, actuellement Mali) et mort en 1964 à Kidal.
[17] Office des Produits Agricoles du Mali
[18] Tiécoro Bagayoko était un militaire malien, né le 19 juillet 1937 à Goundam (actuel Mali) et mort en détention en 1983. Il participe au Comité militaire de libération nationale (CMLN). Directeur de la sûreté nationale, il met en place une police politique très répressive, notamment vis-à-vis des étudiants et élèves contestataires. Déporté à Taoudenit, il y meurt assassiné par un commando envoyé par Moussa Traoré qui était dirigé par l'adjudant Chef Moussa Camara.
[19] Ahmed Sékou Touré, né le 9 janvier 1922 à Faranah en Guinée française et mort le 26 mars 1984 à Cleveland, est le premier président de la République de Guinée, en poste depuis l'indépendance obtenue de la France en 1958 jusqu'en 1984.
[20] Kwame Nkrumah, né le 21 septembre 1909 à et mort le 27 avril 1972 , est un homme d'État indépendantiste et panafricaniste qui dirigea le Ghana indépendant, d'abord comme Premier ministre de 1957 à 1960, puis en qualité de président de la République de 1960 à 1966.
[21] Le groupe de Casablanca était une association d’États africains partageant une vision partagée de l’avenir de l’ Afrique et du panafricanisme au début des années 1960. Le groupe était composé de sept États dirigés par des dirigeants de gauche, principalement originaires d'Afrique du Nord: l' Algérie , l' Égypte , le Ghana , la Guinée , la Libye , le Mali et le Maroc.
[22] Moktar Ould Daddah (né le 25 décembre 1924 à Boutilimit, sud-ouest de la Mauritanie, et mort à Paris le 14 octobre 2003) fut le premier président de la République islamique de Mauritanie.

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