Nous continuons toujours sur le parcours des grands hommes qui ont fait l'histoire de l'Afrique . Aujourd'hui , le Cinquième numéro de Grands d'Afrique porte sur El Hadji Ahmadou Ahidjo , premier président du Cameroun . Bonne lecture



Sommaire
v  Origines et parcours…
v  Ahidjo, à l’aube de l’indépendance…
-          La traque des  « maquisards de l’UPC »
-          Ahidjo, premier ministre
v  Ahidjo et le Cameroun indépendant
-          Les premiers remous internes
-          L’Unité du Cameroun
v  L’instauration d’un régime dur pour parvenir à la stabilité nationale .
-          La rebellion
-          Parti Unique
v  Le bilan économique
v  « Je démissionne… »
-          Maladie réelle ou imaginaire ?
-          Rupture avec Paul Biya
-          L’exil
-          Débats sur la dépouille d’Ahidjo
  
( Ahmadou Ahidjo . Source : getty images )

v Origines et parcours…
Né dans une région enclavée du nord Cameroun, Ahmadou Ahidjo voit le jour le 24 Aout 1924. Il faut noter qu’il est né dans un milieu dominé par l’islam, le nord Cameroun et qu’il est aussi d’ethnie peul. Il suit ses humanités coranique et ses études primaires à Garou sa ville natal. Il obtient son certificat d’études en 1939. Il quitte sa région du nord pour entrer dans l’école supérieure de Yaoundé d’où il sort deux ans plus tard comme opérateur télégraphique. Il entre alors dans le service de communication radio. Il va être affecté à plusieurs postes dans le sud , dans l’Est et dans le Nord du pays . Il va peu à peu entrer à la politique. Il est d’abord élu dans sa province natal avant de commencer à développer de grandes ambitions. Un à un, il gravit les échelons . Élu à l'Assemblée territoriale du Cameroun en 1947, il devient, de 1953 à 1958, conseillé à l'Assemblée de l'Union française tout en étant vice-président de l'Assemblée territoriale en 1955 et président, lorsque l'assemblée devient législative en 1957. Lorsque l'autonomie interne est accordée au Cameroun, Ahidjo devient vice-Premier ministre chargé de l'Intérieur dans le gouvernement présidé par M'Bida.
v Ahidjo, à l’aube de l’indépendance…
Avant de développer dans ce registre, il est nécessaire de revenir sur le statu du Cameroun.  Le pays est une ancienne colonie allemande. A la fin de la première guerre mondiale avec la défaite de l’Allemagne, le pays est placé sous mandat de la S.D.N (société des nations ) . Le pays est divisé en deux avec une zone d’influence anglaise (nord ouest ) et le reste du pays sous domination française . On ne saura parler de la présidence d’Ahidjo sans faire mention de l’atmosphère tendue de l’avant indépendance au Cameroun avec l’histoire des maquisards de l’U.P.C. (Union des Populations du Cameroun ) .
-          La traque contre les « maquisards de l’UPC »
Une élite locale éduquée prend vite conscience de ce statut spécial du Cameroun qui la différencie des autres peuples colonisés. Les gens se passionnent pour les idéologies et se forment notamment au sein du Cercle d’études marxistes, lancé à Yaoundé par le syndicaliste français Gaston Donnat. C’est ici que se moule le leadership syndical qui portera les idées nationalistes, avant de donner naissance en 1948 à l’UPC. Son credo : l’unification avec la partie anglophone du Cameroun et l’indépendance, tout de suite. Le parti devient vite la principale force politique face à l’administration coloniale. Son leader, Ruben Um Nyobé, se rend par trois fois à l’Assemblée générale de l’ONU pour plaider cette cause. À partir de 1955, la situation se tend. Pour les nationalistes, les troubles ont été provoqués par le haut-commissaire Roland Pré, qui cherchait un prétexte pour en découdre avec les communistes de l’UPC. Les manifestants se heurtent aux forces coloniales. Le 13 juillet 1955, l’UPC et ses organisations annexes sont interdites. Poussée à la clandestinité, l’UPC se disperse. Ruben Um Nyobé se réfugie dans sa région natale, tandis que Félix Moumié, Abel Kingué et Ernest Ouandié s’enfuient au Cameroun anglophone avant de s’envoler vers Conakry, Accra ou Le Caire. En 1956, la guerre n’est pas encore totale. Pierre Messmer, le successeur de Roland Pré, est favorable aux négociations avec l’UPC mais ces dernières n’aboutissent pas. À partir de ce moment-là, Messmer s’interdit de négocier avec des « terroristes ». Cette décision signe l’arrêt de mort de Ruben Um Nyobé. Il sera traqué, trahi et abattu deux ans plus tard. Dans cette même année, en 1958, Ahidjo se voit propulsé au devant de la scène

-          Ahidjo, premier ministre

Lorsque l'autonomie interne est accordée au Cameroun, Ahidjo devient vice-Premier ministre chargé de l'Intérieur dans le gouvernement présidé par M'Bida. Mis en minorité par l'Assemblée à cause de sa politique que ses opposants taxent de régionaliste, André Marie M'Bida qui était le premier ministre est remplacé le 18 février 1958 par Ahidjo, qui continue à bénéficier de l'appui du gouvernement français. Il lui appartient de ramener le calme et de faire aboutir le projet de statut qui sera la dernière et brève transition institutionnelle vers l’indépendance. Et il se démarque des autorités traditionnelles, qu’il avertit : «  Si l’évolution ne se fait pas avec vous, elle se fera contre vous. » Avant la fin de l’année, les premiers objectifs sont atteints. Harcelés, les maquisards se sont ralliés en nombre à partir de mars ; le 13 septembre, Um Nyobé est tué. Quant au statut, il est adopté le 24 octobre. Le Cameroun sort en douceur de l’Union française : il lui suffit de ne pas adhérer à la Communauté franco-africaine née avec la Ve République, un mois plus tôt. L’indépendance est fixée au 1e janvier 1960. Les grandes manœuvres politiciennes commencent, orientées vers un seul but : le pouvoir.
v Ahidjo et le Cameroun indépendant
Le 1e janvier 1960, le Cameroun est le premier des 17 États qui accéderont à l’indépendance au cours de l’année. Ahmadou Ahidjo est à la tête du gouvernement. Il sera président de la République le 5 mai, élu par une Assemblée au sein de laquelle son parti a obtenu 51 sièges sur 100.
-          Les premiers remous internes
Le gouvernement a obtenu des renforts militaires français qui guerroient dans l’Ouest sans succès décisif. Même si une importante délégation soviétique a assisté aux fêtes de l’indépendance, l’étiquette de pouvoir fantoche rédigée par les upécistes est solidement collée sur le régime. La seule république africaine indépendante de l’ex-empire français est le territoire où l’aide directe de Paris est la plus indispensable. C’est la principale raison pour laquelle Ahidjo aura toujours, plus que d’autres, le souci de prendre de distances à l’égard de l’ex-métropole, et refusera, par exemple, d’adhérer à la plupart des organismes, néocoloniaux ou non, de la francophonie.
La partie n’est pas facile sur l’échiquier politique. La Constitution a été adoptée grâce à la vague quasi unanime des votes du Nord, mais, dans le Sud, près de deux électeurs sur trois s’y sont opposés . Avec une partie du clergé catholique, Mbida anime des groupes de contestataires dans le Centre. Toutefois, derrière Charles Assalé, qui devient Premier ministre, le Sud proprement dit soutient le gouvernement.

 (John Kennedy et Ahmadou Ahidjo . Source : getty images )


-          L’Unité du Cameroun
Lorsque le « Cameroun français » devient indépendant , l’avenir de l’autre Cameroun, sous mandat britannique, n’est pas encore assuré. La question est de savoir s’il va redevenir « camerounais » ou être rattaché au Nigeria voisin, dont l’indépendance est proclamée en octobre 1960. Dans l’esprit d’Ahidjo, il n’y a que la réunification qui vaille. Les plébiscites organisés par l’ONU en février 1961 dans la partie anglophone donnent des résultats inattendus : la région Nord choisit le rattachement au Nigeria, alors que la région Sud préfère la réunification avec le Cameroun francophone. Huit mois plus tard, les deux Camerouns se réunissent, en tant qu’États fédérés. Ahidjo est président de la fédération, et l’anglophone John Ngu Foncha, vice-président. Il sera remplacé en 1970 par Salomon Tandeng Muna. À noter que c’est Ahidjo qui mène le jeu, les anglophones n’ayant d’autre choix que de le suivre. Et la forme fédérale de l’État est loin de lui plaire : il veut un État unitaire avec un régime présidentiel. D’où l’idée de ce référendum organisé le 20 mai 1972, auquel les anglophones – encore moins les francophones – ne se sont pas préparés. Ahmadou Ahidjo a gardé son secret pendant longtemps. Qu’importe, 3 177 846 Camerounais disent oui à l’État unitaire, 176 se prononcent contre. Le référendum imposé aux anglophones est lourd de conséquences : leur entité est morcelée en deux provinces (Nord-Ouest et Sud-Ouest) et n’a plus de personnalité juridique ; le poste de vice-­président qui leur était dévolu est supprimé. Par la volonté du prince, le 20 mai, date de l’unification du pays, devient celle de la fête nationale. À vrai dire, les anglophones, trente-huit ans après ce référendum mené à la hussarde, ont gardé le souvenir amer d’avoir été grugés par Ahmadou Ahidjo, qui se voulait le fondateur de la nation. D’où des velléités séparatistes entretenues par le Southern Cameroons National Council (SCNC).
v L’instauration d’un régime dur pour parvenir à la stabilité nationale .
Dans la décennie qui suit l’accession de plusieurs pays africains à l’indépendance, on assistait à un chaos général. Des coups d’Etat ou changement de régime eurent lieu au dans les deux Congo, au Mali, au Bénin , au Togo , en Haute Volta etc. Ahidjo lui pour assurer la stabilité était déjà protégé par Paris, en plus de cela il instaure un régime dur basé notamment sur le parti unique. Le leader de l’Union camerounaise, chef de l’État, appelle à la constitution d’un "grand parti national" – il ne dira jamais parti unique. La séduction du pouvoir opère. Au début de 1961, le Parti progressiste d’Assalé s’est laissé absorbé par l’UC, et les 18 députés du groupe bamiléké ont adhéré un par un à la formation majoritaire.
( Valery Giscard-D’estaing et le président Ahmadou Ahidjo. Source : getty images )
-          La rebellion
La rébellion a été matée avec les méthodes de choc importées d’Algérie. L’armée française a cédé la place, en octobre 1960, à la nouvelle armée camerounaise, lui laissant un solide encadrement. Le président de I’UPC en exil, Félix-Roland Moumié, a été assassiné à Genève au même moment, le 15 octobre, par un agent des services secrets français. De petits groupes de maquisards se manifesteront encore, de plus en plus sporadiquement, jusqu’en 1970 ; les exilés, divisés, n’auront plus d’autre activité que la production de communiqués. Les grands leaders de l’Upc sont exécutés : Osendé Afana (1966) et Ernest Ouandié (1971)  .
-          Parti Unique
Dès le 11 novembre 1961, Ahidjo lance un appel à la formation d’un « grand parti national unifié ». Des pressions policières s’exercent sur les petits partis francophones qui proclament leur intention de soutenir le gouvernement, mais refusent, selon la formule de Charles Okala, ancien ministre des Affaires étrangères, de "prendre part au suicide de la démocratie" en s’intégrant dans un parti unifié. L’épreuve de force est en vue, et l’on sait bien qui gagnera. Le 23 juin 1962, les quatre leaders de ce qui n’est plus qu’une opposition très relative publient un manifeste contre le parti unifié, qui conduirait à ‘une dictature de type fasciste". Arrêtés le 29, ils sont condamnés à trois ans de prison. Leurs troupes se rallient à l’UC ou renoncent à la politique, à l’exception des Démocrates camerounais de Mbida. Des élections législatives de mars 1964 consacrent la victoire de l’UC, qui emporte tous les sièges. Seuls, les Démocrates camerounais avaient présenté une liste contre elle, dans la circonscription du Centre-Sud. Moins à l’aise à travers la complexité politique du Cameroun occidental, Ahidjo joue, ici, avec plus de patience, attisant les zizanies jusqu’à ce que l’affaire soit mûre. Finalement, le 11 juin 1966, il réunit les leaders des trois partis anglophones, et ceux-ci acceptent d’entrer, avec l’UC, dans ce qu’on appellera, pour la forme, un nouveau parti : l’Union nationale camerounaise. L’UNC, grâce aux adhésions forcées, aura l’apparence d’une formidable machine. En réalité, à peine formée, elle a accompli la tâche qui lui était assignée, celle de phagocyter les oppositions. Elle ne sera qu’un instrument de l’État, c’est-à- dire de la présidence de la République, où se décide tout ce qui est politique.
v Le bilan économique
En République fédérale du Cameroun, comme au Sénégal ou en Côte-d’Ivoire par exemple, le gouvernement réserve une large place aux investissements privés. Cependant, l’économie fait l’objet d’une planification relativement stricte. Le premier plan quadriennal, qui couvrait la période 1961-1965, n’intéressait que le Cameroun-Oriental. Le deuxième plan, qui couvrait la période 1966-1971, avait surtout pour objectif d’améliorer la production agricole et n’a atteint que partiellement son but. Quant au troisième plan, dont l’échéance a été fixée à 1976, il se propose notamment de doubler le revenu réel par habitant. D’après l’hebdomadaire économique Marchés tropicaux et méditerranéens, qui a consacré en avril 1971 un numéro spécial au marché camerounais, le revenu annuel par tête d’habitant était, en 1970, de l’ordre de 50 000 francs C.F.A. Au cours de la période 1963-1964, choisie à titre de référence par les rédacteurs du IIe plan, la production intérieure brute du pays dépassait 139 milliards de francs C.F.A. et le produit intérieur brut s’établissait à environ 158 milliards. Par rapport aux chiffres de 1960, on constatait un accroissement de 37 % de la production intérieure brute et de 39 % du produit intérieur brut. On réalise aussi, en dépouillant les diverses statistiques officielles, que la part du Cameroun-Occidental (ex-britannique) dans le produit intérieur brut de la fédération reste modeste : 12,6 % alors que la population de cet Etat fédéré représente environ 20 % de celle de l’ensemble de la fédération. Une année avant qu’Ahidjo ne quitte le pouvoir, le taux de croissance économique était de 12 % . Son bilan économique est a été très satisfaisant d’autant plus que comparé à plusieurs pays de la sous région, le Cameroun était bien à l’aise.
v « Je démissionne… »
Après avoir établi un régime fort, après avoir dirigé son pays pendant près d’un quart de siècle, on entendait ceci dans les ondes de radio Cameroun ce Jeudi 4 Novembre 1982 : « Camerounaises, Camerounais, mes chers compatriotes, j’ai décidé de démissionner de mes fonctions de président de la République » . Coup de tonnerre au Cameroun ! Quelle est la cause de cette démission ?
-          Maladie réelle ou imaginaire ?
Samuel Eboua, secrétaire général de la présidence de la République raconte ce qui s’est passé au matin du 4 Novembre : « Pour moi, raconte t-il, il s’agit d’une audience de routine, comme c’est le cas tous les matins… Je trouve le président visiblement fatigué. C’est alors qu’il me révèle ce qu’il a dû méditer, ruminer pendant des mois, voire des années  ». « J’ai décidé de démissionner, lui dit alors le président Ahidjo. En effet, depuis un certain temps, je constate que je ne suis plus à même d’assumer pleinement mes fonctions à la tête de l’Etat. Mes nerfs sont à bout, et mes médecins m’ont prescrit un repos complet d’un an.  » Pour la majeure partie, c’est la maladie qui a poussé Ahidjo à démissionner .Mais, bien vite, cette thèse a rapidement été délaissée, au vu du regain de santé et d’activité qui a caractérisé Ahmadou Ahidjo, dès le mois de janvier 1983, soit, deux mois à peine, après sa démission spectaculaire. On se souvient qu’il avait entrepris une tournée nationale « d’explication », au cours de laquelle, il avait continué à inviter les Camerounais à apporter leur soutien sans réserve au nouveau président de la République, Paul Biya, confirmant ses propos du jeudi 4 novembre 1982, lorsqu’il annonçait sa démission. Ses détracteurs l’accuseront d’avoir prétexté une maladie imaginaire pour fuir le pouvoir.
( Ahmadou Ahidjo . Source : getty images )
-          Rupture avec Paul Biya
Avant de débuter ce volet, nous revenons sur le parcours de Paul Biya . En Décembre 1967 , Ahidjo le nomme directeur du cabinet civil de la présidence . En Aout 1968, il le nomme ministre secrétaire général à la présidence . En Juin 1975 il devient premier ministre et pour finir Ahidjo promulgue la loi n° 79 /02 du 29 Juin 1979 qui fait du premier ministre Paul Biya son successeur constitutionnel .
  En démissionnant du poste de président de la république, Ahidjo aurait accepté de garder la présidence du parti sur la proposition et pression de ses proches collaborateurs. L’étrange cohabitation avec Biya comme président de la république prend fin en avril 1983, après cinq mois de rumeurs malveillantes et d’intrigues de cour : Ahidjo renonce à diriger le parti.  Commence alors une inimitié profonde, qui sera ponctuée d’accusations de complot et atteindra son apogée avec une sanglante tentative de coup d’État menée, en 1984, par des partisans de l’ancien président. Ahidjo va commettre l’imprudence de tenir des mots pleins d’ambiguïtés à propos de cette tentative de coup d’Etat en 1984. Dans les ondes de la RMC, à si question «  si c’était vos partisans ? » Ahidjo répond : « Ils gagneront »  . Cette tentative de putsch se soldera par deux procès retentissants et deux condamnations à mort par contumace pour Ahidjo, reconnu coupable d’atteinte à la sûreté de l’État. Pierre Messmer ancien fonctionnaire français qui a parlé avec Ahidjo quand il s’était réfugié en France avant de venir au Sénégal dira : « Je pense qu’il a essayé de revenir au pouvoir et qu’il a échoué  »
v L’exil
En 1984, après être condamné dans son pays , Ahidjo va se retrouver au Sénégal où le président Abdou Diouf lui accorde l’asile . Au Cameroun, une purge s’organise autour des gens du Nord (fief d’Ahidjo) . Le nom d’Ahidjo s’affiche de moins en moins. Ahidjo, coincé à Dakar vit mal son exil. Sa femme dira «  il en souffrait ».
Le 30 Novembre 1989, à l’âge de 65 ans , Ahmadou Ahidjo décède d’une crise cardiaque à Dakar .
-          Débats sur la dépouille d’Ahidjo
Déjà, le 30 novembre 1989, Abdou Diouf, alors président du Sénégal, avait dû téléphoner au Gabonais Omar Bongo Ondimba pour pouvoir joindre son homologue camerounais et l’informer du décès d’Ahidjo. Biya avait alors réuni son entourage, auquel il avait exposé la situation, avant de quitter la pièce pour laisser libre cours au débat. Les « durs » du régime, dont l’influent ministre des Forces armées, feu Gilbert Andzé Tsoungui, ne voulurent pas entendre parler de rapatriement. Ils eurent le dernier mot. Au bout de trois jours sans nouvelles de Yaoundé, Diouf autorisa l’inhumation à Dakar.
(Pierre tombale d’Ahmadou Ahidjo , cimetières de Yoff à Dakar )
Après son inhumation , viennent les discussions pour le rapatriement de la dépouille . Entre Germaine Ahidjo qui tient à ce que la son époux honoré et Paul Biya qui semble être pris en tenaille par son entourage , la situation reste figée . Germaine Ahidjo dira : « « Ce que je veux, c’est un retour par la grande porte et non à la dérobée… Le prochain président du Cameroun rapatriera Ahidjo » . Samuel Eboua , secrétaire général de la présidence de la République sous Ahidjo s’était confié dans un livre (Une décennie avec le président Ahidjo, aux éditions L’Harmattan) : « Une habile propagande de l’entourage de Paul Biya distillait la rumeur selon laquelle le Premier ministre, le vrai, était le secrétaire général Eboua, écrivait-il alors. Rien n’est fait pour que le peuple se souvienne de celui qui a assumé son destin pendant plus de deux décennies. L’ingratitude, tel l’œil de Caïn, doit-elle poursuivre l’individu jusque dans le silence et les ténèbres du tombeau ? »
C’est avec cette question que nous refermons ce cinquième numéro de Grands d’Afrique spécial Ahmadou Ahidjo





Bibliographie
Decraene Philippe , Cameroun 1971 : Le libéralisme planifié au service du développement , Le Monde diplomatique , Septembre 1971 , pages 20-21
Eboua Samuel , Une décennie avec le président Ahidjo , Paris , L’Harmattan , 1995 , 176 pages

Webographie
Foka Alain , archives d’Afrique- Ahmadou Ahidjo , RFI ,
Jeune Afrique / articles sur Ahmadou Ahidjo , 2010











Commentaires

Enregistrer un commentaire